SHAFAQNA – A l’occasion de la naissance bénie de notre 4e Imam le 5e jour du mois de Cha’ban, nous félicitons le Prophète, sa pure famille et l’ensemble des croyants et nous rapportons une biographie de l’Imam al-Sajjad (as) ainsi qu’un rappel de quelques-uns de ses enseignements.
I- Naissance et enfance
Naissance
A l’époque du second calife Omar, les musulmans avaient conquis l’empire de Perse. Et selon les coutumes internationales de l’époque, ils avaient ramené avec eux les prisonniers de guerre pour les vendre à la capitale musulmane de Médine. Ces prisonniers étaient des hommes, des femmes et des enfants de toutes les classes.
Chah Zanan, la fille du dernier empereur perse Yezdaguerd, figurait parmi les prisonniers : et selon les ordres de Omar, elle devrait, elle aussi, être vendue.
L’Imam Ali (as) intervint alors pour rappeler au deuxième calife qu’il était interdit de vendre les descendants des rois et qu’il fallait plutôt marier la fille de l’empereur à un homme musulman de son choix qui accepterait de la soustraire de sa dotation annuelle de butin pour qu’elle pût garder sa liberté.
De cette façon, Chah Zanan put éviter l’esclavage et devint l’épouse de l’Imam Hussein (as) qu’elle choisit parmi tous les musulmans.
Lorsque l’Imam Hussein (as) épousa Chah Zanan, son père l’imam Ali lui dit : « Ô, Aba Abdillah ! Elle va mettre au monde pour toi le meilleur homme sur terre ! »
Chah Zanan mit effectivement au monde un prestigieux bébé qui fut le sixième infaillible et l’héritier de l’Imam Hussein : Ali Ibn Al Hussein, le quatrième imam et successeur du Prophète (saas).
L’imam Hussein (as) surnomma son fils l’enfant des deux meilleurs choix puisque sa mère était de la famille impériale des Perses, qui étaient considérés comme le meilleur peuple non arabe, alors que son père était des Bani Hachim, considérés comme la meilleure famille de Qouraych et même la meilleure tribu des Arabes.
Son éthique et ses qualités
Le prestigieux poète arabe Farazdaq décrivit l’Imam Ali Ibn al-Hussein ainsi : « Il avait la meilleure mine, et la meilleure fragrance. Entre les yeux, il avait les traces de la prosternation et c’est pour cela qu’il fut appelé le ‘prosterné’ » (Al Sajjâd).
L’Imam Mohammed al-Bâqir, fils de l’Imam Al Sajjâd décrivit son père et dit :
« Dès que l’hiver était passé, il donnait ses habits d’hiver et dès que l’été était passé, il en faisait autant avec ses habits d’été. »
L’Imam Al Sajjâd était toujours bien vêtu, et chaque fois qu’il se levait pour la prière, il se lavait et se parfumait.
Il était très connu pour la fréquence de ses invocations. Tawous El Yamani, l’un des disciples de l’Imam Al Sajjâd, rapporte :
« J’ai vu un homme priant dans la mosquée sacrée tout en invoquant et en pleurant. Je me suis avancé vers lui. Alors, j’ai vu qu’il s’agissait de Ali Ibn al-Hussein Zayn al-Âbidin Al Sajjâd (as). Je lui ai dit :
“Ô, fils du messager de Dieu, tu pleures alors que tu es le fils du Messager de Dieu !?”
Alors, il a répondu :
“Je suis bien le fils du messager de Dieu, mais qu’est-ce qui va m’assurer contre le supplice de Dieu ? Dieu n’a t-Il pas dit :
‘Ce jour là, tous les liens de parenté entre eux seront nuls !’
“Dieu n’a-t-il pas créé le paradis pour celui qui L’adore et œuvre pour le bien même si c’est un esclave nègre ? Il a créé l’enfer pour celui qui le désobéit et œuvre pour le mal même s’il est un maître de Qouraych.” »
L’imam Al Sajjâd fit vingt fois le pèlerinage à pied. Il ordonnait à ses fidèles de restituer les dépôts et disait :
« Par celui qui a envoyé Mohammed par la vérité ! Si le meurtrier de Hussein (as) me confie le sabre même avec lequel il l’a tué, alors, je le lui rendrais ! »
Il recommandait toujours de subvenir aux besoins des gens nécessiteux et disait :
« Dieu a des fidèles qui essayent de résoudre les problèmes des gens ; ce sont eux qui seront en sécurité le jour de la résurrection. Et quiconque aura réjoui le cœur d’un croyant, alors Dieu réjouira son cœur le jour de la résurrection. »
Un jour, l’Imam était assis parmi ses compagnons lorsque l’un de ses cousins arriva, l’insulta et lui fit entendre des paroles acerbes. L’Imam ne lui répondit pas jusqu’à ce qu’il s’en aille ; puis il dit à ses compagnons :
« Vous avez bien entendu ce que cet homme a dit ? Je veux bien que vous m’accompagniez pour entendre ma réponse. »
Ils le suivirent tous, s’imaginant qu’il allait se venger de l’offense de son agresseur.
Arrivant à la maison de son cousin incivil, il frappa à la porte. Et le voyant sortir, tout prêt à la méchanceté, il s’adressa à lui avec douceur et dit :
« Mon frère, tu as dit de moi ce que tu as dit ! Alors si cela est vrai, que Dieu me pardonne et si cela est faux, alors, que Dieu te pardonne ! »
L’homme en fut très ému et il s’avança vers l’Imam pour s’excuser et solliciter son pardon.
Mohammed Ibn Oussama, fils d’un compagnon du Prophète (saas), tomba malade, et lui rendant visite, l’Imam le vit en larmes. Il lui demanda la cause de son chagrin et apprit qu’il était fortement endetté. Sans hésitation, l’Imam couvrit sa dette.
Ce geste n’est qu’un petit exemple du rôle social dont s’était chargé l’Imam (as) ; en effet, tous les livres d’histoire nous rapportent qu’il était le soutien de toutes les familles pauvres de Médine, et que chaque nuit, il portait un grand sac sur le dos et distribuait les aides et les vivres aux familles dans le besoin, allant d’une maison à l’autre, sans qu’aucun des bénéficiaires ne puisse le reconnaître. Ce ne fut qu’après sa mort, et avec l’interruption soudaine des approvisionnements et des aides, qu’ils se rendirent compte de la réalité et de l’identité du bienfaiteur.
Les historiens dignes de foi nous rapportent que le nombre des familles prises en charge par l’Imam Al Sajjâd (as) dans la ville de Médine était de plus de cent, qui étaient toutes négligées par le régime injuste des Omeyyades. Et si on sait que cette attitude généreuse de l’Imam Al Sajjâd (as) vis-à-vis du déséquilibre social régnant à son époque se passait à une époque où il était victime de la plus grande injustice de l’histoire, en l’occurrence, le massacre de tous ses amis et ses parents, avec son père l’Imam Hussein (as) à Karbala, on se rend compte que cette grandeur d’âme ne peut provenir que d’un infaillible qui ne peut connaître ni rancœur ni faiblesse !
Tel était l’Imam al-Sajjâd (as). Il nous faut passer par Karbala et les événements qui s’ensuivirent pour mieux comprendre cette caractéristique fondamentale de la personnalité de ce grand héritier de l’Imam Hussein (as).
II- Sa Vie
Face au massacre de Karbala’
L’Imam Ali al-Sajjâd (as) suivit son père l’Imam Hussein (as) dans son dernier voyage de Médine vers la Mecque puis de la Mecque vers Karbala où toute la famille du petit-fils du Prophète (saas) fut massacrée devant lui sans qu’il puisse prendre part aux combats !
En effet, Dieu le Très-Haut et Très-Pur avait voulu préserver Son argument sur Ses créatures (l’Imam al-Sajjad) sans que personne ne puisse le critiquer un jour ou l’accuser d’un manque de courage ou de bravoure : ainsi, l’Imam Ali al-Sajâd (as) était avant les combats, au cours des combats, et même après les combats fortement atteint par une maladie qui l’empêchait même de se mettre debout ou de porter une arme.
Au cours des combats, l’Imam ne pouvait donc pas bouger de sa tente, et même lorsqu’il tenta d’en sortir, sa tante Zaynab (as) l’en empêcha en application stricte des ordres de son frère l’Imam Hussein (as) qui lui avait bien fait comprendre que, quel que soit le déroulement des choses, son fils Ali Zayn al-Âbidìn al-Sajjâd devait rester indemne pour continuer la propagation du message authentique de Dieu.
Avec les prisonniers
Le jour de ‘Achoura, après le martyre le l’Imam Hussein (as) et de tous ses compagnons, l’Imam Zayn al-Âbidìn al-Sajjâd fut emprisonné avec tous les femmes et enfants du camp.
L’Imam fut emmené dans des chaînes et porté sur une monture car sa maladie l’empêchait même de marcher. Il dut faire tout le trajet entre Karbala et Koufa dans cet état lamentable alors que le sang coulait de son cou à cause du fer des chaînes.
Aux environs de Koufa, ses habitants sortirent à la rencontre des prisonniers. L’Imam saisit cette occasion pour leur rappeler leur trahison et leurs manquements envers les engagements stricts et serments fermes qu’ils avaient faits et écrits à son père (as). La foule des gens n’avait de réponse que de fondre en larmes, essayant en vain de dissimuler la lâcheté qui les avait empêchés d’être un soutien pour l’Imam Hussein (as) et de faire quoi que ce soit contre ses assassins.
Au palais du gouverneur
Les prisonniers furent emportés auprès d’Ibn Ziyad, le gouverneur de Koufa ; ce pervers sanguinaire et haineux s’attendait à voir les descendants du Prophète (saas) avilis et humiliés après tout ce qu’ils avaient subi en fait de perte de leurs proches, de tortures et d’enchaînement.
Mais le spectacle fut tout à fait différent, et le gouverneur de Koufa se vit face à des gens fiers et braves dont toutes les peines du monde ne pouvaient briser la fierté ! Et voyant l’Imam al-Sajjâd, il s’adressa à lui tout étonné et lui demanda :
– Comment t’appelles-tu ?
– Je suis Ali, fils de Hussein.
Ibn Zyed dit alors avec malice et arrogance :
– Dieu n’a t il pas tué Ali fils de Hussein ?
– J’avais un frère aîné qui s’appelait aussi Ali al-Akbar (l’aîné), et ce sont les gens qui l’ont tué !
– C’est plutôt Dieu qui l’a tué !
– Dieu reçoit les âmes lorsqu’elles meurent (Coran) et nulle âme ne meurt si ce n’est avec la permission de Dieu (Coran), répondit l’Imam sans se soucier de la colère folle qui emporta alors Ibn Ziyad : celui-ci, voyant l’argument de son prisonnier prévalant sur le sien, ne sut quoi dire et ordonna à ses bourreaux d’exécuter l’Imam.
Alors, la grande Zayneb (as) s’interposa entre son neveu, l’Imam, et ses bourreaux et s’écria au visage d’Ibn Ziyad :
– Ibn Ziyad ! Tout notre sang que tu as déjà versé te suffit bien ! Si tu veux le tuer, alors, tue-moi avant lui !
Et sans aucun signe de crainte, l’Imam al-Sajjâd dit au tyran :
– Ne sais-tu pas que la mort est pour nous une habitude et que notre honneur auprès de Dieu est le martyre ?!
Devant toute l’assistance qui comprenait tous les notables de la région, Ibn Ziyad, sournois et habile comme il était, comprit qu’il valait mieux se débarrasser des prisonniers plutôt que d’assumer la responsabilité de les exécuter lâchement dans son palais. Il donna alors l’ordre de les envoyer à Damas auprès de son souverain Yazid qui déciderait lui-même de leur sort.
Vers Damas
Tout le long de la route vers Damas, l’Imam et ses compagnons durent subir toutes sortes d’atrocités de la part des bourreaux qui les accompagnaient. Non seulement ils durent faire tout le parcours entre Koufa et Damas découverts et sous la chaleur torride de l’été, mais leurs gardes avaient l’ordre de les faire passer à travers toutes les villes de la Syrie pour montrer aux habitants la puissance de leur souverain et dissuader les musulmans de toute tentative de révolte.
Par ailleurs, le tyran Yazid avait donné l’ordre de décorer toute la ville de Damas et ses environs, et d’annoncer une fête générale !
Après la grande campagne de dénigrement de Ahl al-Bayt organisée par la puissante machine de propagande omeyyade, les habitants de Damas accoururent à l’extérieur de la ville pour voir de près le cortège des prisonniers.
Un vieillard, voyant l’Imam Zayn al-Âbidìn al-Sajjâd (as) immobilisé dans les chaînes, s’approcha de lui et dit :
– Louange à Dieu qui vous a anéanti et vous a soumis à notre souverain !
L’Imam al-Sajjâd comprit tout de suite que ce vieillard était victime d’une très grande campagne de propagande et qu’il croyait sincèrement à ce qu’il disait. Il lui dit alors :
– Ô Cheikh ! As-tu lu le Coran ?
– Oui !
– As-tu donc lu ce que Dieu, à Lui la pureté, a dit :
– Pour cela je ne demande point de rémunération de votre part si ce n’est l’affection pour mes proches.
Et lorsqu’il dit, à Lui la pureté :
Et donne aux proches leur droit.
Et aussi :
Sachez que ce que vous avez gagné comme butin doit être affranchi du cinquième, pour Dieu, Son messager et ses proches.
– Oui, j’ai lu tout cela ! répondit le vieillard.
L’Imam dit alors :
– C’est nous, par Dieu, les proches qui sont indiqués par ces versets !
Puis l’Imam ajouta :
– Dieu veut éliminer de vous toute souillure, Ahl al-Bayt, et vous purifier parfaitement. (Coran). Alors sache que c’est nous Ahl al-Bayt !
Le vieillard s’exclama tout étonné :
– Dis, que Dieu soit ton témoin, c’est bien vous Ahl al-Bayt ?
L’Imam (psl) répondit :
– Oui, par notre grand père le Messager de Dieu ! C’est bien nous sans aucun doute.
Alors, le vieillard se jeta sur l’Imam en l’embrassant et s’écria :
– Je désavoue tous ceux qui vous ont assassinés.
Voyant que le cas de ce vieillard risquait bien de dégénérer en un phénomène général de repentir puis de révolte populaire, Yazid ordonna de l’exécuter.
L’Imam (as) face à Yazid
Le despote omeyyade ordonna d’apporter les prisonniers de Ahl al-Bayt pieds et mains liés dans un état lamentable, et dès que l’Imam al-Sajjâd fut dans la salle, il cria à la face de Yazid, sans aucune crainte :
« Que penses-tu, Yazid ! Si mon grand-père le Messager de Dieu (saas) nous voyait dans cet état, que dirait-il !? »
La plupart de l’assistance fondit en larmes et sous leur pression, Yazid ordonna d’enlever les liens des prisonniers.
Dans l’ivresse de sa victoire illusoire, Yazid laissa échapper de sa bouche un aveu clair et net de son hypocrisie : en effet, frappant la tête de l’Imam Hussein (as) qui lui avait été apportée dans un récipient en or, il récita quelques vers de sa poésie dans lesquels il indiqua à tous les présents qu’il venait enfin de venger la bataille de Badr et que toute l’affaire entre les Banu Umayya et les Banu Hachim n’était pour qu’une lutte pour le pouvoir qu’il venait de remporter définitivement.
Les historiens dignes de foi nous rapportent que la grande Zaynab lui répondit d’une manière suffisamment éloquente et argumentée pour qu’il perde toute légitimité auprès de toute personne qui croit en Dieu et en Son messager.
Toujours emporté par son ivresse, Yazid crut bon de fêter son illusoire victoire sur Ahl al-Bayt dans la grande mosquée et en présence d’un très grand nombre de Syriens et de visiteurs envoyés des quatre coins du califat par ses gouverneurs.
Cette grande assemblée ne tarda pas à tourner au scandale pour Yazid lorsque l’Imam Al Sajjâd (as), prenant la parole à la tribune de la mosquée sous la pression de l’assistance sur Yazid, fit un prêche qui reste gravé dans les mémoires.
Dans son discours, l’Imam al-Sajjâd rappela à l’assistance qui il était et qui étaient ses ancêtres jusqu’à ce qu’il arrive au massacre de Karbala, démasquant ainsi, l’illégitimité du pouvoir de Yazid.
Voyant le cours des événements, Yazid ordonna l’appel à la prière pour couper le discours de l’Imam al-Sajjâd (as), mais l’Imam continua son discours en commentant l’appel à la prière et lorsqu’il entendit :
– Je témoigne que Mohammed est le Messager de Dieu, il se retourna vers Yazid et lui demanda :
« Ce Mohammed, est-il mon grand père ou bien le tien ? Si tu dis qu’il est ton grand-père, alors, tu mens et tu fais acte de mécréance, et si tu dis qu’il est mon grand-père, alors pourquoi as-tu tué sa famille et ses descendants ? »
En entendant le discours convaincant de l’Imam al-Sajjâd, l’assistance fut choquée et indignée des crimes du despote omeyyade, et certains d’entre eux quittèrent la mosquée.
Craignant l’insurrection générale des musulmans de Syrie, jusqu’alors son fief sûr, Yazid ordonna de renvoyer les prisonniers chez eux, à Médine. Mais le récit du massacre de Karbala s’était déjà propagé partout dans le monde islamique et les habitants de Médine particulièrement en furent très touchés.
Dans un sursaut d’honneur, Médine se souleva et désavoua les Omeyyades et leurs crimes. Cette insurrection était une tentative de sauver un honneur perdu le jour où cette ville refusa de participer à la révolte de l’Imam Hussein (as), l’abandonnant ainsi à un moment décisif de l’histoire de l’Islam.
La réaction du despote de Damas ne se fit pas trop attendre et il envoya vers Médine un criminel de guerre qui avait déjà servi son père en commettant suffisamment de massacres au Yémen pour qu’il puisse accomplir la mission la plus sale de l’histoire de l’Islam : investir la ville du prophète (saas), tuer ses hommes, violer les femmes et piller tous leurs biens ! L’histoire nous rapporte le chiffre terrible de huit mille hommes massacrés en une seule journée, et de mille naissances illégitimes un an après.
A l’époque de l’instabilité politique
Le règne de Yazid ne dura pas plus que 4 années au bout desquelles il périt pour laisser son fils Mu’awiya au pouvoir.
Mu’awiya Ibn Yazid était un musulman sincère. Il désavoua ses ancêtres et leurs crimes, se proclama innocent de tout ce qu’ils avaient commis et abdiqua, laissant un vide politique pour la première fois dans l’histoire de la dynastie omeyyade.
Entre-temps, Abdullah Ibn Zubair s’était proclamé calife à la Mecque et réussit à contrôler l’ensemble du califat islamique, à l’exception de Damas et ses environs où Marwan Ibn al-Hakam se proclama calife et obtint le soutien de tous les notables syriens.
A Koufa, Mokhtar, musulman révolutionnaire, prit le pouvoir pour la vengeance de l’Imam Hussein (as) et de ses compagnons et réussit à capturer et à exécuter la plupart de ceux qui avaient participé au massacre de ‘Achoura.
L’armée d’Ibn Zubair mit ensuite fin à l’insurrection de Mokhtar et l’ensemble du monde islamique, à l’exception toujours de la Syrie, demeura alors sous le règne d’Ibn Zubair.
Le règne d’Ibn Zubair se prolongea plus d’une décennie au bout de laquelle Abd al-Malek, fils de Marwan, réussit à conquérir La Mecque après l’avoir détruite, la Kaaba comprise, en utilisant des catapultes. Le commandant de cette campagne barbare était un criminel de renommée redoutable : al-Hajjaj, qui fut nommé par la suite gouverneur de tout l’Est islamique à partir de l’Iraq et qui était le principal bourreau des révoltes des musulmans sincères et fidèles de Ahl al-Bayt.
Aussi bien sous le règne d’Ibn Zubair que sous le règne de Abd al-Malek Ibn Marwan, l’Imam al-Sajjâd (as) s’était éloigné de toutes les luttes de pouvoir et s’était consacré à la préservation et à la protection de l’Islam authentique de toute sorte de déviation, comme nous allons le voir dans la dernière partie.
L’Imam (as) et Abd al-Malek
Sachant qu’il n’était qu’un usurpateur du pouvoir, Abd al-Malek Ibn Marwan s’inquiétait beaucoup de la présence d’une personnalité telle que l’Imam al-Sajjâd (as).
Tout le long de son règne, il mit l’Imam sous une surveillance stricte et le gouverneur de Médine avait toujours l’ordre de l’espionner et de contrôler ses relations de très près.
Toutes ces restrictions n’eurent aucun résultat, puisque l’Imam al-Sajjâd (as) savait bien que la génération de son père était meilleure que sa génération et que si l’Imam Hussein (as) n’avait pas pu trouver le soutien nécessaire pour renverser le régime illégal des Omeyyades alors que les musulmans n’étaient pas très loin de l’époque du prophète (saas), toute tentative de transformation sociale ou politique sous la terreur du destructeur de la Kaaba serait certainement vouée à l’échec.
Et dans l’ambiance de la terreur omeyyade, l’Imam al-Sajjâd (as) choisit de sauver ce qui pouvait l’être ; en particulier préserver les principes de l’Islam de la falsification et empêcher le processus destructeur de la véritable religion de Dieu, processus analogue à celui qui avait défiguré la religion de Jésus (as) et toutes les autres religions divines.
Malgré cette attitude de non intervention dans les affaires du pouvoir et les luttes politiques, l’Imam al-Sajjâd (as) fut quand même arrêté et emmené à Damas chez Abd al-Malek Ibn Marwan, qui fut obligé par la suite d’ordonner sa libération et de permettre son retour à Médine.
Face à Hichem
Après la mort de Abd al-Malek Ibn Marwan, son fils Hicham prit le pouvoir pour continuer la politique de son père : répression sans merci des adversaires politiques révoltés, et restriction et contrôle sévères sur les adversaires non révoltés.
L’histoire nous rapporte que l’Imam al-Sajjâd (as) ne quittait jamais le champ de contrôle des espions de Hicham, mais il continua, malgré toutes ces restrictions, à diffuser calmement les préceptes islamiques fondamentaux à travers ses invocations célèbres qui se distinguaient par leur richesse spirituelle et doctrinaire inouïe.
Quelques thèmes du manuel Sajjadien
Notons d’abord que la présentation du manuel Sajjâdien en quelques lignes n’est pas une tâche facile : en effet, chaque invocation ne peut se présenter que par elle-même !
Impossible à résumer, chaque mot y a sa propre signification et ne peut être sujet de permutation ou de substitution.
Un spécialiste de la littérature arabe y trouvera un trésor littéraire.
Un spécialiste de logique y trouvera certainement une construction formidable dans laquelle sont rassemblés côte à côte démonstrations et syllogismes avec les plus éloquentes expressions et les plus belles ellipses !
Un philosophe y trouvera une source inépuisable de concepts et de constructions philosophiques sur l’Homme, l’univers et la vie. Un gnostique y plongera et n’en sortira jamais !…
Toutefois, on peut grouper les thèmes ou sujets de ces invocations dans le classement suivant :
* Les invocations des jours : à chaque journée de la semaine, une invocation spécifique.
* Les invocations des signes naturels : pour chaque signe cosmique ou naturel.
* Les entretiens intimes (mounajaat) qui sont au nombre de 15.
* Et enfin des sujets divers.
Signalons enfin que toute traduction de ces invocations leur fait perdre l’essentiel de leur beauté.
Cela relèverait plutôt de l’interprétation et de l’explication que de la traduction stricte et de toute façon, la lecture des invocations doit a priori se faire en langue arabe, quitte à apprendre seulement la prononciation des termes.
L’opuscule des droits.
Dans une ambiance d’évolution sociale et de contact civilisationnels avec les deux grands empires vaincus de l’époque, les Romains (byzantins) et les Sassanides (perses), le bouleversement des mœurs sociales et des valeurs éthiques s’annonçait total et dangereux, et si ce n’était l’effort des Imams de Ahl al-Bayt (as), Dieu Seul peut savoir ce qu’il en aurait été des valeurs de l’Islam.
La rédaction des textes juridiques n’était pas dans l’habitude des arabes, et à l’époque de l’Imam Ali Zayn al-Âbidìn al-Sajjâd (as), il fallait compter sur les interprétations et les jugements des différents docteurs de loi islamique pour prendre connaissance des droits et obligations de chacun.
L’Imam al-Sajjâd (as) remplit ce vide énorme en rédigeant l’opuscule des droits dans lequel il rappelle les différents droits que chaque individu peut avoir ou doit restituer.
L’Épitre des droits contient 50 clauses ; chacune d’entre elles décrit les droits ou les obligations du musulman sous un angle bien déterminé et dans une dimension définie de sa vie.
Ainsi, on peut trouver des clauses concernant les droits des voisins, des parents, de l’enseignant… Et avant tout, les droits du Créateur, à Lui la pureté. Par exemple, on peut lire dans les droits de l’enseignant : « Il est de son droit que tu le respectes, lui et ses assistants, que tu l’écoutes bien et que devant lui, tu n’élèves point la voix, que tu dissimules ses défauts et que tu manifestes ses qualités. »
Dans le droit de la mère on trouve : « Il est du droit de ta mère que tu saches qu’elle a été enceinte de toi et qu’elle t’a nourri du fruit de son cœur, qu’elle a accepté que tu manges à ta satiété alors qu’elle avait faim et que tu t’habilles alors qu’elle était mal habillée… »
Dans les droits des voisins, on lit : « …Que tu le gardes absent, que tu l’honores dans sa présence, que tu ne l’envies point pour sa grâce, que tu dépasses ses fautes et que tu pardonnes ses erreurs. »
Eclairages lumineux
La méthode de l’Imâm ‘Ali Ibn al-Hussein (p) dans la construction sociale et spirituelle
L’Imâm ‘Ali Ibn al-Hussein, Zayn al-‘Âbidîn, al-Sajjâd (as), a abordé certaines questions en relation avec la réalité sociale. De la même manière que nous avons besoin de vivre avec nos Imâms le climat spirituel qui nous attache à Dieu et qui approfondit en nous la foi en Lui, à Lui la Grandeur et la Gloire, il nous est également indispensable de vivre, avec eux, la dimension sociale fondée sur la dimension spirituelle, pour apprendre d’eux comment affermir notre foi dans notre réalité à travers ces lignes morales. Voyons quelles sont ces lignes.
L’Imam al-Sajjâd (as) a dit : « Je n’aimerais pas obtenir des Chameaux rouges si je devais, en échange, perdre mon âme ». Les Chameaux rouges, on le sait, constituaient une très grande fortune. L’Imam veut dire que si j’avais à choisir cette grande fortune en acceptant d’être humilié par le service d’un gouverneur tyrannique, je n’opterais pas pour la fortune, car rien dans cette vie n’a de valeur égale au sentiment de dignité… Nous sommes appelés à ne pas nous laisser humilier par une créature qui nous est semblable, alors que nous sommes, tous les deux, égaux.
L’Imam (p) poursuit en disant : « Je n’ai jamais avalé une coupe qui me soit plus douce qu’une coupe de colère que je retiens au lieu de la faire éclater contre une personne qui m’aurait irrité. » Nous sommes donc invités à supporter la personne qui nous aura porté atteinte, même si elle nous irrite. Nous devons dompter notre colère pour nous rapprocher de Dieu, car Dieu dit : (Que vous soyez justes est plus proche de la crainte révérencielle) (Coran, II, 237).
L’Imam al-Sajjâd (as) aborde aussi une question sensible qu’est le fanatisme. Il dit à ce propos : « Le fanatisme, qui est un péché, consiste pour quelqu’un à considérer les mauvaises personnes parmi les siens comme étant meilleures que les bonnes personnes appartenant à un autre clan. » Untel appartient, par exemple, à un clan, à un parti, à une confession ou à un mouvement donné. Son fanatisme, si il est fanatique, lui fait voir les mauvaises personnes parmi les siens comme bien meilleures que les bonnes personnes appartenant à un autre clan. Alors, il prend le parti de celui qui appartient à son clan même s’il est méchant et il le fait rien que parce qu’il appartient à son clan. Il a une attitude hostile à l’autre rien que parce qu’il n’appartient pas à son clan. L’Imam (as) ajoute : « Aimer les siens ne fait pas partie du fanatisme, mais les aider à commettre des injustices fait partie du fanatisme. » La foi nous oblige de nous opposer à celui qui appartient à notre propre clan lorsqu’il suit la voie de l’injustice, et de soutenir même notre ennemi lorsqu’il est traité injustement.
Voilà ce que sont les grandes lignes du concept islamique concernant l’appartenance de l’homme à une sphère familiale, nationale ou ethnique. Il est naturel pour l’homme d’aimer ceux qui se trouvent avec lui à l’intérieur de cette sphère. Cela constitue une conséquence naturelle au niveau des sentiments et des relations humaines normales. Mais dans le cas où cette sphère remet en cause les principes en portant l’individu à soutenir l’oppresseur qui appartient à son clan contre l’opprimé qui n’y appartient pas, l’homme doit se placer du côté du principe et non pas du fanatisme.
Voir ses défauts avant de voir ceux des autres
Pour ce qui est de la question sociale, l’Imam al-Sajjâd (as) définit une voie positive à emprunter au sujet des relations des gens les uns avec les autres. Il dit à ce propos : « Celui qui possède ces trois qualités est sous la protection de Dieu, et Dieu lui donnera, au Jour du Jugement, une place à l’ombre de Son trône. Il lui donnera aussi la sécurité au Jour de la Grande Peur. Ces qualités sont celle de celui qui donne aux gens ce qu’il peut leur demander, celle de celui qui n’avance ni ne recule d’un seul pas avant de savoir si ce qu’il fait est ou n’est pas dans l’obéissance ou dans la désobéissance à Dieu ; et celle de celui qui ne reproche à l’autre un vice avant d’en se débarrasser lui-même. Chacun a bien assez de vice pour qu’il lui soit plus recommandé de s’en occuper avant de s’occuper de ceux des autres ».
Gagner le Paradis sans passer par le Jugement
Les paroles de l’Imam al-Sajjâd (as) sont des paroles instructives fondées sur la bonne nouvelle et le souci de gagner un haut rang auprès de Dieu. Il a dit : « Au Jour du Jugement, un crieur lancera l’appel suivant : ‘Que les personnes de mérite se lèvent’. Des gens se lèveront et on leur dira : ‘Entrez dans le Paradis !’. Avant d’y arriver, les Anges les accueilleront en leur disant : ‘Où allez-vous ?’. Ils finiront par savoir qu’ils vont au Paradis sans passer par le Jugement parce qu’ils sont les gens de mérite. Ces gens diront : ‘Si l’on nous traitait avec injustice et agressivité, nous répondions par mansuétude, pardon et patience’. On appellera ensuite les gens de patience qui déclareront : ‘Nous étions décidés à obéir à Dieu et à ne pas commettre de péchés’. On appellera ensuite les voisins de Dieu qui s’avèreront être très peu nombreux et qui déclareront : ‘Nous nous visitions mutuellement rien que par amour de Dieu et nous nous sacrifions les uns pour les autres rien que par amour de Dieu’. Ces trois groupes gagneront ainsi le Paradis aux cris des Anges qui leur diront : ‘Quelle bonne récompense que la récompense de ceux qui œuvrent pour Dieu ! ».
Par cette tradition, l’Imam (as) entend nous montrer que les bons caractères de l’Islam, comme la mansuétude, la patience, le pardon, le don et le sacrifice, représentent la ligne islamique qui permet à l’homme de gagner le gros lot, c’est-à-dire de gagner le Paradis sans passer par le Jugement. Y a-t-il une récompense qui puisse être plus grande ? Il est vrai que l’homme qui rompt avec la convoitise peut se sentir privé, mais sa privation ne lui porte aucun préjudice dans la mesure où la récompense en sera la félicité.
Savoir pour agir
Les Imams appartenant aux Gens de la Demeure (Ahl al-Bayt, as) ont défini une attitude claire en ce qui concerne la recherche du savoir : l’homme doit rechercher le savoir pour le transformer en réalité et en action dans la vie. Le savoir n’est pas requis pour être vécu par l’homme sous sa forme abstraite ou à travers les informations qu’il réunit dans sa pensée. Le savoir est requis pour la reconstruction de la vie et de l’action humaine ou pour produire ce dont l’homme a besoin pour atteindre ses buts. L’homme doit poser des questions pour s’instruire, il doit apprendre pour transformer son savoir en action au service de l’homme et de la vie. Quant à ceux qui apprennent sans agir, ils ne peuvent pas utiliser leur savoir et le mettre au service de l’homme. On le constate chez beaucoup de ceux qui étudient et qui transforment leurs maisons en bibliothèque mais sans utiliser le contenu de cette bibliothèque pour transformer la réalité humaine, pour faire de la réalité humaine arriérée une réalité avancée, pour faire de la réalité corrompue une réalité saine.
On lit dans une tradition : « Un homme est venu voire l’Imam Zayn al-‘Âbidîn (as) auquel il a posé des questions et a eu des réponses à ces questions. Puis il est revenu pour lui poser d’autres questions. Alors l’Imam (as) lui a dit : ‘Il est écrit dans l’Evangile : ‘Ne cherchez pas à savoir ce que vous ne savez pas avant d’avoir agi à partir de ce que vous savez, car le savoir qui n’est pas traduit en action ne fait que rapprocher l’homme de la mécréance et ne fait qu’éloigner l’homme de son Seigneur’ ». Dieu nous demande de savoir pour agir, pour que le savoir change toute notre foi, toute notre action et toute notre réalité humaine.
D’après ce qu’il disait aux gens, l’Imam (as) leur demandait de continuer de travailler lorsqu’ils commençaient une action de bien, qu’elle soit au niveau du culte ou au niveau des relations avec les autres et avec la vie. Il en est ainsi car Dieu, le Très-Haut, n’aime pas que le bien pratique dans la vie de l’homme soit une affaire d’occasion perdue, c’est-à-dire un bien qu’on fait et dont on ne récolte pas les fruits. Ce que l’Imam (as) nous demande – lorsque nous croyons que telle action est une action de bien – est d’essayer de l’adopter comme direction et de la suivre dans notre vie. Il dit à ce propos : « J’aime bien poursuivre l’action même si elle n’est pas grande ». Il ne s’agit pas de travailler beaucoup, mais de persévérer dans le travail car cela conduit aux résultats et consolide les positions du bien dans la vie.
La richesse est dans le contentement
L’Imâm al-Sajjâd (as) insiste sur le fait que la richesse de l’âme réside dans le contentement, dans le rapport de l’homme à ses besoins, et que la pauvreté réside dans la convoitise. Il dit à ce propos : « J’ai constaté que tout le bien se trouve dans le fait de ne pas convoiter ce que possèdent les autres ». La raison est que le fait de convoiter ce que possèdent les autres conduit à s’humilier et à s’incliner devant ses convoitises, ce qui permet aux autres de nous exploiter même au niveau de ce dont on croit et de ce qu’on veut. Cela peut conduire à la déviation, alors que dompter la convoitise conduit à se révolter contre le mal qui est en soi et cela augmente ce que l’on possède en matière de bien. Mais le fait de ne pas convoiter ce que possèdent les gens ne signifie pas le fait de ne pas travailler avec eux, de ne pas échanger avec eux ou de ne pas échanger et commercer avec eux. Il signifie plutôt qu’on doit chercher à gagner à partir de son effort et à partir de son travail avec eux dans le domaine des choses licites. Il faut se contenter de son effort et des résultats qu’on obtient à partir de nos efforts. Dieu, le Très-Haut, dit à ce propos : ((Ne porte pas tes regards sur ces jouissances dont nous fîmes le lot de certains d’entre eux : Vain décor éphémère destiné à les éprouver. Mais le lot que ton Seigneur t’a fait auprès de Lui sera bien meilleur et plus durable)) (Coran, XX, 131). Le Commandeur des Croyants, ‘Ali (as), a dit : « Sois hautain en ne te rabaissant pas à la recherche des choses viles même si elles te procurent ce que tu désires, car rien ne compense ce que tu perds de ton âme. Celui qui n’espère rien de la part des gens et met tout son espoir en Dieu, à Lui la Grandeur et la Gloire, verra tous ses désir réalisés par Dieu. »
La patience et la satisfaction
Passons, après tout cela, à un autre aspect de la question qui est en rapport avec notre éthique et notre attitude dans la vie, et commençons par contempler ces paroles de l’Imam al-Sajjâd (as) : « La patience et le fait de se sentir satisfait de ce qui est donné par Dieu et la forme ultime de l’obéissance à Dieu. Celui qui patiente et se contente de ce qui est décrété par Dieu, qu’il l’aime ou qu’il le déteste, verra Dieu ne rien décréter que ce qui est bien pour lui en matière de ce qu’il aime et de ce qu’il déteste ».
Le Commandeur des Croyants, ‘Ali, (as) dit à propos de la patience : « La patience est, par rapport à la foi, comme la tête, par rapport au corps. Celui qui n’a pas de patience n’a pas de foi ». La patience est le fondement qui donne à la vie pratique la vitalité de la foi. Elle est comme la tête qui dirige le corps, commande tous ses organes et lui ouvre la voie au moyen des yeux grâce auxquels il voit, au moyen des oreilles grâce auxquelles il entend, et au moyen de tout ce qu’il sent, tout ce qu’il goûte et tout ce qu’il articule. Le corps n’a aucune valeur en dehors de la tête qui, grâce à tous ses appareils et fonctions, conduit tout le mouvement de la vie dans le corps. Comme la tête, la patience conduit le mouvement de la foi chez l’homme. Elle est, dans toutes les obligations religieuses de l’homme, en rapport avec la faiblesse, la privation et tout le reste. Il faut donc que l’homme soit patient dans sa vie pour y fonder sa foi sur des assises fermes et stables.
Le meilleur et le plus pieux parmi les gens
Une tradition rapportée de l’Imam Zayn al-‘Âbidîn al-Sajjâd (as) dit : « Celui qui met en pratique les obligations qui lui sont prescrites par Dieu fait partie des meilleurs parmi les gens, et celui qui met en pratique les obligations qui lui sont prescrites par Dieu fait partie des plus pieux parmi les gens ». On dirait que l’Imam s’interrogeait sur les moyens qui permettent à l’homme de se présenter devant son Seigneur en tant que modèle qui occupe une place distinguée parmi les gens. Il répondit que ces moyens consistent à mettre en pratique les obligations prescrites par Dieu. Ces obligations sont celles représentées par les rites et les actions cultuelles, d’une part, et celles représentées par l’action sur soi, par la conduite morale et par la participation aux activités sociales, politiques, sécuritaires et économiques, d’autre part. Il s’agit en fait de toutes les obligations de l’homme envers son Seigneur, envers lui-même et envers les gens et la vie. En mettant ces obligations en pratique, on sera compté parmi les meilleurs des gens, car on aura acquis tout ce que Dieu nous a promis comme bien sous ses aspects en liaison avec notre intérêt et l’intérêt de la vie dans le sens qui satisfait Dieu. C’est en cela que consiste le sens de l’homme distingué qui mérite de faire partie des meilleurs parmi les gens. Quant à celui qui mérite de faire partie des plus pieux parmi les gens, il est celui qui adore Dieu dans le sens où l’adoration est le fait de s’acquitter de toutes les obligations prescrites par Dieu dans le domaine du culte, des échanges et des relations. Tout cela fait partie de l’adoration car l’adoration est la soumission complète à Dieu.
Source : retraduction de Shafaqna depuis tebyan.net