La vie conjugale sous la lumière de l’Islam: L’harmonie des deux époux

by Sa Ma
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SHAFAQNA – Ce qui suit est une partie du livre “La femme en Islam” de feu Ayatullah Sayyed Mohammad Hussein Fadlallah.

Il est naturel que la correspondance entre une personne et une autre au niveau de l’âge, de la culture et des conditions sociales soit responsable de la réussite de la relation qu’elles cherchent à nouer entre elles. Il en est ainsi car une telle correspondance crée, entre les deux parties, une sorte de rapprochement spirituel, culturel, affectif et social et il est impossible de réaliser un tel rapprochement, d’une manière naturelle et normale, si ces éléments ne sont pas communs aux deux parties de la relation. L’être humain ne se sent pas étranger ou perdu lorsqu’il vit avec un autre être humain qui lui ressemble sur les plans du milieu, sur celui de la situation et sur celui de l’appartenance. Il ne se sent pas étranger car il ne sent pas qu’il a perdu quelque chose de son tempérament, de sa vie sociale ou des ses dispositions générales ou particulières. Il s’agit là de choses tout à fait naturelles et un certain poète a dit à ce sujet: 

“Toute chose épouse la chose qui lui ressemble” 

Pourtant, et lorsque nous nous penchons sur les profondeurs de la question considérée dans ses détails, nous ne trouvons pas que cela constitue une ligne ou une règle générale qui conduit au succès. Car l’être humain qui sent le besoin de trouver une personne qui correspond à lui, qui lui ressemble et lui convient et qui le met à l’abri de la solitude peut avoir besoin d’une personne qui lui est différente, qui l’ouvre à d’autres horizons qui sont étrangers à sa réalité actuelle. On peut donner un exemple: la relation conjugale peut être un lieu de rencontre entre de deux personnes: entre un jeune homme et une jeune fille qui correspondent parfaitement, l’un à l’autre, du point de vue de la vitalité physique qui peut leur procurer une sorte de satisfaction instinctive qu’on peut ne pas trouver dans les cas où les deux conjoints appartiennent à des tranches d’âge différentes, surtout lorsque la différence est sensible. Il se peut qu’ils mènent bien leur vie dans le climat des plaisirs et des futilités que leur permet la jeunesse. Mais il se peut aussi que d’autres personnes du même âge mènent leur vie sous les signes du calme et de la tranquillité. Elles goûtent aux mêmes plaisirs et retrouvent, en même temps, une vitalité nouvelle. D’autres personnes peuvent sentir qu’elles ont besoin d’autres choses encore qui existent chez le conjoint. L’un des deus conjoints peut être cultivé alors que l’autre dispose de l’expérience et de la maturité. L’un des deux conjoints peut avoir une bonne situation sociale alors que l’autre jouit d’une bonne culture, de la maturité ou d’une bonne situation économique, et ainsi de suite… dans tous les autres domaines dont les éléments participent à déterminer les rapports des gens dans la vie. 

Ainsi, il ne nous est pas possible, lorsque nous étudions la réalité d’une manière normale et naturelle, d’arriver à une conclusion unique et définitive voulant que la correspondance d’âge ou de niveau culturel est ce qui constitue l’élément vital responsable de la réussite de la vie conjugale, même si cet élément joue le rôle fondamental et le plus déterminant. On peut trouver beaucoup de cas, sur tous les plans et chez les peuples primitifs ou avancés, où le mariage peut réussir entre un homme de soixante ans et une femme de trente ans, alors que le mariage peut ne pas réussir entre une femme de trente ans et un homme de trente-cinq ans. Cela s’explique par le fait que la femme de trente ans peut avoir besoin de certains éléments qu’elle trouve chez l’homme de soixante ans et non pas chez celui de trente-cinq ans. Il n’est pas toujours nécessaire que l’aspect sexuel soit l’élément fondamental et on peut justifier des interrogations du genre: “comment une personne aussi jeune peut-elle vivre avec une personne d’âge aussi avancé?”, en répondant que certains éléments que présente une personne peuvent avoir, aux yeux d’une autre personne, une importance beaucoup plus grande que le côté physique ou instinctif. 

Il est possible qu’une telle satisfaction s’opère aux dépens de l’élément sexuel. Car en étudiant la réalité existante actuellement dans les sociétés dites civilisées, comme c’est le cas des peuples européens et américains, nous constatons qu’il existe beaucoup de mariages réussis bien que les conjoints appartiennent à des tranches d’âge très distanciées. 

Ce genre de mariages représente des cas typiques dans l’existence humaine dans la mesure où il est possible que le mariage d’un homme cultivé avec une femme non instruite soit plus réussi que le mariage de deux personnes cultivées. Il en est ainsi car ce type de personne ne cherche pas à vivre, dans sa maison, les préoccupations de la femme consciente et cultivée, mais plutôt celles d’une femme prête à mener une vie intérieure limitée. De même, il se peut qu’une femme cultivée ne sent pas le besoin de vivre avec une homme cultivé dans la mesure où cet homme cultivé peut se “complexer” du bon niveau culturel de sa femme, ce qui peut, à ses yeux, porter atteinte à l’historique mentalité hautaine et virile de l’homme qui suppose que sa raison est toujours la meilleure. Dans un tel cas, il ne lui convient pas de se trouver avec une femme dont la situation culturelle est équivalente à la sienne. Il lui faut donc une femme qui satisfasse son orgueil par son niveau culturel inférieur. 

Il existe aussi une mentalité qui considère le facteur sexuel comme étant le plus important, ou qui donne au facteur culturel une très grande importance. Nous disons, de notre côté, que le facteur sexuel est important. Mais il peut se heurter à un autre facteur qui est plus important. 

Nous avons affaire à une réalité que nous étudions à travers certains de ses cas typiques. Il est vrai que nous encourageons l’idée de la correspondance et de l’harmonie qui protègent la vie conjugale. Mais tout en ne faisant pas abstraction de certains aspects négatifs de la question, nous ne pouvons qu’affirmer les aspects positifs qui sont plus nombreux et plus fructueux sur le plan social. Pour toutes ces raisons, nous disons que, dans certains cas particuliers, il est possible que certains facteurs aient une importance et une efficacité beaucoup plus grandes. Mais pour avoir une idée plus précise sur cette question, il est nécessaire d’étudier ces cas car il est possible que le facteur culturel ou sexuel interfère avec les autres facteurs et recule, leur donnant ainsi une importance plus grande. Cela peut s’expliquer par le fait que certaines personnes peuvent ne pas prendre position à partir d’un facteur unique. Nous tous, nous n’agissons pas à partir d’un facteur unique, dans la mesure où l’homme agit dans une vie en mouvement qui subit l’influence de facteurs multiples qui s’interpénètrent et se distinguent et qui échangent des pressions réciproques. Il est ainsi possible que l’homme soit aujourd’hui le contraire de ce qu’il sera demain. Pour cette raison, nous disons que ceux qui expliquent l’évolution humaine à partir d’un seul facteur sont dans l’erreur. Lorsque nous trouvons qu’un Freud essaye de faire du facteur sexuel le facteur principal dans l’évolution de l’homme et dans la détermination de toutes ses activités et qu’un Karl Marx essaye de faire de l’économique le facteur principal et que d’autres comme Durkheim essayent de trouver le principal facteur dans le social, nous disons face à tout cela qu’ils sont tous dans l’erreur dans la mesure où ils ont tout expliqué par un facteur unique sans prendre en considération les autres facteurs qui sont aussi importants. 

Ils ont considéré l’homme sous un angle et ils ont insisté à le faire dans la mesure où cela allait dans le sens de leurs intérêts. Ils n’ont pas considéré l’homme tel qu’il est, dans sa nature; mais ils ont insisté sur leur idée tout en essayant d’imposer leurs interprétations sur la réalité de l’homme. D’où, leurs idées n’ont pas trouvé beaucoup de succès. 

A partir de ces considérations, nous constatons que l’homme est un animal dont les positions, les tendances et les arrière-fonds sont multiples. Pour cette raison, on ne peut pas voir l’homme, tel qu’il se présente à travers ses relations, comme ayant une seule et unique dimension. Il nous faut étudier les centres d’intérêt de l’homme et leur poids au niveau de son mouvement dans la vie. L’aspect sexuel est très important dans la vie conjugale. Mais il se peut que certains s’intéressent à d’autres choses au point de vivre la sexualité comme une affaire de routine. Cela peut être vécu ainsi par certains hommes et certaines femmes. Il se peut que la chose qu’on appelle frigidité ou impuissance ne soit pas due à une indisposition subjective mais aux motivations et intérêts qui peuvent donner à l’être humain le sentiment que telle ou telle activité n’est ni importante ni vitale. Et comme l’être humain a de grandes motivations dans la vie, chacune d’elles peut marquer un aspect de sa vie. Pour cette raison, et sans vouloir réduire l’influence de ce facteur -l’harmonie des deux époux- pour donner plus d’importance aux autres facteurs qui jouent dans la réussite de la relation conjugale, nous pensons que ce facteur ne joue pas un rôle décisif dans l’échec du mariage. 

Nous voulons traiter du fondement de cette idée. Il n’est pas nécessaire que le mariage échoue en raison de la disparité au niveau de l’age, de la culture ou de la situation sociale. Il se peut que beaucoup de mariages non équivalents de ces points de vues soient parfois plus réussis que ceux où ces éléments s’y trouvent en état d’équivalence. Néanmoins, nous ne voulons pas imposer ce phénomène comme étant unique. Nous devons toujours penser aux moyens qui permettent, le mieux, de fonder une famille réussie. Le facteur essentiel est de fonder la vie conjugale sur les assises de la conscience et de la culture équivalente. Mais il ne s’agit pas ici d’une règle générale car, comme nous l’avons signalé, nous n’annulons pas les autres situations, ni ne supprimons les autres facteurs.

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