Les musulmans aussi se mettent à l’écologie

by Za As
agriculture alimentation Benamor Tasnim catholiques Chahira Ait Belkacem Djamel Legheraba écologie Elena Lasida environnement foi France Gabriel Hagai Green Hajj hadîth interreligieux islam jeûne juifs Le Prophète musulmane musulmans Musulmans de France Nabil Mohammed Nanterre nature pape François Pèlerinage à la Mecque Ramadan religion religions du Livre tourisme tourisme éthique

SHAFAQNA – La Croix | Par Joséphine Kloeckner : les portes-fenêtres grandes ouvertes, une légère brise transporte le pollen, flocons errant paisiblement dans la pièce. Malgré la chaleur qui règne en ce mardi 8 mai, les participants sont attentifs. Dans la salle bien remplie, on tend l’oreille pour écouter les enseignements des intervenants, disséminés en divers ateliers.

Comment faire du tourisme éthique, préparer ses émonctoires ou appliquer la chrono nutrition pendant le Ramadan… À chaque stand sa spécialité. À une semaine du grand jeûne des musulmans, la thématique principale retenue cette année est : Pour un Ramadan éthique et responsable. Alimentation, bien-être et harmonie avec la nature sont de mise. Des scouts expliquent leurs projets de permaculture sous une toile tendue à l’extérieur, ailleurs on présente un label écologique pour le pèlerinage à la Mecque, ou encore des serviettes hygiéniques lavables.

« J’ai été déçu par le fils d’Adam, mais j’ai espoir dans l’enfant d’Abraham ! »

Des initiatives qui parviennent à convaincre certains participants, plutôt sceptiques à leur entrée dans un restaurant situé dans le parc de Nanterre : « On a l’impression que les hommes sont de pire en pire. Après la pêche intensive, maintenant on envoie des Tesla dans l’espace, sous prétexte que lui non plus n’appartient à personne », soupire Djamel Legheraba, appuyé sur sa canne joliment taillée. C’est son fils qui les a poussés, lui et sa femme, à venir aujourd’hui. Et ils n’ont pas l’intention de partir avant la fin. « Ici, on voit des choses bien, des gens qui font de l’agriculture écologique… ça me fait prendre conscience que je n’ai pas le droit d’abandonner, et que moi aussi je dois prendre des initiatives ».

À lire aussi: Algérie: Ksar Tafilelt, l’éco-ville durable prospère en plein désert du Sahara 

Dans les assemblées qui se composent et se recomposent au son des mouvements de chaises, on se réjouit de l’organisation d’un tel événement, qui consacre le lien entre la foi musulmane et l’écologie. « C’est un sujet d’actualité très compatible avec notre religion », explique Benamor Tasnim, venue avec une amie. « Respecter la nature, la diversité, c’est un point très important »

L’écologie, un fondamental des religions du Livre

« Le prophète enseignait déjà le respect de l’environnement », confirme le théologien Nabil Mohammed. De nombreux hadiths en témoignent, imprimés sur de grandes feuilles A3. À cette réflexion sur le rapport des religions à l’écologie, des intervenants catholiques et juifs ont été conviés. « Dieu a donné aux Hommes le monde à diriger. mais diriger, ce n’est pas piller ! », commence le rabbin Gabriel Hagai. Elena Lasida, chargée de la question écologique à la conférence des évêques de France évoque quant à elle l’encyclique Laudato Si’du pape François, et les assises de l’écologie organisées par les catholiques. « Et les juifs, alors ? », plaisante-elle. « Bientôt ! », répond le rabbin sur le même ton, accompagné des rires détendus de l’assemblée. On évoque la possibilité d’organiser à l’avenir des assises communes. « L’écologie est un lieu de rencontre entre les religions », conclut Elena Lasida.

À lire aussi: La planète Titanic va couler et les riches sont en train de se ruer sur les canots de sauvetage

Une double sensibilisation

Chacun ici est aussi convaincu que l’écologie rapproche non seulement les religions, mais aussi toute la société. Et c’est d’ailleurs pour une meilleure inclusion des musulmans que l’événement a pris une étiquette religieuse. « Au début, on a refusé d’accoler le mot islam, pour ne pas paraître cloisonnés », explique Mohamed Nabil. C’est face au constat d’une image dégradée de leur religion qu’ils ont décidé de « montrer que les musulmans sont pleinement partie prenante de ce mouvement collectif ». Quelques participants non musulmans comme Twinnie Canno sont d’ailleurs venus par curiosité. En couple avec un musulman depuis huit ans, elle est ici « pour comprendre. »

L’écologie pour sensibiliser à la foi, et la foi pour sensibiliser à l’écologie. Pour Chahira Ait Belkacem, c’est essentiel. Elle présente le label Green Hajj, qui vise à sensibiliser les pèlerins sur l’inclusion des considérations éthiques et écologiques dans leur voyage à la Mecque. « Les croyants ont un rapport à la création qui est très fort, il faut en faire quelque chose de positif pour la planète. »

You may also like

Leave a Comment

This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.