Yazid, Héritier des ennemis du Prophète (s)

by Reza

SHAFAQNA – Yazid Ier ibn Muawiya b. Abi Sufyân (en arabe : يزيد بن معاوية بن أبي سفيان) fut le deuxième calife Omeyyade (25 H – 64 H) qui régna après la mort de son père, Muawiya (60 H) pendant quatre ans et mourut à Damas.
Contrairement aux premiers califes, Yazid fut le premier calife nommé en tant que prince héritier de son père. Sa façon de forcer les gens, notamment certains de ses compagnons et proches pour faire allégeance avec lui, causa des confrontations violentes dans la communauté musulmane.
Ce fut à son époque que la tragédie de Karbala se déroula en l’an 61 H. C’est pourquoi, il est une des personnes les plus détestables parmi les chiites.

L’attaque à Médine en l’an 63 H, qui est connue sous le nom de l’événement de Harra, l’attaque à La Mecque pour la répression de ‘Abd Allah b. Zubayr et cibler la Kaaba par catapulte, sont des événements qui ont eu lieu pendant le califat de Yazid b. Muawiya.

Généalogie

D’après les historiens, Yazid b. Muawiya fut des Omeyyades et de Quraych. Sa généalogie est : Yazid b. Muawiya b. Sakhr b. Harb b. Umayyat b. ‘Abd Shams b. ‘Abd Manaf.[1]

Sa mère s’appelait Maysûn bt. Bahdal (M 80 H) et fut du clan Hârithat b. Jinâb Kalbî et fut une Bédouine.[2] Après son mariage avec Muawiya, elle se rendit à Damas, mais n’arriva pas à vivre loin de sa patrie, donc Muawiya la divorça et elle retourna chez elle. D’après certaines sources, à ce moment-là, Yazid n’était encore q’un nouveau-né.[3]

Famille

Le grand-père de Yazid, Abu Sufyan et sa grand-mère, Hind bt. ‘Utba furent (avant la conquête de La Mecque) des ennemis obstinés du Prophète (s).

Hind est connue par son acte rancunier et violent au cours de la bataille d’Uhud : elle avait fait sortir le foie de Hamza b. Abd al-Muttalib, l’oncle du Prophète (s) et l’avais mordu.

Après la conquête de La Mecque, le Prophète (s) donna le titre de « Tulaqâ’ (libérés) » à ses ennemis, dont Abu Sufyan et sa femme, Hind et les pardonna.[4]

A partir de ce moment-là, le titre « Tulaqâ’ » devint comme un titre humiliant pour les Omeyyades.

Dans une lettre adressée à Muawiya, l’Imam Ali (a) déclara que Muawiya et son père ne crurent jamais au Prophète (s) et se convertirent à l’islam par force.[5]

Dans une autre lettre, l’Imam Ali (a) considéra Muawiya parmi les at-Tulaqâ’ qui ne méritent pas le califat.[6]

Biographie

Yazid passa son enfance dans la tribu Maysûn, à côté de sa mère. Les gens de cette tribu étaient issu des tribus Huwwârîn, qui étaient chrétiens et idolâtres à l’époque antéislamique et furent des récitateurs des poèmes arabes.
D’après certains chercheurs, son éducation fut sous l’influence des chrétiens et des nouveaux-convertis à l’islam. Son soutien aux chrétiens, ses consultations auprès des chrétiens et la paix entre Rome et Châm prouvent cette idée.

Mort

Yazid gouverna trois ans et huit mois et mourut au 14 Rabî’ al-Awwal, 64 H[7], à l’âge de 38. Concernant la raison de sa mort, il est dit que Yazid monta à son cheval lorsqu’il fut ivre et poursuivit son singe. Soudainement, il tomba par terre et son cou fut cassé.[8]

Il fut enterré à Damas. D’après un rapport, lorsque les Abbassides atteignirent le pouvoir, ils ouvrirent la tombe de Yazid, mais ils n’y trouvèrent que de la cendre.[9]

Caractéristiques

D’après la plupart des sources, Yazid b Muawiya fut un pervers. D’après al-Balâdhurî, Yazid fut le premier calife musulman qui aurait commit des péchés, comme boire du vin, en public. [10]

D’après Mas’ûdî, pendant le califat de Yazid, les émirs dans son gouvernement à La Mecque et à Médine buvaient du vin en publique.[11]

Yazid fut connu par la perversité et ne respectait pas les prescriptions et les proscriptions de l’islam. Les compagnons très connus du Prophète (s) et l’Imam al-Husayn (a)déclaraient qu’il était pervers et pécheur. Ce fut pour cette raison qu’après le martyre de l’Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a), lorsque Muawiya essayait d’exiger l’allégeance pour son fils, Yazid, il eut beaucoup de problèmes de la part de la communauté musulmane et avec les compagnons du Prophète (s). Donc, certains comme l’Imam al-Husayn (a), ‘Abd Allah b. Zubayr et ‘Abd Allah b. Umar ne le considérèrent pas comme digne du califat et ne lui prêtèrent pas le serment d’allégeance.

‘Abd Allah b. Umar avait dit par rapport à son allégeance avec Yazid :

« Prêtons-t-nous l’allégeance à quelqu’un qui joue avec les singes et les chiens, qui boit du vin et qui fait la perversité en publique ? Que répondrons-nous alors à Allah dans l’au-delà ? ».[12]

D’après les sources historiques, en l’an 52 H, Yazid, accompagné de son épouse, Umm Kulthûm et l’armée musulmane alla vers Rome. En route, il campa et se mit à boire du vin avec sa femme. Les soldats qui furent en avance et qui passèrent la route avant Yazid, subirent des maladies et furent tués.
Lorsque Yazid fut informé, il récita un poème, disant qu’il s’en fout de la mort des musulmans. On informa Muawiya de cette nouvelle, il se fâcha et ordonna à Yazid de joindre son armée.[13]

Gouvernement et politique

La durée du gouvernement de Yazid fut très courte, mais ce fut une période nerveuse dans la société et pendant trois ans qu’il gouverna sur Châm, il s’occupait avec la répression des révoltes internes. Au cours de son gouvernement, il réprimait violemment toute révolte et tout rebelle.

Mas’ûdî décrivit le temps de son califat comme suit :

« La mode du gouvernement de Yazid fut pareille que celui de Pharaon. Pourtant, Pharaon fut plus juste et plus équitable avec son peuple que Yazid ».[14]

Ya’qûbî dit à ce propos :

« Pendant la première année de son califat, il tua al-Husayn (a) et les Ahl al-Bayt (a) du Prophète (s). Pendant la deuxième année, il manqua le respect envers la ville du Prophète (s), Médine, et considéra pendant trois jours, tout profit des femmes de cette ville comme licite pour ses soldats. Pendant la troisième année, il attaqua la Kaaba et la brûla ».[15]

Les crimes de Yazid b. Muawiya causèrent la destruction de la dynastie Omeyyades et provoquèrent beaucoup de gens à se révolter contre eux.

Tragédie de Karbala

L’événement le plus triste et le plus violent pendant le califat de Yazid b. Muawiya fut la tragédie de Karbala qui n’est comparable à aucun autre événement de l’histoire de l’islam.
Le mois de Dhu al-Hijja 60 H, l’Imam al-Husayn (a) – qui n’acceptait pas de faire allégeance avec Yazid – et certains membres de la famille du Prophète (s) se dirigèrent vers Koufapour répondre à l’invitation des gens de cette ville. Mais sous la force des soldats de Yazid, les gens de cette ville abandonnèrent l’Imam al-Husayn (a) et ne tinrent pas leurs promesses. Donc, l’Imam al-Husayn (a) et ses soldats furent tués par l’armée de Yazid b. Muawiya et sous l’ordre de ‘Ubayd Allah b. Zîyâd à Karbala.
Ils apportèrent la tête de l’Imam et celles de ses partisans sur les lances et les montrèrent aux gens de Koufa et de Châm. Suite à cette tragédie, la famille de l’Imam al-Husayn (a) fut captive. Plusieurs sources chiites et sunnites rapportèrent ce qui se passa à Karbala.

Evénement de Harra

Lorsque Yazid atteint le pouvoir, il ne faisait pas attention aux gens de Médine et de La Mecque. Ceci causa le désagrément de la part des gens de ces deux villes envers Yazid. Enfin, Uthman b. Muhammad b. Abî Sufyan, l’émir de Médine envoya un groupe des chefs et des nobles de Médine auprès de Yazid à Châm.
Les nobles les plus connus de Médine, comme ‘Abd Allah b. Hanzala et ses fils, ‘Abd ALlah b. Umar et Mundhir b. Zubayr furent dans le groupe. Dès qu’ils arrivèrent à Damas, ils reçurent beaucoup de cadeaux de la part de Yazid. Mais lorsqu’ils allèrent auprès de Yazid, comme d’habitude, ce dernier se mit à boire du vin.
Son comportement ne plut pas au groupe médinois et lorsqu’ils retournèrent à Médine, ils déclarèrent en public les défauts de Yazid et l’insultèrent. En entendant cette nouvelle, Yazid envoya une lettre aux Médinois, les blâmant.[16] Mais cette lettre accéléra la révolte des Médinois.

Yazid envoya une armée de 12 000 soldats sous le commandement de Muslim b. ‘Aqaba. D’après l’ordre de Yazid, ils donnèrent un délai de trois jours aux Médinois pour prêter de nouveau l’allégeance à Yazid.[17] Les gens de Médine n’acceptèrent pas et la guerre aboutit à la défaite des rebelles médinois. L’armée Omeyyades tua des milliers de personnes, trouva tout profit des femmes médinoises licites, et s’empara illégalement leurs biens pendant trois jours.[18] Cet événement se déroula en l’an 63 H.[19]

Révolte à La Mecque

En même temps, ‘Abd Allah b. Zubayr se révolta à La Mecque et prit l’autorité sur cette ville. Après l’événement de Harra, l’armée de Châm, sous le commandement de Husayn b. Numayr se rendit à La Mecque pour combattre ‘Abd Allah b. Zubayr. Dans peu de temps, l’armée de Châm assiégea La Mecque.
Durant l’assiégement de La Mecque, l’armée de Châm lançait par catapulte vers la Kaaba, détruisit les murs de celle-ci et la brûlèrent. Ils continuaient de la même façon jusqu’à ce qu’ils aient entendu la nouvelle de la mort de Yazid.[20]

Conquêtes militaires

Pendant le califat de Yazid, les musulmans n’eurent pas beaucoup de conquêtes militaires à cause des révoltes internes. De plus, Yazid fit un traité de paix avec les chrétiens européens, et même leur donna certains territoires conquis à l’époque de son père, Muawiya.[21]

Il ordonna à Yazid b. Janâdat b. Abî Umayya de détruire la forteresse des musulmans à Arwâd[22] et de retourner à Châm.[23]

Toutefois ils combattirent dans certains moments contre les Romains, comme la bataille nommée : Sourîyâ en l’an 61 H. Dans la même année, les Omeyyades conquirent Bukhara et en l’an 62 H, Yazid signa le traité de paix avec les gouverneurs de Samarkand en échange de 400 000 dinars. Aussi, Yazid eut des conquêtes en Afrique.[24]


Références

  1. Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 5, p 269
  2. Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 5, p 270 ; Ziriklî, Al-A’lâm, v 7 p 339
  3. Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 5, p 270 – 271 ; Ziriklî, Al-A’lâm, v 7 p 339
  4. Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 61 ; Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 2, p 412
  5. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, p 178
  6. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, p 178
  7. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 5, p 354
  8. Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, p 287
  9. An-Nuwayrî, Nahâyat al-Arab fî Funûn al-Adab, vol 22, p 33 ; Al-Maqdisî, Al-Bad’ wa at-Târîkh, vol 6, p 71
  10. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 5, p 297
  11. Mas’ûdî, Murûj adh-Dhahab, vol 3, p 68
  12. Ya’qûbî, Târîkh Ya’qûbî, vol 2, p 160
  13. Ya’qûbî, Târîkh Ya’qûbî, vol 2, p 160 ; Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 5 p 86
  14. Mas’ûdî, Murûj adh-Dhahab, p 68
  15. Ya’qûbî, Târîkh Ya’qûbî, p 253
  16. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, vol 1, p 229
  17. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 5, p 323 ; Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 5, p 494
  18. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, vol 2, p 243
  19. Ibn Qutayba, Al-Imâma wa as-Sîyâsa, vol 1, p 229
  20. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, p 267 – 268
  21. Al-Balâdhurî, Futûh al-Buldân, p 154
  22. Al-Balâdhurî, Futûh al-Buldân, p 223
  23. Ibn Athîr, Al-Kâmil, vol 3, p 497
  24. Al-Balâdhurî, Futûh al-Buldân, p 226

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