On peut remarquer que c’est la métaphore et non l’assimilation qui prédomine le texte dans cette partie: «ont fait cesser les murmures des Satans», «les canailles de l’hypocrisie», «le nœud de la mécréance», «goutte d’eau pour l’assoiffé», «une flamme pour les gens pressés», «les loups des arabes», «la corne de Satan»etc… La raison artistique de ce choix du style métaphorique est que probablement le sermon ne cherche pas ici à faire connaître les principes du Coran pour convenir au style assimilatif, mais à présenter les combats et le jihad, ce qui requiert des métaphores qui confèrent à ce phénomème le caractère d’un autre phénomène ou qui mettent à nu les louvoients et les déviations qui marquent le comportement, comme lorsque les murmures sont prêtés aux satans, le nœud à la mécréance, la corne à l’égarement…
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Outre la métaphore, la métonymie et le symbole occupent une bonne place dans cette partie. L’exemple en est «lieu de la pose du pied» «al-nuqqar al-bîdh/ les blancs», “al-khumâç/ le ventre plat». Notons que le symbole vise à dévoiler ce qui est illimité ou indiquer quelque chose à travers un masque particulier, comme lorsque les «véridiques» sont désignés par la métaphore «le ventre plat/ al-khomâç» et les abstinents par «les blancs/ al-nuqqar al-bîdh», ou encore pour désigner le trait de la servilité illimité par l’expression «le lieu de la pose des pieds/ mawdhi‘-il-aqdâm» car celle-ci indique le dernier degré que l’on puisse imaginer de la servilité, le pied étant le symbole de la bassesse, du piétinement au sens le plus large du terme.
En tout état de cause toutes ces figures de style ou de rhétorique: les métaphores, les symboles, les références implicites ou explcites aux éléments coraniques contribuent activement à éclaircir les significations spécifiques que le sermon vise. Par exemple, lorsque la noble al-Zahra’ vise à décrire la société préislamique par ses traits les plus vils dont la servilité ou la peur, on la voit recourir aux citations implicites ou explicites des éléments coraniquestels que «craignant de vous faire enlever par des gens»(5), aux symboles «les lieux de la pose du pied» et à la métaphore «goutte d’eau pour l’assoiffé» et ainsi de suite» Ces images (symboles, éléments coraniques, métaphore) expriment l’état de peur et de servilité dans son sens le plus large.
Il en va de même pour tous les phénomènes et traits caractéristiques. Ainsi lorsqu’elle vise par exemple à présenter les traits du Prophète (P), elle fait appel aux mêmes outils d’expression, c’est-à-dire (métaphore, éléments coraniques implicites ou explicites): «frappant leur centre», «Appelant au chemin de son Seigneur», «se détourant du chemin des polythéistes».
Cette façon de présenter ces traits exprime leurs significations les plus larges et les plus intégrales: par exemple «frapper le centre» tel qu’il est exprimé en arabe métaphorique «dharb-al-thabaj» signifie l’anéantissement du centre ou le mouvement militaire qui incarne la force de l’ennemi, et le détournement du chemin des polythéistes dénote l’ecrasement de leurs traditioins, la communication du Message d’Allah par «la sagesse et les bonnes paroles» est la manière idéale dans des contextes excluant la solution militaire. Il en va de même pour son ébauche des traits des différents types des déviationnistes, comme dans l’image métaphorique «les loups des arabes», l’image implicitant un élément coranique «les insoumis des gens du livre», et l’image symbolique «le groupe féroceparmi les polythéistes»; chacune de ces images dévoilent la fourberie des différents types de l’ennemi «les loups», les plus louvyants parmi eux «maraddah/ les indociles», les plus féroces «le serpent et les lions / fagharet fâghirat..,» Ainsi les trois niveaux de l’image, et les significations de la situation liées aux traits de la personnalité du Prophète (P) dans son jihad missionnaire (communiquer le message) et militaire, et aux traits de la soicété obscurantiste (sa décadence culturelle et sa fuite face au Message) à laquelle il était missionné, ces significations jouent leurs rôles vivants dans l’éclaircissement des situations comme nous venons de le voir.
Sur le plan rythmique: Il faut savoir que cette partie (comme toutes les autres) n’emploie jamais un son (dans un mot) sans qu’il ne soit soumis à la même précision sémantique dans le choix de l’image, de l’événement, de la situation et leur place dans le sermon. Ainsi nous remarquons que la situation ou l’événment que ce soit dans une unité parielle (phrase) ou sa grande unité (une série de phrases) choisit des finales(6)soient indépendantes soient unies (rimées), selon l’exigence de la signification pour la situation ou l’événement. Ainsi, lorsque la sainte Fatimah dit: “lâ aqûlu ghalatan (je ne parle pas faussement ou injustement) wa lâ af‘alu mâ af‘alu chatatan», (je ne fais pas ce que jefais injustement), elle unifie (rime) les deux finales (ghalatan, chatatan), car la situation impose l’unification de ces deux finales pour qu’elles s’harmonisent avec le contenu sémantique des deux phrases, qui énonce que chez Fatimah l’acte ne diffère pas de la parole (elle agit et parle correctement), mais lorsqu’elle (p) décrit le jihad du Prophète (P) sous les différentes formes de son action, elle (p) utilise des finales non rimées:
Fa-ballagha-l-risâlati çâdi‘an
Mâ’ilan ‘an madarajat-il-muchrikîn
Dhâriban thabajahum
Âkhithan bi-akdhâmihim
Dâ‘iyan ilâ sabîli rabbihi bi-l-hikmati wa-l-maw‘idhat-il-hasanati
Ici les finales : “muchrikîn, Thabajahum, akdhâmihim, hasanati” sont indépendantes et rythmiquement non unies, et ceci à cause de la variété du mouvement du Prophète (P). En effet «la communication du Message» diffère du «détournement des traditions des polythésites», le premier étant un acte verbal, alors que le second est un acte cordial. Il en va de même pour les autres détails de la situationou de l’événement. Mais lorsque le sermon poursuit la relation de ce thème pour en aborder l’aspect militaire, il unifie les finales:
«Yuksir-ul-açnâma, wa yankuth-ul-hâma»
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parce que les deux contenus qu’expriment ces deux phrases ne sont pas séparés l’un de l’autre: d’une part, tous les deux sont des actions, et d’autre part, ces deux actios sont identiques: briser l’idole et briser son adorateur. De là, les finales rimées.,
Enfin il ne faut pas oublier les traits semantiques liés aux outils d’analogie, d’oppositiion, de symétrie, de répétition ou de consécution. Dans le domaine de la consécution par exemple, nous avons cette série:
«“Muthqat-ach-châribi, wa nuhzat-at-tâmi‘i, wa qubsat-al-‘ajlâni, wa mawti’-il-aqdâmi “
«bi-hammi-ri-jâli, thu’bân-il-‘arabi, maraddata ahl-il-kitâbi»
“Dhâriban thabajahum, âkhithan bi-akdhâmihim, Dâ ‘iyan ilâ sabili rabbihi…»
Et dans le domaine de l’opposition :
-«mon père à moi, à l’exclusion de vos femmes;
La voilà (la sainte Zahra) donc en train de dessiner les traits de l’environnement islamique pendant les années de lutte contre les poythéistes, c’est dire qu’elle dresse le portrait des attitudes de ses auditeurs face au jihad du Prophète (P) et de l’héritier présomptif, en dénonçant ceux qui étaient réunies face à elle, lesquels pendant que l’Imam Ali (p) était «épuisé pour la cause d’Allah», «proche du Messager d’Allah», «livrant combats aux déviationnistes», se trouvaiuent:
«dans une vie d’aisance/ fî rafâhiyyatin min-al‘ aychi»
«tranquilles/ wâdi‘ûn»
«en distraction/ fâkihûn»
«en sécurité/ âminûn» etc
Non seulement cela, mais ils s’attendent à des mauvaises nouvelles (pour les Musulmans), et fuyaient les combats !!! Quoi encore ? Après le décès du Prophète (P), ils ont retourné leurs vestes et:
«Dhaharat fîkum hasîkat-un-nifâqi86(14)(la rancune de l’hypocrisie fit surface en vous) ou(Apparaît en vous alors l’hostilité de l’hypocrisie)
Wa samala jalbâb-ud-dîni(15)
Et celui qui retenait sa haine parmi les faux a enfin parléWa nataqa kâdhim-ul-ghâwîni(16)
Et est apparu ostensiblement le plus insignifiant des serviles
Wa nabagha khâmil-ul-aqallîna(17)
Et le dignitaire des pervers a grondé
Wa hadara fanîq-ul-mubtilîn(18)
Ici -avant de suivre la continuité de la description de la situation-il convient de nous arrêter à l’architecture du texte dans la partie dont nous traitons maintenant. Notons que d’une part cette partie met en scène deux milieux ou environnements 1-le milieu d’avant le décès du Prophète (P), 2-le milieu d’après son décès, et d’autre part, elle a dessiné deux traits: 1-l’ébauche des deux milieux en question, 2-La «répétition» des caractéristiques du Livre d’Allah –puisque la sainte Fatima a indiqué, au début de la troisième partie du sermon, (après la préambule et les Deux Attestations de Foi, c’est-à-dire lorsqu’elle a abordé le sujet central) qu’Allah leur a confié Son Livre qu’elle a décrit comme étant «la lueur éclatante, la lumière brillante, la clairvoyance évidente, les arrière-fonds devoilés etc …», alors que maintenant, dans le nouveau contexte elle dessine les traits caractéristiques du Coran aussi, mais en précisant que ses auditeurs l’ont laissé derrière leurs dos, (comme nous allons l’expliquer tout à l’heure), ce qui montre que l’architecture artistique de cette partie du sermon et son lien avec ce qui le précède et ce qui lui succède, est d’une esthétique et d’une sloidité évidentes.
À Suivre …
Notes :
1- Sourate le Repentir (al-Tawbah): 128 /9
2-Cf sourate al-Nahl: 16 /125:“Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieuxcelui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.»
3-Sourate al-Anfâl: 8 / 26
4-Sourate al-Mâ’idah (La Table Servie): 5 /64.
5-“Et rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur terre, craignantde vous faire enlever par des gens.Il vous donna asile, vous renforça se Son secours et vous attribua de bonnes choses afin que vous soyez reconnaissants”(al-Anfâl, le butin 8/26)
وَاذْكُرُوا إِذْ أَنْتُمْ قَلِیلٌ مُسْتَضْعَفُونَ فِي الأَرْضِ تَخَافُونَ أَنْ یَتَخَطَّفَكُمْ النَّاسُ فَآوَاكُمْ وَأَیَّدَكُمْ بِنَصْرِهِ وَرَزَقَكُمْ مِنْ الطَّیِّبَاتِ لَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ(26 ) (الانفال 8)
6-Finale :Syllabe ou éléments en dernière position dans un mot ou une phrase.
15-وَسَمَلَ جِلبْابُ الدّينِ،
16-وَنَطَقَ كاظِمُ الْغاوِي
17-وَنَبَغَ خامِلُ الأَقَلِّینَ
18-فَنیقُ المبطلینوھدَر