Le mystère du briquet d’al-Houthi

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SHAFAQNA – Le discours de vendredi soir du chef du mouvement yéménite Ansarallah, dans lequel il a dénoncé l’alliance israélo-américaine contre la population de son pays victime depuis bientôt deux ans d’un « nettoyage ethnique » sans précédent, a suscité moquerie et dédain de la part de ses ennemis. Quelle en est la raison ?

En plein discours, Abdul-Malik al-Houthi a sorti de sa poche un « briquet », tout en évoquant « les dangers qui existent à pousser à bout le peuple yéménite ». Les sites saoudiens et ceux qui se revendiquent de la soi-disant coalition internationale ont vu dans ce geste « le désœuvrement d’un Houthi qui ne sait plus à quel saint se vouer, un Houthi qui n’a d’autres armes que son briquet et son discours ». Mais les Saoudiens ont-ils réellement vu juste ?

Alors que les médias en Arabie saoudite évoquent toujours l’existence d’un trafic d’armes à destination des forces de l’armée yéménite et d’Ansarallah depuis l’Iran, ce qui a d’ailleurs été démenti même par les Nations unies, les commentaires qu’ils proposent après le geste d’al-Houthi sonnent faux.

Les sources proches du leader d’Ansarallah sont en revanche bien confiantes. Elles disent que les Saoudiens ont très bien compris le message qu’Abdul-Malik al-Houthi a voulu leur faire passer, d’où leur réaction. L’Arabie saoudite ne s’est pas encore remise du choc que fut le missile Borkan 1 tiré contre une base saoudienne dans l’ouest de Riyad, attaque qui a provoqué la panique dans la capitale saoudienne au point de pousser certains « princes et roitelets » à quitter leurs palais pour se mettre à l’abri. Le « briquet » d’Abdul-Malik al-Houthi symbolise les « missiles surprises » que l’armée yéménite et ses alliés d’Ansarallah comptent désormais dévoiler et dont la portée irait même « au-delà de Riyad ».

Rai al-Youm, qui fait partie des rares journaux de la région dont les commentaires sont plus logiques que passionnels, ne croit vraiment pas que « ce briquet » soit un motif de plaisanterie : « À ses adversaires qui dépensent des millions de pétrodollars pour s’acheter armements et bombes, al-Houthi a lancé un défi : celui qui sortira vainqueur de la guerre ne sera pas forcément le plus riche mais le plus futé. Cela fait deux ans que les plans de guerre saoudiens vont d’échec en échec face à la bravoure, à la force de résistance et à la volonté d’acier des forces yéménites. Un briquet vaut parfois plus que des milliers de bombes. »

Des informations concordantes font aussi état de la prochaine entrée en scène des « drones de combats » des Houthis, drones capables de porter des charges explosives et de prendre de court l’armée saoudienne. Mais les surprises à venir n’en resteront pas là : Amin al-Chaami, analyste yéménite, aborde un autre aspect du fiasco de la guerre contre le Yémen : les déboires des alliés de Riyad.

« Bien que la coalition pro-Riyad, secondée par Israël et les États-Unis, multiplie les attaques contre le port d’al-Hudaydah dans le strict objectif de couper le nord du Yémen du reste du monde, ce port stratégique, le second après Aden en termes d’importance, reste toujours sous le contrôle des forces yéménites. Les assauts contre le port de Mocha sont aussi repoussés les uns après les autres, bien que les chasseurs et les navires saoudiens se soient livrés à des dizaines de frappes contre ce port et tentent d’y réduire à néant toutes les installations portuaires. Depuis que le destroyer saoudien a été pris pour cible, la coalition semble même prise de panique et s’acharne sur al-Hudaydah. Cela étant, la crainte est bien palpable et les prochains jours seront riches en désagréables surprises pour Riyad et ses alliés », a-t-il expliqué.

L’expert est revenu sur l’attaque au missile contre la ville de Riyad, une attaque « lourde de sens » non seulement pour l’Arabie saoudite et Israël, mais aussi pour les États-Unis de Trump, qui viennent de s’engager militairement au Yémen.

« Des données sur le terrain le prouvent : les Yéménites savent désormais comment fabriquer des missiles et la portée des engins qu’ils fabriquent est assez longue pour atteindre non seulement Riyad, mais aussi certains pays de la coalition comme le Soudan, le Qatar, Bahreïn et les Émirats arabes unis. Le Borkan 1 des Yéménites a survolé le sol saoudien avant de s’abattre très précisément sur une cible préétablie. Le missile a parcouru une distance de 1 200 kilomètres pour venir frapper des sites militaires, ce qui inquiète les parties qui vendent et exportent des armements en Arabie saoudite. Et puis les forces yéménites n’en resteront pas là si les pressions se poursuivent. Port-Soudan est une ville soudanaise située sur la côte ouest de la mer Rouge. C’est un port qui se trouve à 675 kilomètres de Khartoum et il est donc parfaitement à portée des missiles yéménites. C’est la porte ouest du pays et toute attaque contre cette artère principale pourrait provoquer la chute d’Omar El-Béchir. Il est grand temps que Riyad et ses alliés cessent de se moquer des forces militaires yéménites, car ces dernières semblent désormais avoir en leur possession des atouts insoupçonnés auxquels elles comptent recourir à la surprise générale. »

Source: Press TV Français

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