Les musulmans de Finlande sont prêts à discuter avec les islamophobes

by Pey Bahman Z

SHAFAQNA – IQNA : Les musulmans du Moyen-Orient sont arrivés en Finlande dans les années 1960 et 1980. Suite à une augmentation de la population musulmane au cours de cette décennie, la Communauté islamique de Finlande a été créée en 1986. Dans les années 90, des migrants venus de Somalie, d’Irak et de l’ancienne Yougoslavie, sont venus en Finlande où vivent actuellement environ 100000 musulmans.

On estime qu’environ 1000 Finlandais, mariés pour la plupart à des musulmans, se sont convertis à l’islam. La plupart des musulmans en Finlande, sont des Arabes, des Kurdes, des Turcs, des Iraniens, des Somaliens, des Bosniaques et des Albanais. Selon le Centre de recherche Pew, d’ici 2050, la population musulmane atteindra 3,4% de la population totale de la Finlande.

Une étude internationale menée en 2008, a montré que la moitié de la population du pays considérait mal l’islam et les musulmans, à cause d’un manque de familiarité avec l’islam et de la propagande négative des médias. Selon des informations parues l’année dernière, le parti finlandais qui fait partie de la coalition au pouvoir et s’oppose fermement aux migrants non européens et musulmans, a lancé une vaste propagande anti-islamique.

En l’absence de mécanisme cohérent d’enregistrement des statistiques sur les crimes liés à l’islamophobie en Finlande, seules les statistiques et les études sur les crimes de haine peuvent être utilisées pour montrer la tendance à la hausse ou à la baisse, de l’islamophobie dans le pays.

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Linda Hyökki, chercheuse au Centre pour l’islam et les affaires internationales de l’Université « Sabah al-Din Zaïm » d’Istanbul, rédige actuellement une thèse de doctorat sur “l’islamophobie et les minorités musulmanes”.
Dans une interview avec l’agence de presse « Ghatreh », sur les causes de l’islamophobie, Linda Hyökki a déclaré que l’islamophobie était “une peur excessive, une haine et une hostilité envers l’Islam et les musulmans”.

Elle a expliqué : « Pour cette raison, les chercheurs parlent souvent d’un phénomène de racisme anti-islamique. L’islamophobie ne consiste pas uniquement en des préjugés, mais en une discrimination institutionnalisée. En outre, il convient de souligner que l’islamophobie n’est pas un phénomène né après les attentats du 11 septembre. Si vous êtes né et avez grandi en Finlande, et si vous voulez vous convertir à l’islam, vous serez considérés comme des étrangers et rejetés par la société. Laura Hohtasari, une ancienne candidate à la présidence du parti populiste, a prétendu que les femmes musulmanes n’avaient aucune liberté et les a qualifiées d’étrangères.»

« Dans mes recherches, a-t-elle dit, j’ai interviewé des hommes et des femmes pour comprendre les expériences qu’ils avaient vécues. Une fille m’a raconté comment sa mère avait contacté le Centre d’aide aux victimes de violences religieuses craignant que sa fille soit soumise à un lavage de cerveau ! Un autre témoignage est celui d’une fille qui devait être présentatrice de la cérémonie de remise des diplômes de son école, mais le directeur de l’école s’y était opposé déclarant que l’école ne voulait pas « qu’une fille voilée » parle à l’école. En Finlande, comme dans beaucoup de pays européens, les gens pensent que l’islam est une religion étrangère incompatible avec le mode de vie européen. »

Linda Hyökki a souligné : « Mais les nouveaux musulmans finlandais ne se sentent pas en contradiction avec les Finlandais. En tant qu’étudiante en première année, je peux me passer de ma propre culture mais le fait que certaines personnes rejoignent des groupes radicaux comme l’EIIL, fait que les gens considèrent généralement les musulmans comme des personnes qui ont été soumises à un lavage de cerveau. Par conséquent, les gens doutent de leurs capacités à prendre les bonnes décisions alors que l’Islam peut devenir une base solide dans leur vie, ou qu’ils ont été fascinés par les aspects spirituels de l’islam.»

« J’ai commencé, a-t-elle ajouté, mes recherches en partant du principe que l’islamophobie avait un impact négatif sur la vie des nouveaux musulmans et qu’ils en souffraient. Mais certains y voient une épreuve divine et une leçon d’endurance. J’ai constaté que les musulmans en Finlande, étaient prêts à parler de ces injustices aux autres. La culture occidentale ne peut pas gérer la question des femmes voilées et le droit à la polygamie en Islam, est controversé. L’Europe a un problème au niveau de la religion. Nous accueillons toutes les critiques et toutes les questions. Mais la critique doit être accompagnée d’une volonté d’accepter les réponses ou les explications de l’autre, et voire même de revoir votre point de vue.»

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La chercheuse au Centre pour l’islam et les affaires internationales de l’Université « Sabah al-Din Zaïm » d’Istanbul a précisé : «  Dans le domaine de l’éducation scolaire, l’islamophobie devrait être considérée comme une forme de racisme et être incluse dans les programmes. Nous devons enseigner qu’il existe un lien entre l’islamophobie et d’autres formes de discrimination et de racisme. Dans de nombreux pays, l’islamophobie n’est pas considérée comme un phénomène qui devrait être porté en justice. Reconnaître l’islamophobie pourrait par exemple, aider les policiers à lutter plus facilement contre les crimes de haine. En tant qu’étudiante à l’université, j’essaie de combiner mes efforts scientifiques avec des activités sociales. Je suis responsable des personnes sur lesquelles je fais des recherches. Bien que je vive actuellement en Turquie, je suis connecté au réseau des étudiants musulmans finlandais. J’essaie de parler lors de conférences, de discussions et avec les médias partout. Je souhaite que mon pays accueille tout le monde. La citoyenneté et l’appartenance à un pays ne doivent pas être déterminées par la religion, la race ou le sexe. »
« Heureusement, la plupart des politiciens finlandais ne considèrent pas nécessaire d’interdire l’hijab. Cela place la Finlande dans une meilleure position en ce qui concerne le statut juridique des musulmans par rapport à certains autres pays européens comme la France, les Pays-Bas ou la Belgique. L’interdiction de l’hijab en France, empêche les mères voilées d’assister aux réunions scolaires, mais ce n’est pas le cas en Finlande », a-t-elle expliqué.

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