SHAFAQNA – Saphir News | par Hanan Ben Rhouma : Toute la Curie romaine est en deuil : le cardinal Jean-Louis Tauran, fervent défenseur du dialogue interreligieux au Saint-Siège, s’est éteint jeudi 5 juillet à Méridien (Connecticut), aux Etats-Unis, à l’âge de 75 ans.
Depuis quelques années déjà, la maladie de Parkinson s’était emparée de ce cardinal français le plus haut placé dans l’administration papale. Une maladie qui ne l’avait pas empêché, en avril dernier, de se rendre en Arabie Saoudite pour rencontrer les plus hauts dirigeants du royaume, à l’instar du roi Salmane, pour plaider en faveur de la liberté religieuse dans ce pays ultraconservateur. « Ce qui nous menace tous n’est pas le choc des civilisations, mais plutôt le choc de l’ignorance et du radicalisme », avait alors déclaré celui qui fut le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux depuis 2007.
L’âme diplomatique du Vatican
Né le 5 avril 1943 à Bordeaux, il a été ordonné prêtre le 20 septembre 1969 pour l’archidiocèse de Bordeaux. C’est 34 ans plus tard, en 2003, que le pape Jean-Paul II le nomma cardinal.
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Polyglotte, Jean-Louis Tauran occupa plusieurs fonctions diplomatiques à partir de 1975. Il a notamment été secrétaire pour les relations du Vatican avec les États entre 1991 et 2003, le conduisant à effectuer de nombreuses missions à travers le monde au nom du Saint-Siège. Malgré la difficulté de ses tâches, le cardinal Tauran a toujours insisté sur le maintien du dialogue avec l’islam, estimant que le terrorisme et l’extrémisme sont « un ennemi commun des chrétiens et des musulmans ».
Son successeur Benoît XVI le nomma en 2007 à la présidence du président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. C’est notamment à Jean-Louis Tauran que l’on doit la reprise du dialogue entre Al-Azhar et le Vatican – rompu sous le pontificat de Benoît XVI – qui conduira au voyage historique du pape François en Égypte en avril 2017.
Un homme « au service de la paix dans le monde dans le dialogue interreligieux »
Jean-Louis Tauran a participé, au cours de sa vie, à deux conclaves : celui de 2005 conduisant à l’élection du Pape Benoît XVI et celui de 2013 qui élit le Pape François. C’est d’ailleurs lui, en tant que cardinal protodiacre, qui a été chargé d’annoncer au monde le nom du nouveau souverain pontife le 13 mars 2013 par la formule « Habemus papam ».
Son ascension dans l’Eglise continue donc bel et bien sous l’ère du pape argentin, signe qu’il est devenu une figure incontournable au Vatican. Maintenu à son poste au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, il est élevé à l’ordre des cardinaux-prêtres en 2014 puis nommé la même année par le souverain pontife camerlingue de l’Eglise catholique, en charge de l’administration des biens temporels du Saint-Siège. C’est lui qui préside la chambre apostolique et gouverne quand le Saint Siège est vacant, explique la Conférence des évêques de France (CEF).
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« L’Église regarde avec estime les musulmans », indiquait le cardinal Tauran lors du Concile Vatican II qui a conduit à l’adoption de la Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (Nostra Aetate) en 1965, ceci « pour expliquer la posture des catholiques dans le dialogue avec les musulmans », rappelle la CEF, inscrivant le dialogue comme une mission qui « n’est pas réservé aux élites mais doit s’inscrire dans le quotidien ordinaire de nos vies ».