SHAFAQNA – Ce qui suit fait partie du livre Éléments de Science du Hadith par Mo’assasat al-Balâgh, Édité et traduit par Abbas Ahmad al-Bostani, sélectionné par SHAFAQNA.
Les parties de la Sunnah du Prophète
Depuis que le Saint Prophète reçut la Révélation, il s’appliqua à communiquer aux gens le Message divin et à en expliquer les statuts et les concepts, par la parole et les actes. Conformément à l’ordre d’Allah après l’enseignement de l’Unicité, les premiers actes d’adoration et d’obligation qu’il enseigna à ses adeptes étaient l’ablution (wodhû’) et la prière. Puis il leur expliqua les règles de leur Religion, comment devrait être leur conduite sociale, les modalités de la diffusion de l’Appel à l’Islam, la façon de traiter avec les Mécréants qui les entouraient etc. Et c’est à travers ces déclarations et explications relatives aux actes d’adoration, au système social et moral, ainsi que par sa conduite et sa façon de traiter avec l’ennemi, que s’est constituée une richesse législative dans laquelle puiseront les jurisconsultes et les mujtahid (Docteur de la Loi) des générations futures.
Lorsqu’il émigra à Médine, cette émigration, en soi, constitua une partie vivante de sa conduite et de sa Sunnah. Et une fois établi dans cette terre d’accueil, il poursuivit l’exposition de la Loi islamique par ses prêches, ses déclarations, ses correspondances, et par les actes de sa vie quotidienne pratique. Ainsi, sa façon d’accomplir les actes cultuels, son exercice du pouvoir, de la direction spirituelle et des affaires de la justice, sa conduite envers les ennemis (qu’ils fussent des Gens du Livre- Juifs et Chrétiens- ou des polythéistes pendant la guerre ou la paix) son administration de l’État et de la société, son commandement de l’armée, l’explication des dispositions du Coran, son comportement dans les batailles, sa méthode de la diffusion de l’Appel, tout cela constitue sa Sunnah (Tradition) et sa conduite dans la vie pratique.
Le Saint Prophète, outre le fait d’avoir expliqué par la parole et les actes le contenu de la législation islamique, il avait fixé les éléments de celle-ci par une 3ème voie, l’approbation tacite. En effet, il vivait dans une société qui avait ses propres règles, normes et pratiques sociales, tels l’achat et la vente, la location, l’héritage, le mariage, le divorce etc… qu’il lui fallait harmoniser avec les exigences de la Loi islamique. Aussi, interdit-il certaines de ces règles et pratiques et en approuva-t-il certaines autres conformément aux fondements de la Charî`ah (la Loi islamique) et à ses objectifs, visant le changement et la reconstruction. De plus, certains de ses Compagnons, accomplissaient des actes à propos desquels il ne disait rien ni ne désapprouvait, car ces actes ne s’opposaient pas à l’esprit de la Charî`ah et ne se trouvaient pas en contradiction avec elle. Le bagage législatif islamique s’enrichit donc de toutes ces données pour opérer une révolution idéologique et un changement radical et total.
En bref, les éléments de l’apport du Prophète à la législation islamique, se manifestèrent sous trois formes: Le prêche verbal à l’adresse de la nation et de la société musulmane (ainsi qu’à l’adresse de l’humanité après sa disparition), ses actes et sa conduite, son silence approbatif devant certains actes d’autrui. Cet apport servit d’instrument à l’interprétation du Noble Coran et à l’explication de son contenu et des buts du Message divin. Il permit aussi à enseigner aux gens les fondements de la pensée et les vérités de la législation qu’avait reçus leSaint Prophète d’Allah, sous forme de Révélation.
Cette richesse législative qu’est la Sunnah du Messager d’Allah, a été compilée et étudiée dans des corpus de Hadith, et divisée en trois parties qui traduisent les trois formes sous lesquelles elle avait été exprimée par le Saint Prophète:
1- Les Paroles du Prophète
Ce sont les explications verbales données par le Prophète dans ses prêches, ses causeries, ses directives, ses réponses aux questions des Compagnons, ses correspondances et ses lettres, ses traités politiques, ses éclaircissements ou ses interprétations des mots et du contenu du Coran. Il est évident que le Messager d’Allah s’adressa aux gens dans la langue des Arabes en cours parmi eux, lorsqu’il les appela à l’Islam ou lorsqu’il leur exposait les dispositions de la Charî`ah et les concepts doctrinaux. Il en résulte que son discours comporte des formes et des modes nombreux: le sens propre et le sens figuré, le synonyme, les homonymes, le général, le particulier, le restrictif, l’absolu, le conditionnel, l’impératif, le prohibitif, “l’autorisant” etc. Tout ceci nécessite donc une compréhension et une définition de la signification et une précision des cas où une parole du Prophète comporte ou non un statut légal.
2- Les Actes du Prophète
Les actes du Prophète constituent la forme pratique des lois, des valeurs et du mode de vie islamiques.
L’Islam est un système d’action et un message de construction de la vie. C’est pourquoi, le Saint Prophète était lui-même le constructeur de la vie et l’incarnation – par sa conduite et ses actes – des dispositions de la Charî`ah`ah et de ses buts dans les domaines politique, cultuel, de la méthode de la diffusion de l’Appel, du jihâd, des relations sociales…
Aussi, le Coran avait-il ordonné aux Musulmans l’obligation de suivre l’exemple du Saint Prophète et d’apprendre tout de lui; car ses actes, ses paroles et ses approbations ne font que traduire les Ordres d’Allah, étant donné qu’il était infaillible donc immunisé contre la faute et l’erreur dans tout ce qu’il fait ou dit. En effet, on peut lire dans le noble Coran:
«Prenez ce que le Prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu’il vous interdit». (Sourate al-Hachr, 59 : 7)
Et
«Vous avez dans le Prophète d’Allah, un bel exemple». (Sourate al-Ahzâb, 33 : 21)
Ainsi, l’acte du Messager d’Allah était devenu une partie de la législation et une expression concrète des lois et des valeurs islamiques.
L’Interprétation de l’acte du Prophète
Les uléma ont étudié exhaustivement et minutieusement les actes du Prophète afin d’en déduire les statuts juridiques et les lois.
Une telle étude a permis de classifier les actes du Prophète comme suit:
1- Une catégorie de ses actes qui constituent son domaine réservé et exclusif (son mariage avec plus de quatre femmes) et qui ne peuvent pas être pris comme exemples à suivre par les autres.
2- Une catégorie de ses actes qu’il a accomplis en tant que membre de la société, tel que son usage de la langue courante pour expliquer son Message. Ces actes sont considérés comme des modèles de la conduite du Prophète, et les gens doivent s’y conformer.
3- Une catégorie de ses actes qu’il a faits, en tant que Musulman soumis aux obligations religieuses, comme tous les autres Musulmans. Ces actes équivalent à des statuts généraux s’appliquant à tout musulman soumis aux obligations islamiques.
4- Une catégorie de ses actes qu’il a accomplis en tant que Prophète dont la charge est d’expliquer l’Islam aux gens et de le leur enseigner.
5- Une catégorie de ses actes qu’il a accomplis en tant que gouvernant et tuteur des Musulmans. Ces actes sont considérés comme des modèles à suivre et à appliquer pour tout gouvernant légal qui a la charge des affaires des Musulmans, tout au long de la vie de l’humanité. Ils sont le domaine exclusif du gouvernant légal et comprennent les signatures des traités et des accords au nom de la Communauté musulmane, la déclaration de guerre ou de trêve etc.
Une étude méthodique des actes du Messager nous conduit à conclure qu’en sa qualité du Prophète infaillible et communicateur de la Volonté d’Allah, il est impossible qu’il ait pu commettre un acte illégal. Tous ses actes oscillent entre ce qui est obligatoire et ce qui est légal, et tout acte qu’il n’a pas fait (mais sans l’interdire) signifie seulement qu’il n’est pas obligatoire. C’est pourquoi il était nécessaire de procéder à une étude analytique des actes du Prophète, et de chercher les indices et les contextes susceptibles d’interpréter chaque acte du Prophète et de déterminer s’il est à caractère obligatoire, recommandé, autorisé, ou même détestable, car un acte détestable fait partie des actes autorisés.
D’autre part, une telle étude est nécessaire pour déterminer lesquels des actes dont s’est abstenu le Prophète sont à caractère interdit et lesquels à caractère autorisé (étant exclu que le Messager d’Allah ait pu s’abstenir d’un acte obligatoire). Ce tri et cette identification nous ouvre une grande porte sur la recherche juridique et législative, et sur la déduction des statuts légaux (ahkâm char`iyyah) et la connaissance de ce qui est obligatoire, et de ce qui est légal ou illégal.
Il faut noter que l’acte du Prophète est parfois associé à une parole qu’il prononce et parfois à une attitude qu’il observe, parole et attitude qui avaient un but explicatif et didactique et qui nous permettent par conséquent de connaître la nature obligatoire, recommandée ou autorisée dudit acte.
De même, lorsqu’il s’abstient d’un acte, la parole prononcée ou l’attitude observée dans ce contexte, nous permettent de déterminer si son abstention dudit acte indique le caractère interdit ou autorisé de celui-ci.
3- L’Approbation tacite (Taqrîr) du Prophète
Dans la langue, “taqrîr” signifie qu’une chose s’est stabilisée et s’est fixée, et lorsqu’il s’agit d’un avis ou d’un jugement, le “taqrîr” signifie que cet avis ou jugement est signé par celui qui doit le signer. De là nous comprenons que les approbations du Saint Prophète signifie sa signature et son acceptation des actes et paroles qu’il a vu ou entendu faire ou prononcer par un individu, un groupe ou une société, sans qu’il les interdise ou les désapprouve.
Le fait de leur non-interdiction par lui est la preuve de son consentement et de son approbation. Par conséquent ces actes et paroles sont devenus une partie de la Sunnah et de la législation. Car s’ils étaient opposés à sa législation, il les aurait interdits et désapprouvés.
Par exemple, le Saint Prophète avait remarqué que les gens croyaient à une information rapportée par un seul individu, lorsque celui-ci était digne de confiance. Il a observé le silence sur ce fait et n’a pas interdit aux gens d’accepter une information rapportée par un seul individu digne de confiance. Nous déduisons de ce silence la validité de l’acceptation d’une information à source unique et nous considérons une telle pratique comme argument légal nous autorisnat à accepter comme vrais des hadiths rapportés du Prophète ou de l’imam d’Ahl-ul-Bayt, par une source unique – si elle est digne de confiance – sans exiger qu’ils soient comfirmés deux ou quatre sources pour être considérés comme crédibles. Ceci est valable pour le témoignage et les tribunaux. En conséquence, tout ce qui a été fait par un individu ou pratiqué par la société et dont le Prophète avait eu connaissance sans l’interdire, est un acte légal, car le silence du Prophète à cet égard et le fait qu’il ne l’ait pas interdit, signifient qu’il a signé son approbation, et par voie de conséquence, indique la validité et la légalité dudit acte, lequel acte peut servir d’argument (de base) pour la déduction de statuts (jugements) légaux.