L’analyse stylistique du 1er sermon de Fâtimah al-Zahrâ (S.A) (Partie 5)

by Pey Bahman Z
SHAFAQNA – Ce qui suit fait partie du livre Analyse stylistique des Sermons de Fatima al Zahrâ’ (p), Compilé et traduit, annoté et édité par: Abbas Ahmad al-Bostani, sélectionné par SHAFAQNA.

En tout état de cause, le sermon, après avoir dessiné les linéaments du nouveau changement social, puis le décès du Prophète (P), se dirige, comme nous l’avons dit, vers l’exposition du sujet principal, en s’appuyan sur des outils artistiques subtils comme nous allons le voir maintenant: Pour aborder le sujet visé, le sermon commence par s’adresser à l’assemblée de compagnons, composée de «ançâr/ Partisans) et de «Muhâjirîn/ Émigrants), après un préliminaire savamment formulé dans lequel la sainte Fatima leur rappelle ingénieusement ce qu’ils sont censés être :

«vous êtes les protecteurs de la religion et les confidents d’Allah le Très-Haut et Ses émissaires auprès des nations»

,أَنْتُمْ عِبادَ اﷲ نُصْبُ أمْرِهِ وَنَھْیِه وَحَمَلَةُ دینِھِ وَوَحْیِه
 ،Antum ‘ibâd-ullâhi naçbi amrihi wa nahyihi wa hamalatu dînihi wa wahyihi,ِ

et un héritage qu’Il a laissé comme Son lieutenant auprès de vous

وَبَقِیَّةٌ استَخْلَفَھا عَلَیْكُمْ Wa baqiyyatun istakhlafahâ ‘alaykum

Le Livre parlant d’Allah

كِتابُ اﷲِالنّاطِقُ Kitâb-ullâh-il-nâtiq

Le Coran véridique

والقُرْآنُ الصّادِقُ، Wa-l-qur’ân-al-çâdiq etc

et la Lumière brillante

وَالنُّورُ السّاطِعُ Wa-n-nûr-as-sâti’a

Et la Lueur éclatante.

وَالضِّیاءُ اللاّمِعُ، Wa-dh-dhiyâ’-al-lâmi’a

Ses arguments sont évidents

iبَیِّنَةٌ بَصائِرُهُ Bayyinatun baçâ’irih

Ses intentions (significations) profondes (ésotériques) sont dévoilées

مُنْكَشِفَةٌ سَرائِرُهُ Munkachifatun sarâ’irihi

Ses significations apparentes sont clairement découvertes

مُتَجَلِّیَةٌ ظَواھِرُهُ Mutajalliyatun dhawâhirihi

Ses adpetes en sont heureux

مُغْتَبِطَةٌ بِه أَشْیاعُه Mughtabitatun bihi achiyâ’ihi

Il guide vers le contentement ceux qui le suivent

قائِدٌ إلى الرِّ ضْوانِ اتّباعُھُ Qâ’idun ilâ-r-ridhwâni ittibâ’ahu

L’écouter conduit au salut

مُؤَدٍّ إلى النَّجاةِ إسْماعُه Mu’addin ilâ-n-najâti ismâ’ahu

À lire aussi: L’analyse stylistique du 1er sermon de Fâtimah al-Zahrâ (S.A) (Partie 4)

Cette constellation d’images et bien d’autres que nous omettons de mentionner ici demeure en réalité desprologues artistiques au sujet principal, car recourir aux citations coraniques pour laisser entendre que cette assemblée de compagnons représente ce que le Livre d’Allah a laissé comme héritage pour la Communauté, vise à mettre ces gens devant leur responsabilité, responsabilité qui leur a été dévolue par le noble Coran, surtout que la sainte Fatimah parle de ce sujet dans un langage clair mais imagé, pour souligner la symétrie entre les arguments coraniques qui brillent de clarté et ceux du droit légitime de l’Imam Ali (p) à la succession du Prophète (P). Le sermon a fait recours à des images qui reflètent ce qui est “parlant / nâtiq”, “véridique / çâdiq”, “éclatant /sâti'”, “brillant /lâmi'”,”clair/bayyin”, “dévoilé /munkachif”, “patent / jaliyy”, puisque la véracité, la brillance, la clarté, l’éclat etc sont des vocables soigneusement choisis pour désigner l’évidence de la preuve (argument) et l’évidence de la situation. Et avec ces deux évidences, il ne reste aucune excuse pour la décision injuste d’ignorer la continuité de l’Imamt de l’Imam Ali (p) après la disparition du Prophète (P). Ici nous voudrions attirer l’attention du lecteur sur l’importance de ce type de la présentation du linéament du noble Coran, lequel se caractérise par des traits qui touchent tous les aspects : dogmatiques, éthiques, sociaux, économiques, scientifiques etc. Toutefois le sermon n’a pas abordé tous ces traits, mais un seul d’entre eux à savoir “la clarté, la brillance, la véracité, l’évidence etc.” du saint Livre d’Allah, pour lier entre la clarté de toutes les vérités précitées et l’évidence de la situation que les compagnons présents ne doivent pas ignorer. Ce style incarne, nous le répétons, l’une des formes de la structure artistique la plus solide en raison de l’enchevêtrement des sujets et leur lien organique, comme nous l’avons expliqué. Nous devrions projeter la lumière sur cette image assimilative pour plusieurs raisons. La première raison en est que les images ont été choisies ici assimilatives et non métaphoriques ni analogiques, comme les images suivantes et contrairement à celles du second sermon où la métaphore constitue l’élément dominant.

À lire aussi : L’analyse stylistique du 1er sermon de Fâtimah al-Zahrâ (S.A) (Partie 3)

La raison en est que l’image assimilative se compose de deux phénomènes dont l’un est le même que l’autre ou sert à le définir. Ainsi lorsque nous disons par exemple que “le Coran est une lumière éclatante”, la signification en diffère de l’énoncé “le coran est comme la lumière éclatante” ou encore “la lumière du coran”, remplissent une fonction différente de celui “le Coran est une lumière éclatante”, puisque l’analogie ou la comparaison “le coran est comme la lumière éclatante”, dénote l’existence d’un objet de pensée commun entre le Coran et la lumière, et que la métaphore “la lumière du Coran” confère au Coran le caractère de la lumière, alors que l’assimilation “Coran est une lumière éclatante”, définit le Coran comme étant la lumière, c’est dire que le Coran est ‘incarnation, assimilation, intégration de la lumière, ou unification, fusion avec elle, et non pas comme lalumière ou qu’il revêt le caractère de celle-ci. Quant à la justification artistique du choix de l’assimilation même, c’est que le sermon vise à définir le noble Coran comme étant un livre “parlant”, “véridique”, “éclatant”, “brillant”, etc. Et toutes cesexpressions forment une définition de la vérité du Coran. C’est pourquoi les images doivent être assimilative pour que le sujet s’identifie ou s’assimile à la nature de l’image artistique. En tout état de cause , le sermon après avoir terminé de présenterles images du Coran à travers les images “assimilatives”, s’oriente vers la présentation d’autres types d’images “assimilatives”, mais cette fois-ci pour offrir “des définitions ou des images assimilatives” non sur le plan de la clarté des arguments coraniques, mais pour insérer les Principes divins (les statuts légaux / ahkâm, les croyances / ‘aqâ’id, la morale /akhlâq–tout en insistant sur les statuts légaux). La raison artistique qui se cachent derrière ce procédé est que les les vocables présentés sont l’incarnation des principes qu’avait apportés Mohammad (P) et qui ont sauvé la société en la sortant des ténèbres vers la lumière, mais que ces gens (l’actuel équipe califale de l’époque) ont ignorés et reniés après le décès du Messager d’Allah.

Examinons maintenant quelques exemples de ces nouvelles images assimilatives :

-(Aussi Allah a-t-Il fait de la Foi pour vous une purification du polythéisme )

Fa-ja‘alallâhu-l-îmâna tat-hîran lakum min-ach-chirki

فَجَعَلَ اﷲُ الإیمانَ تَطْھیراً لَكُمْ مِنَ الشِّرْكِ ،

-Et de la Prière, un éloignement de l’orgueil)

(Wa-ç-çalâta tanzîhan lakum ‘an-il-kibri)

وَالصَّلاةَ تَنْزِیھاً لَكُمْ عَنِ الكِبْرِ،

-(Et du zakât, un assainissement de l’âme et une augmentation de la subsistance)

Wa-z-zakâta tazkiyatan li-n-nafsi wa namä’an fî-r-rizqi

والزَّ كاةَ تَزْكِیَةً لِلنَّفْسِ وَنَماءً في الرِّزْق،

(et du jeûne, un raffermissement de la sincérité)

Wa-ç-çiyâma that-bîtan li-l-ikhlâçi

والصِّیامَ تَثْبیتاً للإِخْلاصِ

(et du Pèlerinage, une édification de la Religion)

Wa-l-hajja tachyîdan li-d-dîni

والحَجَّ تَشْییداً لِلدّینِ

(et de la Justice, une harmonisation des cœurs)

Wa-l-‘adla tansîqan li-l-qulûbi

وَالعَدْلَ تَنْسیقاً لِلْقُلوبِ،

(et du fait de nous obéir un systèmepour la nation)

Wa tâ’atinâ nidhâman li-l-millati

وَطاعَتَنا نِظاماً لِلْمِلَّ ةِ،

-(et de notre imamat une sécurité contre la division)Wa imâmatanâ amânan min-al-firqatiوَإمامَتَنا أماناً مِنَ الْفُرْقَةِ،

Etc…..

À lire aussi : L’analyse stylistique du 1er sermon de Fâtimah al-Zahrâ (S.A) (Partie 2)

Comme on peut le constater, cette série d’images «assimilatives» incarne la «définition» des Principes divins, à commencer par la Foi, en passant par la Prière, le Zakât, le jeûne etc…pour parvenir à «l’obéissance aux Ahl-ul-Bayt (p)» et à «l’Imamat», lesquels constituent, ne le perdons pas de vue, les deux incarnations du sujet principal visé par Al-Zahra’ (p) dans son sermon, l’obéissance à la Famille purifiée du Prophète (P) qui forme l’un des Deux Poids (al-Thaqalayn» incarnant le système ou l’Ordre de la Umma, et l’imamat, l’assurance contre la division. Il est clair que le système signifie la réaliasation de l’équilibre social de la nation (lequel ne se réalise que par l’obéissance aux Ahl-ul-Bayt, selon l’excpression de la noble al-Zahrâ), alors que l’Imamat est le couronnement de cet équilibre social puisqu’il est l’assurance contre la division, donc un appui audit équilibre. Et effectivement le non-respect de ces deux principes essentiels (obéissance et Imamat) a conduit, comme on le sait, à la division à l’époque du Saqîfah et jusqu’à nos jours, comme l’a si bien prédit la Noble Fatimah. Le sermon poursuit l’exposé d’une série des principes islamiques tel que le commandement de faire le bien (al-amr bi-l-ma’arûf), la bienfaisance envers les parents, le talion, la fidélité etc….et il conclut ce passage par:

(Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission) (1)

Et obéissez à Allah pour ce qu’Il vous a ordonné..

Comme on peut l’aprecevoir, cette conclusion se lie organiquement à ce que la noble Dame a dit, à savoir que l’obéissance aux Ahl-ul-Bayt (p) est un système pour la Communauté, que l’Imamat est une assurance contre la division et que le commandement du bien est l’un des principes de la Religion. Et la volià qui met en pratique ce principe (le commandement du bien) à travers ce sermon et réclame l’obéissance…

Donc la fin de cette série d’images «assimilatives» marque une progreession ou un développement organique de ce qu’elle (la série) avait énoncé, développement par lequel elle va entrer dans le vif du sujet ou le sujet visé, lorsque la noble Dame s’adresse à l’assemblée ainsi:

Sachez que je suis Fatimah, et que mon père est Mohammad (P), je le dis du début à la fin…..

اعْلَمُوا أنِّ ي فاطِمَةُ، وَأبي مُحمَّ دٌ صَلَّ ى اﷲُ عَلَیْھِ وَآلِھِ،أَقُولُ عَوْدا

Et: «Mon père et pas le père d’aucune de vos femmes, et le frère de mon cousin et pas le frère d’aucun de vos hommes…. et il a communiqué le Message….»(2)

Etc…

Mais avant de dire cela elle a pris soin de souligner:

«Et je ne dis pas ce que je dis à tort, ni ne fais ce que je fais indûment»

Lâ aqûlu mâ aqûlu ghalatan, wa lâ af’alu mâ af’alu chatatan
وَلا أقُولُ ما أقُولُ غَلَطاً، وَلا أفْغَلُ ما أفْعَلُ شَطَطاً

Ces types d’allusions au «lien de parenté» et avant au fait qu’elle ne parle pas à tort ni n’agit indûment, constituent un outil artistique pour faire passer un message spécial qu’elle vise en vue de préparer le terrain à la présentation de quelque chose encore plus important… En outre l’évocation du lien de parenté de cette façon spéciale «le frère de mon cousin et non d’aucun de vos hommes» en parlant de son père (P), c’est-à-dire en liant entre son père et l’Imam Ali (p) et en l’appellant le «frère» du «cousin» est une subtilité artistiquetrès significative. De même le fait d’évoquer son lien de parenté avec son père en précisant qu’il est son père à l’exclusion de toute autre femme va dans le même sens, puisque ce lien de parenté s’enchevêtre dans le concept de l’Imamat pour renforcer sa position et montrer qu’elle sait petinemment ce qu’elle dit (et non pour mettre la parenté en évidence en tant que telle).

À Suivre …

Notes :

1-Sourate âle ‘Imarân: 4/102 : {فَاتَّ قُوا اﷲَ حَقَّ تُقاتِهِ وَلا تَمُوتُنَّ إلا وَأنْتُمْ مُسْلِمُونَ {وَ أطیعُوا اﷲَ فیما أمَرَكُمْ بِهِ

2-أبي دُونَ نِسائِكُمْ، وَأخا ابْنِ عَمَّ ي دُونَ رِجالِكُمْ، وَ لَنِعْمَ الْمَعْزِيُّ إلَیْهِ صَلى اﷲ علیه وآله .فَبَلَّ غَ الرِّ سالَةَ

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