Sunnites, Chiites et Khāridjites : Comment sont apparus les noms de groupes politiques en Islam

by Seyyed
Sunnites Chiites khāridjites kharijites Sunnisme Chiisme histoire chiite histoire de l'Islam Histoire islamique les relations chiites-sunnites Imâmiya Imâmites Ismâiliya Ismaélites Ithna-’achariya Chiites Duodécimains Harouriya bataille de Nahrawan bataille de Siffîn Moutazilites Acharites Mâtoridites Sectes musulmanes Cultes islamiques

SHAFAQNA – via Raseef22 | par Mohammed Yousrî | traduit de l’arabe au français par SHAFAQNA : A travers plus de1400 ans de civilisation arabo-musulmane continue, sont apparues plusieurs mouvances idéologiques, politiques, intellectuels et jurisprudentielles.

Ces mouvances n’ont pas émergés du néant, comme plusieurs peuvent le penser, mais elles ont eu des facteurs déclenchants ; des circonstances et justificatifs historiques bien particulières qui ont contribué à leurs créations et leurs formations. Certains de ces groupes ont réussis à ce maintenir et continue à subsister malgré le passage du temps, alors que d’autres n’ont pu résister au temps et leurs idéologies se sont évaporées comme si elles n’avaient jamais existé.

Cet article tente de montrer comment les termes doctrinaux les plus importants sont apparus, et comment certains de ces termes se sont parfois imbriqués et comment ils se sont séparés dans le temps.

 

Chï’a (Chiites) : Imâmiya (Imâmites), Ismâiliya (Ismaélites) et El Ithna-’achariya (Duodécimain)

La signification du terme «Chiite» est passée par plusieurs changements et modifications tout au long de l’histoire musulmane. Alors qu’au tout début de son utilisation, cela ne dépassé pas sa connotation linguistique et qui ne désigné que « les fidèles et adeptes » pas plus. Et on utilisa le mot « Chï’a » (chiites) pour désigner quelques formations qui sont apparus pendant la période qui a connu des divergences politiques entre les musulmans.

En exemple, El Dinourî dans son livre “El Akhbar et-tiwal”, rapporte que le groupe qui a demander « el Quissas» loi du talion pour la mort du troisième khalife Othman Ibn ‘Afan, étaient appelés « Chi’ate banni Marouane », Et-Tabarî rapporte aussi dans son livre d’histoire « Tarikh Et-Tabarî » que les sympathisants ou partisans des Abbassides pendant leurs soulèvements, étaient connus sous le nom de « Chi’ate banni el Abbas ».

Et avec le temps, le terme « Chi’a » Chiites s’est limitée aux sympathisants d’Ali Ibn Abi Taleb et Ahl El Beit, et à partir de cela, cette terminologie ou ce mot utilisé seul, ne désigne plus qu’un parti ou groupe politique qui exhorte ses membres à la restitution de la gouvernance « Khilafat » aux Alaouites.

https://raseef22.com/wp-content/uploads/2017/08/INSIDE_NamesIslam_Talsem.jpg

Photo : Le Talisman Chiite

Mais très vite, le mot « Chî’a » a été associé à de nouveaux descriptifs, après l’émergence de divergences au sein des Chiites eux-mêmes. Très peut de temps après le martyre de Hussein Ibn Ali (a.s) à Karbala, en l’an 61H / 680 apr. J.C, Mokhtar Ibn Abi Oubayda El Thaqafi demanda la vengeance «El Quissas » contre ceux qui ont tué l’Imam Hussein (a.s), et son mouvement fut connu par le surnom « El Kayssaniya ».

Quoique ce surnom fut donnée lors de circonstances mal connues et obscures, beaucoup de spécialistes, et parmi eux le Docteur « Mahmoud Ismaïl » dans son livre (El mouhim ‘ân firak el chî’a), suppose avec vraisemblance que « Kayssane » à qui est attribué se mouvement, est « Kayssane ben Abi ‘Amra » chef de police d’El Mokhtar.

En l’an 125 H/ 742 apr. J.C, plusieurs nouvelles expressions descriptive liées au chiisme sont apparus, et c’est justement, en cette même année qu’a eu lieu le soulèvement de « Zayd Ibn Ali Ibn El Hussein (a.s) » sur le khalife Omeyade « Hicham Ibn Abd El Malik ».

En ce qui concerne les chiites qui ont soutenus « Zayd » dans sa révolution furent surnommé « Les Zaydites », quant à ceux qui ont refusé d’adhérer à cette révolution, et qui ont été en désaccord avec « Zayd » sur certains aspects doctrinales qui concernés la position envers les grands compagnons, furent surnommés par Zayd «El Rafidha », parce qu’ils ont refusés son approche et le principe pour lequel il faisait la propagande.

En cette même période, ces derniers ont aussi été connus sous le surnom « El Imâmiya » les Imamites parce qu’ils ont affirmé que l’Imam est désigné par « Allah » et que l’homme n’a pas à s’ingérer dans le choix et la désignation de l’Imam.

En 148 H/ 765 apr. J.C, sont apparus deux nouvelles expressions ayant un lien avec le chiisme. Apres la mort de l’Imam « Ja’far Es-Sâdeq », les chiites « Imamites » se sont scinder en deux groupes. Le premier groupe a suivie « Ismail Ibn Ja’far », et fut connu sous le nom d’ « El Ismaïlia » les Ismaïlites relatif à celui qu’ils ont suivi. Quant au deuxième groupe, ils ont suivis « Moussa El Kadhim Ibn Ja’far » et fut connu sous « El Moussawiya ou El Kadhimiya », et c’est cette dernier qui plus tard sera surnommée « El Ithna-’achariya ».

 

El Khawaridj, El Harouriya, Ahl Nahrawan et Ahl el Haq wa al Istiqama

Le nom “El Khawaridj” Les Kharijites, est considéré comme l’une des expressions les plus connues utilisées pour désigner certains partis politiques en Islam. Il est peut être étrange que cette même terminologie, malgré sa popularité, fut le seul terme que les autres groupes s’en sont détachées, et aucun de ces groupes ne se l’ai attribué, et cela, pour ce que ce terme véhicule comme connotations préjudiciable.

La premier utilisation du mot “Khawaridj” fut dans quelques récits du prophète (p.s.l) figurant dans  Sunan Thermidi, Abi Daoud et Ibn Mâja, ou fut mentionné dans ces hadiths la mise en garde par le prophète (p.s.l) à ses compagnons de l’émergence de gens, qui d’apparence sont très religieux alors qu’en réalité contreviennent avec les préceptes de l’islam et sorte ainsi des bases même de la religion.

Apres la mort du prophète (p.s.l), le terme “Khawaridj” fut un nom propre donné à tous ceux qui étaient en désaccord avec les autorités et les lois en vigueurs. On avait désigné, quelques fois, par ce terme les renégats « El Mourtadine » à l’époque de « Abou Bakr », Ce terme fut aussi donné à ceux qui se sont soulevé contre « Othmane Ibn ‘Afan » et l’avaient tué. Mais l’utilisation formelle et approuvée de ce terme, n’est arrivée que tard à l’époque du quatrième khalife « Ali Ibn Abi Taleb ».

https://raseef22.com/wp-content/uploads/2017/08/INSIDE_NamesIslam_Siffin.jpg

Photo : La Bataille de “Saffine”

 

Au début de l’an 37 H /657 apr. J.C, et pendant les affrontements de « Saffine » entre l’armée de l’Iraq (armée du Khalife Ali) et l’armée du Châm (armée de Muawiya), ou une partie de l’armée de « Ali » avait refusé l’arbitrage et ont insister pour continuer le combat, et puisque le quatrième khalife « Ali » a refusé , ils se sont retirés du champ de bataille et ont manifesté leurs points de vue sur le fait que les deux protagonistes étaient en tort. Ils ont aussi proclamé le slogan « Il n’y a point de jugement que celui d’Allah », puis ils se sont installés dans un campement tout près d’Al Koufa connu sous le nom « Harourae ».

https://raseef22.com/wp-content/uploads/2017/08/INSIDE_NamesIslam_Nahrawan.jpg

Photo : La bataille de “Nahrawan”

 

Apres quoi, des affrontements ont eu lieu entre Ali Ibn Abi Taleb (a.s) et cette faction où ces derniers furent vaincus à « Nahrawan » en l’an 38 H/ 658 apr. J.C et ceux qui restèrent de ce groupe se dispersèrent dans plusieurs régions proches.

Il est important ici de souligner que le surnom donné à ce groupe de renégat au quatrième khalife était « El Harouriya », en rapport avec l’endroit ou ils s’étaient retirés et installés « El Harourae » et furent appelés par la suite « Ahl Nahrawan » par rapport à la bataille qui les a opposé à l’armée d’Irak.

Il est également à remarquer qu’ils n’aient jamais admis du tout qu’ils étaient les Kharijites les renégats que le prophète a mentionné dans ses récits « Hadith », alors que les chiites et les sunnites ont insistés sur le fait que ceux sont biens eux les renégats.

Et parmi les noms qu’ « Ahl Nahrawan » et ceux qui ont adhéré à leur cause se sont attribués on trouve « Ahl El Haq wa al Istiqama » qui signifie “gens de la vérité et de la droiture”, D’autres termes furent attribués à un certain nombre de groupes qui ont émergé du fond de leurs croyances et de leurs idées principales. Et parmi ces termes « El Ibadhya » qui fut donné aux partisans de l’Imam « Abdellah Ben Ibadh », ainsi que le terme « El Azariqua » surnom donné aux partisans de « Nâfi’ ibn El Azraq » et le terme « El Najdiya » pour les partisans de « Najdah Ibn ‘Amir ».

Et il convient de signaler que même à notre époque, on utilise le terme « Khawaridj » sur les groupes radicaux. Les institutions religieuses officielles, de plusieurs pays musulmans, se sont habituées à décrire et nommer des mouvements comme « El Qaîda », «l’Etat Islamique » et « El Jihad », comme étant des « Khawaridj ».

 

Les Sunnites, Mou’tazila, Ach’arites, Mâtoridites

Il est connu que la majeur partie des musulmans, à travers leurs histoire, étaient connu par le nom « El Sunna » Sunnites ; mais il est sur que ce mot a certainement eu plusieurs sens et sémantiques au travers des époques.

Si en revient au sens linguistique du mot « Sunna » on trouvera qu’il désigne le fait de suivre et d’adopter, d’une certaine manière, les coutumes, les croyances et les comportements.

Et dans le même temps, le terme « Sunna » peut aussi signifier les récits du prophète (p.s.l), et tous ce qu’ils comportent à propos des dits, faits et comportements du saint prophète (p.s.l).

Le Terme “Sunna” n’est apparu clairement dans les exposés doctrinaux en Islam qu’au début du règne du premier khalife Omeyade « Muawiya Ibn Abi Sofiane ». D’après certaines sources, tel que « Tajârib El Oumam » de Mouskawih et « El Akhbar Et-tiwal » d’Abi Hanifa El Dinourî, où Muawiya a qualifié la majorité des musulmans qui se sont alliés à sa gouvernance et qui sont soumis à lui après son traité avec « Hassen Ibn Ali (a.s)» en l’an 41 H/ 661 apr. J.C, qu’ils étaient d’ « Ahl el Sunna wa el Jamâ’a» (Sunnites).

Et les intentions, en ces temps-là, de l’utilisation de ce terme était de designer tout musulmans s’étant conformé et accepté le règne des Omeyades, et par là même, arrêter toute rébellion ou leurs faire face.

https://raseef22.com/wp-content/uploads/2017/08/INSIDE_NamesIslam_Azhar.jpg

Photo : Porte des Mouzayinines, Mosquée d’El Azhar   

 

Dès le début de l’apparition de ce mot, une autre terminologie, très répandu, lui a été associé, qui est « El Mou’tazila » qui à son apparition désigné ceux qui s’étaient retirés des champs de batailles et étaient restés politiquement neutre, jusqu’à ce que les affrontements finissent et l’un des protagonistes contrôle la situation de façon finale.

Et malgré l’interférence et le chevauchement entre ces termes (Sunna et Mou’tazila) au début de leur utilisation, ils furent dissociés au milieu du 2éme siècle de l’hégire, après l’apparition de pensées et aspects propres à chacune d’elle.

Alors que les érudits de “Mou’tazila”, comme Waçel ben ‘Atâe et Amr ben ‘Oubeid et après eux Ahmed ben Abi Daoud et d’autres, avaient recours à la raison pour la compréhension de la religion et l’interprétation des attributs d’Allah et ses appellations de façon rationnelle et abstraite, les imams Sunnites, et à leur tête « Ahmed Ibn Hanbal », ont insisté sur le fait de prendre à la lettre les textes, dans tout ce qui concerne l’interprétation du coran et du Hadith.

Et de là, le Terme « Ahl Sunna wa el Jamâ’a » (Sunnite) désigna ceux qui ont recours à la méthodologie salafiste pour s’adonner aux préceptes de la religion et la charia. Et à la fin du 3éme siècle de l’Hégire et le début du 4éme siècle, sont apparus deux nouvelles terminologie lié à la « Sunna », « El Ach’ariya » et « El Mâtoridiya ».

Le premier terme est attribué à l’imam « Abi El Hassen El Ach’ari » mort en 330 H/ 941 apr. J.C, alors que le deuxième terme est attribué à l’imam « Abi El Mansour El Mâtorîdi » mort en 333 H/944 apr. J.C.

Ces deux groupes, les Ach’arites et les Mâtoridiya, représentaient une ligne médiane entre « Les Mou’tazila » et « Ahl-el Hadith », tandis qu’ils essayaient de rapprocher ces deux derniers, en adoptant une méthode qui utilise aussi bien la raison que les récits religieux.

Au fil du temps, il était destiné à ces deux sectes de se propager dans tous les pays islamiques depuis leur apparition jusqu’à ce qu’ils deviennent les doctrines accréditées dans la plupart des universités et institutions religieuses officielles. Au même temps, la présence de la doctrine salafiste et des gens du hadith continuait dans certaines régions, et les deux parties se disputaient le titre d’Ahl al-Sunna wa el Jamâ’a.

You may also like

Leave a Comment

This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.