Les Veuves… les Orphelins et la Mutilation des Cadavres après le jour d’Achourâ

by Pey Bahman Z

SHAFAQNA – Ce qui suit fait partie du livre L’Imam Al-Hussayn et le Jour de ‘Achourâ’ , Compilé et traduit en français par Abbas Ahmad al-Bostani, sélectionné par SHAFAQNA.

Le campement d’al-Hussayn fut dans un état de dévastation et de désolation terrible. Il offrait aux pilleurs et aux assassins un spectacle macabre. Partout des tentes brûlées et fumantes, des cadavres mutilés et démembrés, des femmes et des enfants assoiffés, effrayés et hébétés, des cris et des gémissements. Le corps décapité du petit-fils du Prophète gisait déchiqueté, dénudé, recouvert seulement de la poussière soulevée par la bataille, et du sang qui formait autour de lui une petite mare. Le nombre de martyrs du camp d’al-Hussayn s’élevait à soixante-dix-sept(1): soixante compagnons et dix-sept frères, cousins et neveux de l’Imam.

Parmi les survivants du camp il n’y avait que les femmes et les enfants, et ‘Ali al-Sajjâd, fils d’al-Hussayn que la maladie avait empêché de quitter son lit.

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Mais pour le commandement des assaillants, ce spectacle lugubre ne semblait pas suffisamment macabre pour produire l’effet voulu chez les spectateurs à qui il tenait à présenter une scène inoubliable qui leur servirait de leçon. En effet, en osant s’attaquer si ouvertement et si sauvagement au petit-fils du Prophète et à ses compagnons pieux, les Omayyades voulaient effrayer et terroriser toute la communauté musulmane et mâter chez elle toute velléité de contester un régime illégitime et usurpateur. L’ordre fut donc donné pour que les chevaux chargent de nouveau et piétinent les cadavres des martyrs et écrasent de leurs sabots les parties encore indemnes de leurs corps mutilés. On s’acharna particulièrement sur le corps d’al-Hussayn, puisque ‘Omar Ibn Sa’ad ordonna à dix de ses cavaliers de passer sur son cadavre.(2)

Après s’être livrée à cette furie sadique et à un pillage mesquin où même les boucles d’oreilles furent arrachées des oreilles des orphelins en pleur, l’armée de mercenaires procéda à la décapitation des martyrs pour que chaque groupe participant à cette tuerie horrible, se charge de porter sur ses lances un certain nombre de têtes qu’il devrait remettre entre les mains de ‘Obeidullah Ibn Ziyâd le gouverneur représentant de Yazid Ibn Mu’âwiyah – en guise d’allégeance et comme témoignage d’obéissance et de soumission. Ainsi le cortège de têtes se mit en route, laissant derrière lui les cadavres décapités des martyrs.

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En tète du cortège Khawla Ibn Yazid al-Asbahi et Hamid Ibn Muslim al-Azdi portaient sur une longue lance la tête d’al-Hussayn. Venaient ensuite les Kindah, le groupe de Qaïs Ibn al-Ach’ath avec 13 têtes; puis les Huwâzen, le groupe de Chemr Ibn Dil Jawchan, avec 12 têtes; puis les Temim, avec 17 têtes; puis les Bani Assad avec 16 têtes; les Med-haj avec 7 têtes, les autres avec 13 têtes.(3)

L’armée omayyade quitta donc le champ de bataille et se dirigea vers Kûfa, avec pour principal butin de guerre les têtes des martyrs, ainsi que leurs veuves et orphelins qu’elle prit comme captifs.

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Quant aux cadavres, ils restèrent sur place à la merci du soleil brûlant de l’été(4), durant trois jours. Après quoi, les Bani Assad qui habitaient al-Ghadhiriyya, à proximité du théâtre des événements, vinrent aux nouvelles. Voyant ce spectacle macabre, ils prièrent sur les martyrs. Ils enterrèrent al-Hussayn là où se trouve actuellement son sépulcre, et son fils à ses pieds. Un peu plus loin de là, ils mirent en terre les autres martyrs tous ensemble. Quant à al-‘Abbas Ibn ‘Ali, le frère d’al-Hussayn, ils l’enterrèrent là où il fut tué sur la route d’al-Ghadhiriya, un peu plus loin des autres, à l’endroit où se dresse encore le dôme de sa tombe.(5)

Notes:

(1) Ibn al-Çabbâgh al-Mâliki, “Al-Fuçûl al-Muhimmah”, p. 193. Voir aussi Ibni Tâwuis, “Maqtal al-Hussayn”, op. cit., p. 60

(2) Ibn Tâwûs, op. cit., p. 56

(3) Il y avait en tout 78 têes. Voir Ibn Tâwûs, “Maqtal al-Hussayn”, op. cit., pp.60-61

(4) Al-Cheikh al-Mufîd, op. cit., p. 243

(5) Al-Cheikh al-Mufid, “Al-Irchâd”, op. cit., p. 243

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