L’Académie française met en garde contre l’écriture inclusive

by Reza

SHAFAQNA – La Croix / Denis Peiron : Le choix des mots. Le poids des mots. S’invitant dans le débat sur l’écriture inclusive, l’Académie française n’y va pas de main morte. La vénérable institution fondée par Richelieu évoque sans ciller le « péril mortel » que fait peser sur notre langue cet outil destiné à combattre les stéréotypes liés aux sexes et à promouvoir ainsi l’égalité hommes-femmes.

Les tenants de cette écriture, parmi lesquels des féministes, proposent notamment d’introduire un nouveau signe de ponctuation, « le point milieu ». Ils – et elles, ajoutera-t-on pour suivre une autre de leurs préconisations – suggèrent d’écrire « les candidat·e·s à la présidence de la République », plutôt que simplement « les candidats », règle qui, soutiennent-ils (et elles) rend les femmes invisibles.

Une « aberration » selon les académiciens

Dans sa « solennelle mise en garde », adoptée à l’unanimité de ses membres, l’Académie française parle de l’écriture inclusive comme d’une « aberration ». Face à ce danger, soutient-elle, « notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures ».

« La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques [que l’écriture inclusive] induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture, visuelle ou à voix haute, et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs », soulignent les académiciens.

Des enjeux de francophonie

Ils invoquent aussi les risques encourus par la francophonie (275 millions de locuteurs dans le monde aujourd’hui et possiblement près de 700 millions à l’horizon 2050). Ses « promesses » se verront « anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète ».

De rares manuels scolaires commencent à intégrer l’écriture inclusive, ce qui a provoqué ces dernières semaines de vifs débats. L’application de ses règles est également encouragée par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, dans son Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe, publié en 2015.

You may also like

Leave a Comment

This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.

The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.