SHAFAQNA– En tant que pays musulman le plus peuplé au monde, avec une majorité sunnite, l’Indonésie témoigne d’une coexistence pacifique entre les différentes religions et écoles islamiques.
La présence des chiites en Indonésie remonte à plusieurs siècles. Les enseignements chiites ont été exposés en Indonésie par des commerçants et des prédicateurs, iraniens et yéménites, qui se déplaçaient le long des côtes de ce pays, en particulier à Aceh et à Sumatra. Malgré la suprématie sunnite, les cérémonies d’Achoura, surtout dans la région de Benkulu, sont toujours célébrées. Elles font partie du patrimoine culturel et religieux du pays et témoignent de l’impact du chiisme en Indonésie.
Les chiites ont été fortement influencés par l’arrivée des colonialistes hollandais aux XVIIème et XVIIIème siècles, qui ont renforcé les courants sunnites pour mieux gérer les musulmans de cette région, et ont essayé de limiter l’influence chiite en promouvant la religion shaféite. Dans de nombreuses régions d’Indonésie, la politique des Pays-Bas a réduit l’influence des chiites, les privant ainsi d’une certaine marginalisation.
La Révolution islamique a été une source d’inspiration pour de nombreux mouvements islamiques à travers le monde, en particulier en Indonésie, avec ses slogans prônant la justice, le respect des principes de l’Islam et la lutte contre l’arrogance. Les enseignements de l’Imam Khomeiny, considéré comme un symbole de la lutte contre l’oppression et la tyrannie, ont laissé un profond impact parmi les intellectuels et les étudiants islamiques indonésiens.
La révolution iranienne a suscité l’intérêt des mouvements étudiants islamiques, tels que le Mouvement des étudiants musulmans indonésiens (HMI) et l’Organisation Muhammadiyah, qui aspirent à des réformes sociales et à un retour aux principes de l’Islam, tout en s’alignant sur les idées révolutionnaires de l’Iran. Dans les années 1980 et 1990, de nombreux étudiants et universitaires indonésiens se sont rendus en Iran pour étudier, et à leur retour en Indonésie, ils ont soutenu les doctrines chiites et les idées de la Révolution islamique. Les relations diplomatiques et économiques entre la République islamique d’Iran et l’Indonésie ont continué à se développer après la Révolution islamique. En tant que pays musulmans, l’Iran et l’Indonésie ont toujours cherché une coopération approfondie dans divers domaines. La coopération dans les domaines du pétrole et du gaz est d’une importance capitale pour les deux pays.
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La coopération économique a également favorisé le développement des relations scientifiques et culturelles entre l’Iran et l’Indonésie. Les institutions culturelles iraniennes organisent de nombreuses activités culturelles et éducatives en Indonésie pour promouvoir la culture chiite. Les universités iraniennes et indonésiennes ont poursuivi leur coopération scientifique en échangeant des professeurs et des étudiants, ce qui a renforcé les liens culturels entre les deux pays. Certains Indonésiens, en particulier les élites islamiques, ont adopté une approche positive envers les chiites et la République islamique grâce à la révolution islamique iranienne et aux enseignements de l’imam Khomeiny.
Néanmoins, d’autres individus en Indonésie, surtout dans les régions rurales et sous l’influence des groupes religieux conservateurs, ont une opinion négative des chiites et sont fréquemment influencés par la propagande négative et la désinformation diffusées par des groupes religieux extrémistes, tels que le Front islamique des défenseurs (FPI).
Les médias sociaux et la propagande religieuse ont contribué à attiser les sentiments anti-chiites et, dans certains cas, à alimenter les conflits religieux, en particulier dans des régions de l’ouest de Java et de l’ouest de Sumatra où les chiites ont été forcés de quitter leurs foyers. Au cours des dernières années, avec l’expansion des groupes religieux extrémistes en Indonésie, les tensions religieuses entre sunnites et chiites ont augmenté. Le FPI a intensifié les divergences religieuses dans la société indonésienne en diffusant une propagande anti-chiite. Ils exploitent les réseaux sociaux pour propager de fausses informations sur les chiites et la République islamique d’Iran, et essaient de présenter les chiites comme une menace.
La propagande négative a entraîné un élargissement du fossé entre sunnites et chiites, et a provoqué des violences et des conflits religieux dans certaines régions où les chiites, victimes de discriminations sociales et économiques, ont été forcés de quitter leur foyer. Les conflits ont suscité des préoccupations internationales concernant la situation des minorités religieuses en Indonésie. Les organisations de défense des droits de l’homme ont alerté à plusieurs reprises sur la situation préoccupante des chiites en Indonésie et ont demandé au gouvernement du pays de garantir les droits des minorités religieuses. La Constitution indonésienne protège la liberté religieuse, et le gouvernement s’efforce de protéger les droits des minorités, en particulier ceux des chiites. Néanmoins, dans certaines régions sous l’influence de groupes extrémistes, le gouvernement a fait face à des difficultés dans la mise en œuvre de ces politiques.
Malgré tout, le gouvernement et les institutions religieuses continuent de s’efforcer de réduire les tensions et de promouvoir la coexistence religieuse.
Le Mouvement Ulama (NU) et Muhammadiyah, des grandes organisations religieuses indonésiennes, ont joué un rôle actif dans la promotion de la coexistence religieuse et de la tolérance. L’objectif de ces institutions était de prévenir les tensions religieuses et de motiver leurs adeptes à coexister pacifiquement avec les chiites et les autres minorités religieuses.
Source: Iqna