L’homme aspire à la perfection

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SHAFAQNA – Tout homme dans quelque condition sociale et individuelle qu’il se trouve recherche la perfection pour soi, du fait même de sa nature, et à cause de son statut d’être doué d’intelligence. Il est prêt à endurer les peines et les souffrances pour s’assurer un meilleur avenir, transformer son état présent en un état plus parfait.

Cet amour inné de la perfection n’est pas l’apanage de l’homme. Il le partage avec les animaux qui eux aussi essaient d’écarter les obstacles qui se dressent sur le chemin de la perfection, et tentent d’éviter tout ce qui est susceptible de les faire reculer. Même les végétaux, et toutes les formes de vie naturelle depuis le minuscule atome jusqu’aux constellations et galaxies, font partie de cette caravane immense qui chemine vers la perfection.

Voici ce que dit un savant à ce sujet:

« Il existe dans le blé un mouvement intrinsèque vers un don plus grand, et dans la rose un désir d’être plus belle et plus parfumée. Il en va de même des hommes, en fonction de la “graine” dont ils sont issus. Lorsque survient un défaut dans le grain de blé, dans la beauté ou le parfum de la rose, ou encore dans le caractère d’un homme, il ne faut pas les imputer à l’aspiration à la perfection, mais plutôt à un accident provoqué par une cause qui s’oppose à cette perfection.

C’est ici que l’on peut mesurer combien la notion de but nous aide à corriger notre pensée. C’est grâce à elle que nous comprenons que cet univers au sein duquel nous nous voyons comme de simples parties minuscules est un univers moral ayant une finalité, et que par conséquent, nous ne sommes pas condamnés à vivre toujours dans l’instabilité et les ténèbres.

Derrière tous ces mouvements se trouve un moteur, et derrière toute chose se trouve une conscience, une pensée immense. Il nous suffit de considérer que la vie est une grande et belle chose. C’est alors que, pour le moins, nous pourrons nous préparer à nous mettre en harmonie avec cette âme universelle, et à comprendre qu’agir à son encontre nous porterait forcément préjudice. »

La perfection matérielle de l’homme échappe à son libre arbitre, alors que la perfection de soi dépend de sa volonté. C’est la perfection psychologique qui détermine la perfection matérielle. Il est évident que la perfection de l’âme est une chose immatérielle, et que l’homme ne peut y parvenir par la seule mise en œuvre de moyens matériels.

Pour qu’un arbre parvienne à la perfection, il devra surmonter tous les obstacles de la qualité du sol et du climat qui peuvent être de nature à l’en empêcher, et tirer profit de tout pour assurer sa croissance, comme l’eau, le soleil et l’air.

De même, l’homme se prépare à la perfection en s’équipant de tous les facteurs et conditions susceptibles de favoriser sa marche vers la perfection. Les différents aspects de l’existence doivent être organisés de façon que ses besoins matériels et spirituels soient satisfaits, et que sa vie soit en harmonie avec celle de ses congénères et contribuent à assurer à la société plus de cohésion, de maturité, et de responsabilité morale.

La vie de l’homme est un système constamment agité par toutes sortes d’instincts. Lorsque ces instincts sont contenus dans des limites raisonnables, ils sont nécessaires et doivent être protégés, car chacun joue un rôle dans l’économie de la vie. Mais si les instincts étaient libérés, sans retenue aucune, ils constitueraient un frein à la marche vers la perfection, car ils freineraient d’autres forces qui en l’homme, et à l’instar des instincts, aspirent à se libérer, et qui sont la raison et l’intelligence et la foi. Ces potentialités doivent aussi être actualisées pour permettre à l’homme de se réaliser pleinement.

La purification de l’âme, condition de la perfection

Pour atteindre tout but qu’il se propose, l’homme a besoin de se fixer une ligne de conduite à laquelle il doit se conformer. Si le but est la perfection, purifier son âme est la première condition, car l’homme est un être animé par plusieurs instincts, mais il est aussi doté d’une intelligence capable d’ordonner et de maitriser l’expression de ces instincts.

La perfection ne dépend pas seulement de conditions matérielles, dont l’impact est superficiel. Même l’apprentissage et l’enseignement scientifique n’assurent pas une perfection sous tous les rapports. La véritable perfection passe par la maitrise des passions dont il faut se délivrer de la tyrannie.

Le désir de perfection est inné en l’homme. C’est la raison pour laquelle ce dernier la recherche dès son enfance, même s’il n’en a pas conscience. On peut dire que ce désir est si fort qu’il tend à se manifester avec autant de force que les autres instincts et passions.

Les muscles acquièrent de la force par l’exercice. Il en va de même pour les qualités psychologiques, à la différence que si la force musculaire peut atteindre ses limites, la force de l’âme est illimitée: des exemples abondent dans l’histoire où les hommes se sont surpassés par esprit de sacrifice et de dévouement. Pour remplir ses fonctions naturelles, le corps doit supporter certains efforts et difficultés. Et même, l’âme devra supporter des peines pour réaliser son but.

Toutes les idées et théories relatives à la pédagogie tournent autour de la notion de l’âme humaine, car c’est elle qui est susceptible d’être éduquée. L’homme est capable d’élévation et il peut acquérir les qualités et vertus humaines les plus sublimes.

C’est l’esprit qui confère à l’homme une série de règles morales qui lui sont propres. Le Dr Carrel écrit:

« Nous devons nous habituer à distinguer le bien du mal comme nous savons distinguer l’obscurité de la clarté, le bruit du silence, puis nous engager à faire le bien et à renoncer au mal. Mais l’abandon du mal requiert une discipline du corps et de l’âme. Et la perfection n’est possible pour le corps et l’âme que par l’exercice de purification, et aucun excès dans la satisfaction des besoins de l’âme ne doit être permis pour celui qui entreprend de se purifier.

Cet état psychophysiologique constitue la clé de voute de la personnalité humaine; il est comme une base ou un aéroport duquel l’âme prend son essor. La voie de la perfection est toujours orientée vers le haut. C’est la raison pour laquelle beaucoup de ceux qui l’empruntent finissent par en chuter.

Parfois, ils tombent dans les fossés, dans les abymes, parfois ils se retrouvent sur les rives des fleuves, ou dans les lisières des champs, où ils s’endorment pour l’éternité, dans la joie ou la peine, la richesse ou la misère, la santé ou la maladie. Mais malgré cela, ils devront poursuivre leur effort, et se relever après chaque chute, et tenter de gagner la foi, le désir, la volonté, l’esprit de solidarité, l’altruisme, et enfin la modestie et la franchise. »

Aujourd’hui, l’homme a perdu, dans sa vie individuelle et sociale, ainsi que dans sa vie physique et mentale, son sens de la mesure, de l’ordre et de la juste appréciation des choses. Si l’homme abandonnait ou même réprimait les qualités émotives, sentimentales, et vitales de son être, qualités qui sont inhérentes à la mission que Dieu lui a assignée sur terre, il nierait ainsi la dignité humaine et détruirait sa nature primordiale. Sa vie ne serait plus régie que par les instincts animaux.

Aujourd’hui, l’humanité est en train de payer les conséquences de ce crime aux dépens de son bonheur et de sa sérénité. L’effet de ces perturbations et déviations apparaît sous les diverses formes de la criminalité. Pas une ne minute ne passe dans les sociétés sans que s’y commette un crime ou un délit de tout genre.

C’est l’une des plus graves questions sociales du monde. Les sommes dépensées chaque année pour lutter contre la criminalité et la délinquance sont gigantesques. L’un des facteurs de la propagation de la violence, de l’effritement de la cohésion sociale est la perte du sens de la responsabilité dans les sociétés. Ce facteur est encouragé par certaines philosophies et pédagogies, comme les pensées racistes, athéistes, permissives.

Étiologie de la criminalité

L’étude des causes de la criminalité et de la psychologie criminelle conduit à se poser la question de savoir si le crime est d’origine génétique ou s’il relève des maladies mentales. Puis le cas échéant à en chercher les traitements. Certains spécialistes en criminologie pensent qu’un certain nombre de délinquants et de criminels étaient destinés à le devenir dès leur naissance.

Ces criminels n’auraient fait qu’obéir à leurs gênes. Théoriquement, ils devraient être repérés comme tels au sein de la société, et seraient « les criminels nés ». Le précurseur de cette thèse était le célèbre criminologue italien Lambrozzo. Sa théorie a eu beaucoup de partisans notamment chez les écrivains.

L’homme est sans conteste un être éducable. Il accomplit librement et volontairement certaines actions positives, et s’abstient d’en commettre d’autres, négatives. Autrement, il serait absurde de dispenser des conseils ou des réprimandes quelconques à un être qui agirait uniquement par contrainte et sans volonté de sa part.

Les moralistes qui vouent leurs efforts à la recherche du bonheur de l’homme s’appuient sur le principe consistant à ordonner le bien et à interdire le mal. Ils mettent ainsi l’accent sur la responsabilité d’apprendre le nécessaire pour acquérir le bonheur en s’abstenant de faire certaines actions.

Quand on étudie les conditions des enfants vivant dans les hôpitaux psychiatriques, prisons, et maisons de redressement, il apparaît que ces enfants ont été élevés au sein de familles déséquilibrées et indifférentes à leurs responsabilités.

La plupart de ceux qui ne reculent pas devant le crime ou le délit sont nés dans les familles dépourvues de vertus morales et ne jouissant pas de chaleur humaine, ou appartiennent à des sociétés qui souffrent de dégradation morale.

Ce sont donc des facteurs familiaux et sociaux qui les poussent à préférer le mal au bien, la corruption à l’honnêteté.

Les plus grands devoirs de l’homme

Depuis qu’il existe, l’homme a toujours compris l’importance de l’éducation. Il s’est toujours fixé des objectifs et des règles conformes à la psychologie et en fonction de la façon dont il perçoit sa responsabilité dans la vie, que ces objectifs soient louables ou non.

Aujourd’hui, nous sommes les témoins de ce que les différentes doctrines en cours dans le monde ont causé comme changement et transformation tout au long de l’histoire. Il en ressort que l’homme n’est pas méchant et satanique par nature. En fut-il autrement, son effort éducatif aurait été vain, et toutes les prédications des prophètes auraient été infructueuses, absurdes. Si le crime ou l’effusion du sang faisaient partie du gène des Arabes, le Prophète de l’islam n’aurait jamais pu transformer les mentalités de ses contemporains.

S’il est vrai que l’homme est d’abord nourri dans son corps, il n’en demeure pas moins qu’au fur et à mesure qu’il croit physiquement ses facultés mentales se développent aussi bien. Ce qui prouve que ces facultés existent en lui dès sa naissance. Il apprend vite à construire des phrases, à parler, à se représenter les choses qui l’entourent. Ce qui nous ramène à son caractère éducable.

Le Coran dit:

« O Homme, tu déploies tes efforts en direction de Dieu, et tu Le rencontreras ».

« C’est vers ton Seigneur ».

L’homme doit s’inspirer des messages prophétiques qui constituent une doctrine d’éducation authentique, pour atteindre la vie éternelle et s’assurer par là le salut dans la perfection. Gustave Lebon écrit:

« Après plusieurs péripéties, la philosophie a reconnu que la voie du monde métaphysique lui était fermée. Pour cette raison, nous sommes obligés de nous conformer aux ordres des médecins psychologues, qui connaissent l’âme humaine, et se préoccupent de sa perfection spirituelle et mentale. Ces médecins de l’âme et de l’esprit, ce sont les prophètes divins et les envoyés de Dieu. Ce sont eux qui transmettent à l’humanité le savoir nécessaire à son amendement, savoir qu’ils puisent à la source de la révélation et de l’intuition et consistant dans l’art d’atteindre le bonheur pour parvenir à la perfection ».

Le Coran tient compte des deux dimensions physique et psychologique de la nature humaine. Le Coran insiste sur ce point que si l’homme ne reçoit pas une éducation de base, il sera forcément livré aux instincts naturels qui affaiblissent sa conscience et entraveront le développement de son intelligence. C’est la double nature qui le rend apte à recevoir les influences les plus diverses, contradictoires mêmes.

Comme le dit l’imam Ali:

« Les hommes doués d’intelligence ont une soif d’éducation semblable à la soif de pluie qu’éprouve un champ de culture ».

Si les potentiels et les énergies humains demeurent à l’état brut, et ne subissent pas un conditionnement par l’éducation, elles deviennent dangereuses et condamnent l’homme à l’état animal primaire.

C’est par rapport à cette règle que les actions seront jugées bonnes ou mauvaises, et entrainer l’encouragement ou le blâme, la récompense ou le châtiment.

La récompense implique que l’homme ayant bien agi a su distinguer entre le bien et le mal. Il n’est pas responsable de ses incapacités physiques ou intellectuelles. Il n’est pas responsable lorsque ses capacités physiques et intellectuelles sont insuffisantes.

On ne peut pas innocenter un criminel sous le prétexte qu’il est victime des désordres sociaux. Certes, nul ne peut nier l’importance de l’éducation et des orientations générales qui régissent une société donnée, mais on ne peut ignorer non plus la responsabilité du fauteur de crime. Certes aussi, il est un certain nombre de délinquants inaptes à la rééducation et à la réinsertion sociale.

Ce sont généralement des gens mentalement sains, mais ayant cédé momentanément à leurs instincts ou ayant subi l’influence de mauvaises compagnies. Ceux-là doivent être traités le plus rapidement possible. Mais la lutte contre la criminalité et la délinquance ne peut pas consister seulement en réactions aussi énergiques soient-elles.

Il faut que le criminel soit châtié pour préserver la société. Dans ce cas, la punition est la réaction naturelle de l’acte du criminel lui-même. Elle est nécessaire pour la préservation de l’équilibre et de la justice dans la société, et lui évitera le pire. Mais elle ne suffit pas. La science rejette aujourd’hui la théorie de Lambrozzo et de ses partisans pour qui les criminels existent naturellement.

Lambrozzo était un médecin exerçant sa profession dans l’armée italienne. Son attention fut attirée par les nombreux tatouages observés sur les corps des délinquants et criminels. Il en déduisit que les corps des criminels étaient moins sensibles à la douleur que les corps des hommes ordinaires.

Le défaut de sensibilité affective était chez eux la conséquence normale de leur faible sensibilité physique. Puis il disséqua le cerveau d’un bandit, et parvint à la conclusion qu’il y avait entre ce cerveau et celui des animaux vertébrés maintes ressemblances. Cela prépara le terrain à l’apparition de la théorie des caractères héréditaires cachés (le génotype).

Lambrozzo a dégagé certains traits physiologiques qui pour lui sont des signes du criminel né: crâne anormalement développé, cheveux crépus, la disproportion de la tête et du visage, front aplati vers l’arrière, nez écrasé, yeux enfoncés, grandes oreilles, menton saillant… Quand ces traits physiques et caractériels sont réunis en une personne donnée, on peut juger qu’elle est une criminelle par nature. Lambrozzo appelait ces traits signes de dégénérescence.

Le docteur Carrel écrivait:

« Il n’existe pas dans l’humanité de criminel par nature, comme le prétend Lambrozzo. La réalité est que beaucoup de criminels sont des hommes normaux et ordinaires. Certains d’entre eux sont même des gens d’une intelligence au-dessus de la normale. Les sociologues sont incapables de les rencontrer et de les maitriser dans les prisons.

Beaucoup de brigands au sujet desquels les journaux publient tous les jours de nouvelles informations sont des êtres intelligents ayant des sentiments humains et une beauté naturelle, voire surnaturelle, mais ils sont dépourvus de qualités morales. Beaucoup d’entre nous souffrent aussi d’insuffisances psychologiques.

Cette angoisse et cette perte de l’équilibre dans le monde de la pensée et de la conscience sont l’un des assaillants de notre époque. Bien qu’on ait pu assurer avec succès une certaine sécurité dans les corps et les biens dans les grandes villes, il n’est pas possible de développer les activités intellectuelles et morales, malgré toutes les dépenses qui sont engagées dans l’éducation et l’enseignement. Les déséquilibres dans la conscience s’observent même chez des personnalités sociales de premier plan. Les actes élémentaires manquent chez ces dernières de cohérence ou de l’énergie nécessaire ou même de finalité voire de tout cela.

Les hommes les plus utiles et les plus heureux sont ceux dont les activités intellectuelles et morales sont équilibrées, cohérentes et complémentaires. Le facteur de la supériorité chez ces gens-là réside dans la qualité de leurs activités et leur équilibre. Nous devons fixer pour but à notre enseignement et à notre éducation de former des individus aux pensées équilibrées. C’est sur pareils hommes équilibrés que nous serons à même de fonder la grande civilisation. »

Un psychologue contemporain écrit pour sa part:

« Il est établi aujourd’hui de façon irréfutable et indubitable qu’il n’existe pas dans l’humanité d’être méchant par soi. Il existe cependant des psychopathes. La compréhension de cette réalité nous permet de dire sans exagération qu’il n’est pas de découverte et d’invention plus importantes depuis l’apparition de l’homme à nos jours que la connaissance de cette réalité. Quand les hommes s’en imprègneront, et que les sociétés s’édifieront sur cette connaissance, tous les déséquilibres sociaux, les conflits et malheurs se dissiperont. En effet, lorsque chacun saura que l’avarice, l’envie, la couardise, le mensonge, la dissimulation et l’hypocrisie, et les centaines d’autres défauts du genre sont les conséquences logiques des souffrances psychologiques, et qu’elles sont susceptibles d’être traitées comme on traite la toux ou l’indigestion, alors l) tous les malades psychiques qui sont qualifiés de mauvais individus accepteront de se soigner avec un réel espoir de guérison, et redeviendront des gens utiles à leur société, 2) ces malades psychiques ne seront plus regardés comme des individus dangereux, à éviter. Au contraire, en tant que malades, ils recevront l’affection des autres hommes.

Il y a une différence énorme entre les deux conceptions.

Dans la plupart des pays développés, ces principes sont mis en application progressivement, et l’on atteint grâce à eux des résultats encourageants. Il incombe aux écrivains qui souhaitent le bien à l’humanité d’œuvrer à la propagation de ces idées de plus en plus utiles, afin d’en faire profiter toutes les sociétés du monde d’aujourd’hui. »

Cette théorie scientifique et philosophique qui est aujourd’hui mise au compte de la science moderne est tout à fait compatible avec les préceptes religieux islamiques.

Le Coran décrit le groupe des hypocrites comme des malades:

« Il y a une maladie dans leurs cœurs ».

John Dewey dit:

« Un proverbe dit: “qui veut noyer son chien l’accuse de rage.” Les moralistes professionnels continuent de dépeindre la nature humaine comme un chien enragé. Ils l’exposent à toutes sortes de blâmes, sans que personne n’ose les contredire. Si l’on considère l’histoire de la morale, on s’aperçoit qu’elle a de tout temps eu une attitude sceptique envers la nature humaine, la décrivant toujours comme mauvaise et vile. Le seul souci des moralistes était de débattre des voies et moyens de dominer cette nature, au point que certains vinrent à penser que si la nature humaine n’était pas à ce degré d’infériorité, de faiblesse et de dégénérescence, la morale n’aurait eu aucune raison d’être.

Certains écrivains tentèrent d’attribuer l’origine de cette idée d’une nature humaine foncièrement mauvaise aux adeptes des différentes religions, en disant que pour mieux glorifier le Créateur, ils ont décrit l’homme comme un être au plus bas de la bassesse. Honnêtement, il faut reconnaitre que cela est vrai dans un certain sens; en effet, les croyants voient sans aucun doute que l’âme humaine est quelque chose de corrompu à l’extrême. En fait, ce regard négatif est très déplacé, car si l’âme humaine est à ce point mauvais, d’où vient-il que les hommes arrivent à s’amender et à purifier leur âme, et entreprennent même de guider les autres? »

La nature pure non souillée

Le prophète de l’Islam a dit:

« Tout nouveau-né vient au monde avec une nature vierge (fitrah) jusqu’à ce que ses parents en fassent un juif ou un chrétien… »

L’imam Ali dit dans ses recommandations à l’un de ses enfants:

« Le cœur du nouveau-né est comme une terre non semée; elle accepte tout ce qu’on y jette. J’ai donc commencé à t’inculquer la bonne conduite avant que ton cœur ne durcisse, et que ton fond soit occupé (par d’autres pensées) »

Par conséquent, non seulement l’homme ne nait pas criminel, mais encore il existe dans l’être de tout homme une force qui le pousse du côté du bien et de l’utile. Chaque fois qu’il s’écarte du parcours, elle l’y ramène. Les philosophes disent que toute nature soumise à force dominante éprouve un puissant désir de retourner à son état premier. Depuis l’Antiquité, ces philosophes répètent que la raison spéculative est la faculté humaine la plus sublime, alors que la capacité de perception du réel au moyen de cette faculté est très limitée, et ne présente pas toutes les garanties d’efficacité. Dans maints domaines, la raison se montre sans effet, comme dans le cas du jugement équitable des condamnations des criminels et des délinquants, ou dans le fait de donner des ordres en vue de faire le bonheur d’autrui. En conséquence, il est nécessaire que dans la conscience de l’homme, il y ait une autre faculté indépendante de la raison, qui serait la source de la plupart des sentiments de bien, de l’altruisme, de la quête de la perfection, afin que par elle on puisse interpréter les actions morales.

Le Coran enseigne que l’amour de la foi, la haine de l’impiété, de la dépravation et de la désobéissance, ont été déposés en l’homme, de façon innée. En créant l’argile adamique, Dieu n’a pas seulement insufflé en elle la connaissance et la foi; Il a aussi orné le cœur humain de bien d’autres qualités comme l’amour du bien, le désir d’être utile. Il l’a informé que la haine de l’impiété, l’amour de la foi ont été déposés en lui, de façon que l’esprit est conduit tout naturellement à cultiver les vertus.

Le Coran dit en effet:

« Mais Dieu vous a fait aimer la foi, et l’a embellie dans vos cœurs, et Il vous a fait détester l’impiété, la dépravation et la désobéissance »

Hafez, le célèbre poète persan du treizième siècle a dit:

Toute cette bonté, cette fidélité qu’il y a entre nous,

Je ne me les suis pas imposées: je suis né avec!

Bertrand Russel dit:

« Jadis, on pensait que les vertus reposaient sur la volonté. On admettait que l’être humain avait un trop-plein de tendances mauvaises, qu’on ne pouvait dominer que par une seule faculté, la volonté. Il semblait que l’élimination de ces tendances perverses était impossible, que tout ce qu’on pouvait faire était de les maitriser par la volonté.

L’homme à leurs yeux était comparable à un criminel ou à un policier. On se représentait une société qui serait débarrassée un jour des personnes que la nature prédisposait au crime. Pour cette raison, le mieux que l’on pouvait faire était d’établir un nombre suffisant de centres policiers, de façon à dissuader les criminels, et lorsqu’il se trouvait quelqu’un pour défier ces mesures, il était sévèrement puni.

Cette théorie n’est pas admise par la psycho criminologie qui considère que dans la plupart des cas, il est possible de contenir les instincts pervertis par le moyen d’une éducation adéquate. Tout ce qui peut s’appliquer à la société peut aussi s’appliquer aux individus ».

Jean-Jacques Rousseau écrit à ce propos dans son célèbre Émile ou de l’éducation:

« Au contraire, un jeune homme élevé dans une heureuse simplicité est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses: son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade, ses bras savent trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verser des larmes d’attendrissement; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. Si l’ardeur d’un sang qui s’enflamme le rend vif, emporté, colère, on voit le moment d’après toute la bonté de son cœur dans l’effusion de son repentir: il pleure, il gémit sur la blessure qu’il a faite; il voudrait au prix de son sang racheter celui qu’il a versé; tout son emportement s’éteint, toute sa fierté s’humilie devant le sentiment de sa faute. Est-il offensé lui-même: au fort de sa fureur, une excuse, un mot le désarme; il pardonne les torts d’autrui d’aussi bon cœur qu’il répare les siens. L’adolescence n’est l’âge ni de la vengeance ni de la haine; elle est celui de la commisération, de la clémence, de la générosité. Oui, je le soutiens et je ne crains point d’être démenti par l’expérience, un enfant qui n’est pas mal né, et qui a conservé jusqu’à vingt ans son innocence, dans la physiologie et les hormones. Il sera, le plus aimant et le plus aimable des hommes. On ne vous a jamais rien dit de semblable… »

De son côté Waldo Emerson écrit dans La philosophie sociale:

« Les vertus existent dans les âmes fortes; ces dernières les contiennent toutes. L’âme humaine aspire à la pureté, l’équité et le bien, alors qu’elle est supérieure à toutes ces qualités. Ainsi, prêcher la vertu sans parler de la nature de l’âme humaine, c’est commettre un manquement envers elle. L’enfant qui reçoit une bonne éducation possède toutes les facultés naturelles, sans avoir fait d’effort pour les acquérir. Parlez avec le cœur de l’homme, vous le trouverez sûrement plein de vertus »

Par conséquent, et en accord avec l’enseignement de l’Islam, et la tendance des théories savantes contemporaines, l’homme vient au monde doté d’une nature pure, d’une âme saine suivant les lois de la génétique, les états de perversion sont accidentels en lui, et ne procèdent pas de sa nature foncière.

Les déviations par rapport aux normes naturelles originelles, la perversion des instincts, ne conduisent pas seulement à l’apparition de maladies psychiques, mais aussi à l’obstruction du chemin de l’âme par des complications particulières. Autrement, l’homme est apte de par ses tendances innées, à cheminer vers la perfection à grands pas et avec résolution. Nous devons prendre en compte que le milieu social a des effets sur les cellules cérébrales, exactement comme les différents effets de l’environnement sur la croissance des différents végétaux. Tout homme vit avec des cellules cérébrales qui lui sont propres et qu’il a reçues de ses parents à plusieurs degrés suivant les lois de la génétique. Les cellules cérébrales ne sont jamais semblables dans leur organisation d’un homme à un autre. La différence est évidente dans la physiologie et les hormones.

L’environnement influe de façon particulière sur chacune des graines d’une plante. Il en va de même quant à son influence sur chacune des cellules cérébrales. Dans un milieu donné, la vie connaitra tel effet et acquerra tel ou tel trait distinctif incomparable avec un autre trait. Nous voyons ainsi que deux enfants de mêmes parents peuvent présenter une dissemblance frappante, alors qu’on s’attendrait à ce qu’ils possèdent des caractères communs.

La prédication des prophètes divins repose sur le fondement de la nature unitariste et de la nature morale. Ces principes naturels sont aussi la base de l’éducation de l’homme conforme à son intelligence. La fonction des prophètes, à travers leur mission et les livres célestes qu’ils ont apportés, consistait surtout à réveiller les hommes à leur nature primordiale, comme à un capital enfoui en eux et dont ils n’avaient pas conscience…

C’est là un point d’une extrême importance: nous pouvons nous rééduquer, nous améliorer et nous perfectionner grâce à notre nature même. Il ne faut cependant pas oublier que les instincts indociles influent sur le fonctionnement de cette nature, tendant à l’affaiblir, à la corrompre. Il importe par conséquent que nous les maitrisions, que nous en prenions bien les rênes en main, faute de quoi nous ne tirerons pas un parti convenable du trésor enfoui en nous. La réalisation de l’équilibre dans les sentiments, les pensées et les actes supposent la connaissance du point d’équilibre et demandent un effort soutenu et de grands sacrifices.

Comme dit Aristote:

« La vertu est le moyen terme entre deux vices. L’un est l’excès, l’autre la négligence. Car la caractéristique de la vertu est précisément ce moyen terme dans les actions et les réactions. Par conséquent, le bien n’est pas chose facile. La connaissance du juste milieu en toute chose est hypothétique. De même, la connaissance du centre d’un cercle n’est pas donnée à tout le monde, sinon à la personne qui est initiée à la géométrie.

S’il paraît à chacun que l’émotion ou la colère, ou encore la dépense d’argent sont des choses habituelles, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas facile pour tout un chacun de les éprouver au moment qu’il faut, pour le mobile qu’il faut, avec l’intensité qu’il faut envers la personne qu’il faut, etc. C’est pourquoi il y a si peu de bien. Qui veut atteindre le juste milieu doit d’abord éviter de trop s’éloigner du moyen terme. Ainsi que le dit le conseil: “Éloignez votre vaisseau des marais boueux!”

Il ne faut pas suivre la pente de son désir au point d’outrepasser les limites raisonnables, afin qu’en demeurant dans le juste milieu, on puisse se préserver de l’erreur… »

Le but de la vie doit être d’éduquer son âme, de la conduire vers la perfection. Et notre devoir consiste à ouvrir les fenêtres de nos cœurs pour y laisser entrer l’air pur du bien, de la sincérité, de l’amour et de la bonté. La plupart des hommes consentent des sacrifices pour s’assurer une vie aisée et tranquille. Dans ce but, il leur arrive de supporter des privations qui les conduisent jusqu’au seuil de la mort; ils se privent du repos qui est pourtant le but même de leur effort. Ils s’imaginent ainsi que les moyens matériels acquis seront la cause de leur bonheur.

Or, cette idée est non seulement une erreur de leur part, mais elle est souvent la cause de leur malheur. Ils devront reconnaitre s’être trompés de chemin, et s’être éloignés de la voie du bonheur. On ne peut obtenir une vie calme et sans souci en poursuivant des plaisirs éphémères, ou une richesse matérielle aussi illimitée soit-elle. Cette voie ne conduit pas à l’épanouissement de la vie. Bien au contraire, elle la flétrit, et n’aboutit qu’à la perplexité et à l’égarement de celui qui la suit.

La liberté et les contraintes

Dans ces cas, la distinction entre la liberté et son contraire n’a pas de sens. La distinction à faire est entre une aliénation et une autre aliénation. La liberté n’est pas sur un plateau de la balance pendant que l’aliénation serait sur l’autre. On peut dire qu’on a le choix entre une liberté et une autre liberté; les hommes ont la possibilité de choisir entre la liberté humaine et la liberté animale.

Le critère distinctif de l’être humain est celui de l’intelligence, de la foi, de la vertu, etc., alors que le critère définitoire de l’animalité est celui de l’instinct pur.

Celui qui écoute l’appel de ses passions charnelles s’y soumet sans réfléchir aux conséquences de ses actes, parviendra à une liberté dans le sens où il sera libéré de toutes les contraintes qui font l’être humain. Sa liberté l’aura conduit à la négation de soi. En revanche, l’homme qui aura choisi de maitriser ses passions et instincts, en se conformant de plus en plus aux ordres divins, verra se consolider en lui les principes de l’intelligence et de la foi. Il aboutira à une autre liberté, celle qui affirmera avec force sa nature humaine authentique.

Les enseignements religieux consacrent une large place à la méthode à suivre pour contenir l’empire des instincts dans des limites raisonnables de façon à assurer le développement des valeurs spirituelles. Nulle autre force que la foi ne peut assurer aux hommes cette liberté et ce bonheur. La foi seule peut engendrer en l’homme le sens de la responsabilité, sans lequel aucune société ne peut être à l’abri de la criminalité et de la transgression des lois. L’Islam a énoncé les mesures nécessaires pour l’éducation des hommes, la réforme de leurs conditions de vie sociale et économique. Il promet bonheur et récompense infinie aux bons, et malheur et châtiment infernal aux méchants.

Le double rôle des habitudes

De par leur double effet positif et négatif, les habitudes jouent un rôle considérable dans l’édification de l’homme ou sa décadence. L’esprit positif des habitudes consiste dans la force qu’elles confèrent à la résistance morale devant les assauts des passions et des preuves affligeantes et des difficultés de toutes sortes. Quant aux effets négatifs résultant des mauvaises habitudes, ils sont incalculables.

L’habitude peut revêtir des formes et apparences positives, mais se révéler pernicieuse. Tel homme peut prendre l’habitude d’accomplir un acte dans une bonne intention, sans se rendre compte que les conditions qui rendaient cet acte positif ont disparu. Cela montre bien la nécessité de la vigilance pour que l’acte demeure toujours sous le contrôle conscient de celui qui l’accomplit, fût-il des mieux intentionné.

Il faut se méfier des habitudes irréfléchies, mécaniques. Elles peuvent engendrer des préjugés difficiles à surmonter causant des fois des retards immenses aux progrès des hommes. Cet effort pour conscientiser les habitudes est très encouragé par l’Islam dont les appels à l’action pensée et consciente sont nombreux dans le Coran. Une tradition prophétique nous donne la mesure de l’acte réfléchi par rapport à un acte accompli mécaniquement: « Une heure de méditation vaut mieux qu’une dévotion de soixante-dix ans » a dit le prophète de l’Islam. Le but est de développer en l’homme la meilleure concentration possible des facultés intellectuelles, de réduire au minimum la distraction. Car Dieu veut des hommes qui l’adorent en toute connaissance. En outre, grâce à cette pensée sans cesse en fonctionnement, les musulmans éviteront maintes innovations engendrées par des habitudes qui finissent des fois par prendre la forme de dogmes. »

Dans ses Principes de Psychologie, Mann écrit:

« Les habitudes qui sont apparues au début sous l’effet d’un mobile donné sont susceptibles de persister après la disparition de ce mobile. Nous pouvons alors dire que l’habitude est devenue son propre mobile. Au lieu de dépendre des besoins, tendances ou espoirs de l’homme, les habitudes s’en éloignent et s’en détachent et acquièrent une certaine autonomie.

Nous apprenons à satisfaire nos besoins en utilisant une certaine méthode. Il est possible que cette méthode s’enracine en nous de façon particulière de telle sorte qu’il devient impossible pour nous de la satisfaire autrement. On peut alors affirmer que nous nous sommes habitués à cette méthode. Ainsi l’habitude nous rend dépendants d’une méthode particulière, comme si nous ne pouvions plus nous passer d’elle, et dans la plupart des cas, il devient pénible de s’en débarrasser. L’habitude devient bien la cause d’elle-même.

Certains peuvent changer d’habitudes, et les événements peuvent changer le cours de leur vie. Mais on ne peut nier que l’âme humaine résiste à tout ce qui est nouveau, comme si elle redoutait le changement. Ceux qui entreprennent de changer les habitudes des personnes adultes ne devront pas perdre de vue cette donnée. »

Le système éducatif de l’Islam

L’habitude est une faculté dont Dieu a doté les hommes. Grâce à elle, ils peuvent accomplir de nombreux efforts dans l’acquisition des connaissances et leur formation dans la vie. Mais en dépit de son impact considérable, l’habitude peut se révéler une cause d’égarement, et de destruction de l’esprit humain, lorsque celui-ci n’a pas une culture suffisante et complète même. Les habitudes qui régnaient dans la société arabe d’avant l’Islam étaient pour la plupart capables de causer la ruine de la communauté.

Mais les pratiques furent abandonnées les unes après les autres grâce à la prédication du prophète de l’Islam qui avait lui-même reçu une éducation non entachée par les habitudes négatives des tribus arabes. L’Islam a mis un terme aux pratiques anciennes des Arabes qui enterraient vivantes les filles dès leur naissance, les considérant comme une cause de honte. Les Arabes avaient aussi beaucoup de pratiques basées sur les superstitions, l’esprit de clan, l’idolâtrie. L’Islam a fortement agité les consciences des Bédouins pour pouvoir les réveiller de leur léthargie, et les faire renoncer à leurs habitudes ancestrales.

Pour réaliser le miracle, le Prophète a utilisé toutes les voies possibles: éducation progressive, argumentation rationnelle, menace du châtiment, promesse de paradis, arguments rhétoriques, miracles, et aussi avantages matériels.

Les Arabes ont vu s’élargir les horizons de leur vie de façon spectaculaire au point qu’ils se sont massivement détournés de leurs anciennes coutumes qui les clouaient dans le cadre étroit. Ils étaient rendus aptes à la mission divine. Et c’est tout naturellement qu’ils ont porté la parole de Dieu aux quatre coins du monde en un temps record.

Si nous prenons le cas de la boisson alcoolisée, nous constatons que l’Islam a suivi une méthode d’interdiction progressive: au début, le Coran se contente de signaler le caractère nocif (argument logique) du vin. Mais les hommes, comme on le voit de nos jours, peuvent reconnaitre la nocivité d’une chose et continuer cependant à la consommer. Dans un deuxième temps, il est demandé aux premiers croyants de ne pas accomplir leur devoir religieux en état d’ébriété (entrainement, limitation progressive); enfin, quand le Coran annonce l’interdiction des boissons alcoolisées, les esprits et les gosiers y étaient déjà préparés. Les musulmans n’eurent aucune peine à briser leurs dernières jarres, ou à en renverser le contenu nocif dans les rues de Médine, débarrassant définitivement l’Islam du démon de l’alcoolisme.

Le docteur Carrel écrit dans ses Réflexions sur la conduite de la vie:

« Avant tout, il faut écarter les obstacles qui empêchent notre éducation spirituelle. Avant de progresser sur la voie de l’élévation spirituelle, nous devons abandonner les habitudes et défauts qui s’opposent à cette élévation. Puis après avoir écarté ces obstacles, nous entreprendrons l’élévation spirituelle suivant les dispositions de la nature authentique de la vie. L’homme se distingue par un caractère étonnant qui consiste dans la possibilité qu’il a, quand.il reflète sur la conduite de la vie esprit à l’aide de sa conscience vivante et éveillée. Mais cette construction nécessite une technique particulière. Il nous est possible d’apprendre l’art de nous gérer nous-mêmes, comme il nous est possible d’acquérir l’art de conduire des avions. Mais cela n’est possible qu’à celui qui est capable de se maitriser lui-même. Il n’est pas nécessaire que nous soyons des savants ou soyons très intelligents pour entreprendre l’ascension spirituelle; il nous suffit de le vouloir. Il est certain qu’il n’est pas possible de suivre ce chemin tout seul, car tout homme peut avoir besoin à un moment de sa vie d’être guidé et conseillé par les autres, mais on ne peut compter sur personne quand il s’agit de développer et d’organiser ses activités intellectuelles et affectives qui sont la composante essentielle de la personnalité. Le premier principe n’est pas le développement des facultés rationnelles, mais la consolidation du tissu affectif.

Les sentiments sont les fondements sur lesquels reposent tous les autres facteurs psychiques. La nécessité du sens moral n’est pas moindre que le sens de l’ouïe ou de la vue »

L’imam Ali, le quatrième calife a dit:

« Triomphez de vos âmes afin de leur faire abandonner les désobéissances (à Dieu), il vous sera ensuite plus facile de les conduire à l’obéissance; » et: « Luttez contre vous-mêmes pour abandonner les habitudes, combattez les passions, vous en serez les maitres. »

Certains soufis, mystiques de l’Islam, ont défini le soufisme comme l’abandon des habitudes. Les habitudes religieuses demandées par l’Islam doivent être conscientes, toujours accompagnées d’une conduite de la vie et la responsabilité, et ne doivent pas être accomplies comme un châtiment ou une charge pénible.

L’enfance et les habitudes

L’lslam recommande expressément d’habituer les enfants aux pratiques religieuses, à l’amour des vertus humaines, à fuir les causes de la dépravation et du péché, comme un rempart pour la foi.

Ce programme éducatif tend à préserver les enfants et les jeunes des effets nuisibles de la dégradation du milieu social.

C’est ainsi que le prophète a recommandé que l’on initie les enfants à la prière dès l’âge de sept ans.

L’imam Ali ibn al-Hussayn, quatrième imam du chiisme, surnommé al-Sajjâd, recommandait à ses enfants de « redouter le mensonge, petit ou grand, dans le sérieux ou la plaisanterie; car un petit mensonge encourage au grand. »

Et l’imam Jaafar al-Sâdiq disait: « Prenez l’initiative de parler à vos enfants des choses de la religion pour les préserver de l’influence des sceptiques. »

Plus près de nous, en Occident, un homme comme Bertrand Russel disait dans son livre sur l’éducation:

« Dans l’enfance, toute mauvaise habitude sera un obstacle à l’acquisition des bonnes. Par conséquent la formation des habitudes, dans l’enfance est une chose très importante. Car de bonnes habitudes nous mettent à l’abri du blâme et de la réprimande. Ajoutez à cela que les habitudes acquises en bas âge seront aux étapes ultérieures de la vie comme des instincts dans leur effet et leur domination. Quant aux habitudes opposées à elles, mais acquises plus tard, elles ne pourront pas les égaler en impact et en force sur le comportement. C’est pour cette raison qu’il faut que la question des premières habitudes mérite toute l’attention. »

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