Royaume-Uni : un musulman salué en héros pour s’être interposé devant trois individus traquant des “chrétiens et des blancs”

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SHAFAQNA – Inimaginable même dans ses plus sombres prédictions, la scène effroyable à laquelle a assisté, le 20 mars 2016, Edris Nosrati, 35 ans, le dynamique propriétaire d’un fast-food à Liverpool, alors qu’il rentrait tranquillement chez lui à l’issue d’une soirée passée entre amis, l’a plongé dans les ténèbres de la nuit… d’une folle équipée anti-chrétiens et anti-blancs.

Ce chef d’entreprise dans l’âme, d’origine indienne et de confession musulmane, n’en a d’abord pas cru ses yeux en apercevant, sur le trottoir d’en face, trois individus s’en prendre violemment à un couple de passants, avec une rage décuplée contre  l’homme blanc ayant avoué son obédience chrétienne sous la contrainte. Mais, très vite, il a dû se rendre à l’évidence : cette expédition nocturne, aussi ahurissante que terrifiante, se déroulait bien devant lui, frappant en plein cœur sa ville natale, au nord-ouest d’un royaume britannique endeuillé par le terrorisme aveugle.

Sa sidération ne fut que de courte durée et bien que redoutant d’avoir affaire à des militants jusqu’au-boutistes de Daech, Edris Nosrati a réussi à vaincre sa peur pour voler à la rescousse de la malheureuse victime, rouée de coups et copieusement insultée.

« Je n’avais qu’une idée en tête : défendre cet homme. C’était plus fort que moi. ls demandaient systématiquement à tous les passants s’ils étaient musulmans ou chrétiens, et dès qu’ils se trouvaient face à un chrétien, les coups pleuvaient. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Alors, je me suis interposé et je leur ai lancé : Pourquoi faites-vous cela ? », a relaté celui qui est aujourd’hui unanimement encensé pour son acte de bravoure, de l’autre côté de la Manche.

Et de poursuivre : « Ils m’ont aussitôt demandé si j’étais musulman. Je leur ai dit que cela n’avait pas d’importance. Mais le leader du gang, furieux, m’a sommé de leur répondre ».

Sauvé par son islamité, Edris Nosrati, encore sous le choc de ces représailles d’un autre âge, a été épargné par les trois assaillants, particulièrement jeunes et dangereux, qui lui ont confié avoir quitté l’Iran il y a huit ans de cela pour s’installer au Royaume-Uni, avant de lui ordonner de passer son chemin, car « ce qu’ils faisaient ce soir-là, ne le regardait pas ».

Abandonné par ce trio déchaîné qui avait mieux à faire en persécutant six autres passants blancs et présumés chrétiens, Edris Nosrati, resté seul, a composé nerveusement le numéro de la police à 3h30 du matin, afin de lancer un vibrant SOS de détresse.

Déboulant toutes sirènes hurlantes, les forces de l’ordre ont réussi à interpeller Amin Mohmed, 24 ans, et Mohammed Patel, 20 ans, mais pas Faruq Patel, 19 ans, le benjamin de cette horde sauvage qui maniait son smartphone avec une rare désinvolture, sous les yeux médusés du citoyen musulman qui, quelques instants plus tôt, avait tenté vainement de leur barrer la route.

« Je suis persuadé qu’il était en train d’effacer des vidéos compromettantes, mais il faisait cela d’une manière tellement détendue qu’on avait l’impression qu’il jouait avec son téléphone », a précisé Edris Nosrati, lequel, emporté par un élan puissant, s’est subitement lancé à la poursuite du plus jeune des agresseurs, au péril de sa vie.

« J’ai décidé de faire quelque chose par moi-même. Il m’a frappé au visage, mais finalement j’ai eu le dessus et j’ai pu remettre son téléphone à la police », a-t-il raconté avec une humilité qui l’honore dans les colonnes de The Independent, se disant « heureux » d’avoir pris d’énormes risques pour prêter assistance à des victimes innocentes.

Plus d’un an après les faits, à l’heure d’entendre la justice se prononcer dans l’enceinte du tribunal de Liverpool, la juge Louise Brandon a mis en lumière deux choses essentielles : d’une part, que les personnes ciblées par la fureur meurtrière des trois agresseurs l’avaient été parce qu’elles étaient blanches et chrétiennes, et d’autre part, que le rôle joué par le vaillant Edris Nosrati dans leur arrestation fut déterminant. Parmi les victimes traumatisées figure notamment Paul Lynch, un élu local, dont l’épouse, pétrifiée, avait essayé courageusement de le protéger.

« Ce sont des idiots absolus mais qui ont fait régner la terreur pendant toute une nuit ! », s’est emporté Edris Nosrati, ce héros musulman, malgré lui, qui croule actuellement sous les compliments dans et dehors de la cybersphère.

« Peu importe si vous êtes musulman, juif, chrétien ou autre chose, les gens horribles sont des gens horribles ! », a-t-il ajouté sur un ton indigné, en refusant de céder à la psychose de la vengeance qui pourrait s’exercer contre lui, comme certains internautes, inquiets, le craignent à présent.

« Je me suis senti responsable, en tant qu’être humain, envers les victimes, envers mes semblables. Je ne pouvais pas rester sans agir. Les trois agresseurs sont issus de ma communauté et si, à nouveau, je vois des musulmans sombrer dans cette violence, je ferai tout pour les en empêcher et sauver leur âme », renchérit de plus belle Edris Nosrati, convaincu d’avoir fait le bon choix face au drame qui s’est noué sous ses yeux, au cours d’une nuit d’horreur à Liverpool dont il n’est pas, lui non plus, ressorti indemne.

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