Le 3 du mois de Ramadan : l’anniversaire de la mort d’Ash-shaykh Al-Mufîd

by Seyyed
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SHAFAQNA – Le 3 du mois de Ramadan est l’anniversaire du décès d’Ash-shaykh Al-Mufîd. A cette occasion, SHAFAQNA présente un résumé de sa vie et de ses œuvres:

Muhammad b. Muhammad b. Nu’mân (en arabe: محمد بن محمد بن نعمان), (Décédé en 413 H, 1022), connu sous le nom de Ash-Shaykh Al-Mufîd (en arabe: الشيخ المفيد), est un des plus grands savants chiites duodécimains du quatrième et du cinquième siècle de l’hégire. Il est un des érudits qui ont fait vivre les sciences islamiques et qui ont propagé les enseignements du chiisme.

Avant Shaykh Al-Mufîd, on pratiquait souvent selon la signification apparente des hadiths au lieu de déduire les préceptes en profitant de la raison et des méthodes logiques. Ceci empêchait les érudits d’améliorer leur niveau et était un obstacle pour le progrès des sciences.

Shaykh Al-Mufîd se révolta scientifiquement contre cette pensée et a écrit un recueil des principes de la jurisprudence. Sa méthode de déduction des préceptes islamiques était au milieu de deux méthodes : celle de Shaykh As-Sadûq qui ne profitait que des hadiths et celle de Ibn Junayd qui se basait sur le Qîyâs (le raisonnement par analogie).

Pour déduire les préceptes islamiques, Shaykh Al-Mufîd a rédigé des principes dans son livre At-Tadhkira bi Usûl Al-Fiqh. Ensuite, Sayed Al-Murtadâ dans le livre Al-Dharî’â et Shaykh At-Tûsî dans le livre Uddat Al-Usûl, ont continué l’initiative de leur professeur. Shaykh Al-Mufîd avait aussi pris les principes de cette méthode, de son professeur Ibn Abî ‘Aqîl Al-Ummânî.

En remarquant son livre Al-I’lâm fîmâ Îttafaqat Al-Imâmîyya Alayhi min Al-Ahkâm, on peut considérer Shaykh Al-Mufîd comme le fondateur de la jurisprudence comparative. Après lui, Sayed Al-Murtadâ avec son livre Al-Întisâr, Shaykh At-Tûsî avec son livre Al-Khîlaf et ‘Allâma Al-Hillî avec son livre Tadhkîrat Al-Fuqahâ, ont complété et ont développé cette construction.

 

Sa généalogie

Muhammad b. Muhammad b. Nu’mân b. ‘Abd As-Salâm b. Jubir b. Nu’mân b. Saïd b. Jubayr b. Wuhayb b. Hîlal … b. Ya’rîb b. Qahtân.[1] Il ne faut pas prendre Saïd b. Jubayr qui fait partie des ancêtres de Shaykh Al-Mufîd pour Saïd b. Jubayr qui fut tué par Hajjâj b. Yûsuf Ath-Thaqafî.[2]

 

Sa vie

Son père l’a emmené à Bagdad. Il a commencé ses études de théologie chez les érudits comme : Abû ‘Abd Allah Husayn b. ‘Ali Al-Basrî, connu sous le nom de Ju’âl (qui était un des plus grands savants Mu’tazilites, dans la théologie et la jurisprudence) et Abû Yâsîr qui était l’élève du théologien connu, Abu Al-Jaysh Mudaffar b. Muhammad Khurâsânî Balkhî. Abû Yâsir lui a conseillé de participer aux cours de ‘Ali b. Îsâ Rummânî (un grand savant mu’tazilite). Après avoir discuté à propos d’un sujet scientifique et que Shaykh Al-Mufîd a gagné, Rummânî a écrit une lettre à Ju’âl, lui conseillant de prendre soin de Shaykh Al-Mufîd. Il a aussi donné le surnom de « Môfid » à Shaykh Al-Mufîd.[3]

À l’âge de quarante ans, il est devenu le chef des chiites dans la jurisprudence, la théologie et le hadith. Il faisait beaucoup de discussions avec les savants des autres courants islamiques pour défendre les croyances du chiisme. Il y avait plusieurs révoltes à son époque. Il fut trois fois banni, en l’an 392/1001, 398/1007 et 409/1018.[4] Cependant les califes de son époque l’appréciaient.
Dans les livres des biographes sunnites, on voit qu’ils l’ont beaucoup insulté. Cela nous montre qu’il avait une forte influence dans sa société et surtout parmi les sunnites.[5]

Dans les conflits religieux, on a plusieurs fois brûlé les quartiers chiites. Karkh, un quartier chiite et le centre du commerce de Bagdad (capitale abbasside) a été deux fois brûlé. A la fin de la vie de Shaykh Al-Mufîd, Qadîr, le calife abbasside a commencé à faire prisonnier, assassiner et bannir ses opposants, surtout les chiites.[6]

Shaykh Al-Mufîd avait beaucoup de qualités spirituelles. Il donnait des aumônes. Il était modeste. Il priait et jeûnait beaucoup.[7] Son beau-fils a dit:

« Pendant la nuit, il ne dormait que peu de temps, il commençait ensuite à prier, lire, enseigner ou réciter le Coran ».[8]

 

Ses enfants

Apparemment il avait deux enfants: Abu Al-Qâsim ‘Ali et une fille.[9]

 

Sa position scientifique

Il est rapporté que Shaykh Al-Mufîd a retenu les livres des autres courants (écoles juridiques) musulmans afin de pouvoir répondre à leurs questions et leurs critiques.[10] Il y avait des discussions scientifiques chez lui avec les savants des autres sectes religieuses. Son intelligence, sa connaissance, sa patience, sa façon très développée de parler avec les savants adversaires, lui permettaient de discuter avec les érudits de toutes les sectes.[11]
D’après Shaykh At-Tûsî:

« Muhammad b. Muhammad b. Nu’mân Mufîd, fait partie des théologiens chiites. A son époque, il était le chef des chiites duodécimains. Il était expert et érudit dans des différents domaines religieux comme: la jurisprudence, la théologie etc. Il était très intelligent et il a écrit environ 200 ouvrages ».[12]

Ibn Nadim dit:

« Il est le chef des théologiens chiites. je l’ai trouvé très intelligent et comme une personne qui n’a aucun semblable ».[13]

 

Son rôle dans le développement de la théologie, la jurisprudence et les principes de celle-ci

La jurisprudence chiite avant Shaykh Al-Mufîd

D’après Gurjî dans son livre « Târîkh Fiqh wa Fuqahâ »:[14]

« Avant Shaykh Al-Mufîd, la jurisprudence n’avait pas une telle méthode parmi les savants chiites. Ils ne rapportaient que les hadiths des Ahl Al-Bayt (a) avec leurs chaînes de transmission, sans ajouter aucune explication ou argumentation. Après, cette méthode a été un peu changée et les jurisconsultes se permettaient d’ajouter des argumentations et de donner des Fatwâ-s (des avis juridiques) selon la signification des hadiths. Le livre « Ash-Sharâyi’ » de Ibn Bâbiwayh, le père de Shaykh As-Sadûq et les livres « Al-Muqni’a » et « Al-Hidâya » de Shaykh As-Sadûq ont été écrits sous forme de la même méthode. A cette époque-là, la raison n’avait pas sa place dans la jurisprudence et cela empêchait le développement de la jurisprudence et des propos juridiques. Shaykh Al-Mufîd a enlevé cet obstacle ».

Fonder une nouvelle méthode juridique

Shaykh Al-Mufîd a fondé une nouvelle méthode pour la déduction des préceptes islamiques. Ses élèves, Sayed Al-Murtadâ et Shaykh At-Tûsî ont développé son idée. Ce modèle de déduction était un moyen entre celui de Shaykh As-Sadûq qui ne profitait que des hadiths, et celui de Ibn Junayd qui se basait sur le Qîyâas (le raisonnement par analogie). L’intellect (la raison) a un rôle très important dans ce modèle de déduction. Shaykh Al-Mufîd croyait que l’une des voies pour connaître profondément le Coran et les hadiths, est l’intellect (la raison). Il rejetait aussi les hadiths qui étaient en contradiction évidente avec les conclusions rationnelles. De même qu’il contredisait avec la méthode qui se basait seulement sur le hadith, il contredisait aussi avec le modèle qui ne profitait que du Qîyâs. C’est pourquoi il critiquait son professeur, Ibn Junayd qui croyait à ce dernier. Shaykh Al-Mufîd a écrit quelques livres pour infirmer les livres de son professeur. Les livres comme: « Naqd ar-Rîsâlat Al-Junaydi îla Ahli Mîsr » et « An-Naqd ‘Alâ Ibn Al-Junayd Fi Îjtihad Al-Ra’y ».
Shaykh Al-Mufîd dit à ce propos:

« Abû Ali Ibn Junayd a mélangé ses livres avec les préceptes incertains et a profité du Qiyas (le raisonnement par analogie) qui n’est pas accepté par nos savants. De cette façon, il a mélangé ses propres opinions avec les paroles des Ahl Al-Bayt (a). Même s’il séparait ces deux derniers, ses livres ne pourraient plus rester comme des preuves car il ne se basait pas toujours sur les hadiths qui ont plusieurs sources concordantes (Mutawâtir). Il profitait plutôt des hadiths rares et incertains ».

Donc, Shaykh Al-Mufîd a fondé un troisième modèle pour déduction les préceptes islamiques, entre le modèle de hadith de Shaykh As-Sadûq et celui du Qîyâs de son professeur Ibn Junayd.

Participer aux débats scientifiques

À son époque, les grands savants musulmans de tous les courants islamiques vivaient à Bagdad, le centre du gouvernement Abbasside. Ils se discutaient fréquemment sur les sujets religieux. Souvent, les califes étaient aussi présents dans ces discussions. Normalement, Shaykh Al-Mufîd y participait pour défendre les croyances du chiisme et pour répondre aux questions. Ces discussions se faisaient d’une façon qu’il ne restait aucune rancune dans les cœurs. Donc, lorsque Shaykh Al-Mufîd est décédé, les gens de Bagdad, que ce soit les sunnites ou les chiites, ont manifesté un grand deuil dans ses funérailles.
Du fait qu’il y avait plusieurs courants islamiques à son entourage, il a décidé d’écrire le premier ouvrage chiite concernant « la jurisprudence comparative » qu’il a nommé : « Al-I’lâm Bimâ Îttafaqat ‘Alayhi Al-Imâmîyya min Al-Ahkâm ». Après lui, Sayed Al-Murtadâ avec son livre Al-Intisâr, Shaykh At-Tûsî avec son livre Al-Khîlaf et ‘Allâma Al-Hillî avec son livre Tadkîrat Al-Fuqahâ ont continué son chemin.
Dans la préface de son livre « Al-I’lâm », Shaykh Al-Mufîd dit:

« J’ai recueilli les préceptes sur lesquels il y a l’unanimité des chiites, et les opinions des sunnites qui leur diffèrent ».

 

Ses professeurs

Il avait l’occasion d’étudier chez les grands savants chiites et sunnites, dans les différents domaines. Ses professeurs les plus connus sont les suivants:[15]

  1. Abû Bakr Muhammad b. Umar Ju’âbî (Mort en 355/965)
  2. Ibn Qûliwayh (Mort en 367/977)
  3. Abû Ghâlib Al-Zurârî (Mort en 368/978)
  4. Abû ‘Abd Allah Husayn b. ‘Ali Ju’âl Al-Basrî (Mort en 369/979)
  5. Shaykh As-Sadûq (Mort en 381/991)
  6. Ibn Junayd Iskâfî
  7. Muhammad b. ‘Umrân Marzbânî (Mort en 384/994)
  8. Ali b. Isâ Ar-Rummânî (Mort en 384/994)

 

Ses élèves

Les élèves de Shaykh Al-Mufîd sont très connus dans le monde chiite. Parmi eux, on peut mentionner les noms suivants:[16]

  1. Sayed Ar-Radî (M 406/1015)
  2. Sayed Al-Murtadâ (M 436/1044)
  3. Abu Al-Fath Al-Karâjakî (M 449/1057)
  4. An-Najâshî (M 450/1058 ou 463/1070)
  5. Shaykh At-Tûsî (M 460/1067)
  6. Sallâr Ad-Daylamî (M 463/1070)
  7. Abû Ya’lâ Muhammad b. Hasan Ja’farî (M 463/1070)

 

Ses ouvrages

  1. Al-Irshâd fî Ma’rifat Hujaji Allah ‘Ala Al-‘ibâd. C’est le premier livre qui concerne la vie des Ahl Al-Bayt (a)
  2. Al-Muqni’a. C’est un des plus anciens des livres juridiques. Shaykh At-Tûsî l’a interprété dans son livre Tahdîb Al-Ahkâm (un des quatre livres principaux du hadith chiite)
  3. Al-Jamal wa An-Nusra Li Sayed Al-Itrat fî Harb Al-Basra.
  4. Al-Amâlî
  5. Al-‘Uyûn wa Al-Mahâsin: Ce livre raconte les débats scientifiques de Shaykh Al-Mufîd avec les savants des autres sectes.
  6. Awâ’il Al-Maqâlât fî Al-Madhâhib wa Al-Mukhtârât. Ce livre concerne les croyances théologiques des chiites.
  7. Al-I’tiqâd bi Sawâb Al-Intiqâd. Dans ce livre, il critique les opinions de Shaykh As-Sadûq
  8. Al-Ifsâh fi Al-Imâmat. Ce livre contient les arguments qui prouvent la succession de l’Imam ‘Ali (a) juste après le Prophète (s)
  9. Al-Mas’alat Al-Kâfîya fî Ibtâl Tawbat Al-Khâtîya. Dans ce livre, il parle du repentir de Aïcha, Talha et Zubayr.
  10. Al-Mazâr. Ce livre a deux volumes. Dans le premier il parle des mérites de Kûfa et Karbalâ et de visiter la tombe de l’Imam ‘Ali (a) et l’Imam al-Husayn (a). Dans le deuxième, il parle de la visite de la tombe du Prophète (s), celle de Fâtima Az-Zahrâ (a) et les autres imams.[17]

 

Références

 

  1. Rijâl An-Najâshî, p 399
  2. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayrî, p 7
  3. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 8-9
  4. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayrî, p 24
  5. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 25
  6. Na goftéhaî az hayat Shaykh Mofid, p 95-97
  7. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 26
  8. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 26
  9. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 118
  10. Siyar A’lâm Al-Nubalâ, v 17 p 344
  11. Guzarî bar Hayât Shaykh Mufîd, Shubayri, p 23-24
  12. Al-Fihris, Shaykh at-Tûsî, p 238
  13. Al-Fihriss, Ibn Nadim, p 236
  14. Târîkh Fiqh wa Fuqahâ, p 144
  15. Tarikh Fiqh wa Fuqahâ, p 143
  16. Târîkh Fiqh wa Fuqahâ, p 143
  17. Târîkh Fiqh wa Fuqahâ, p 144

 

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