En savoir plus sur Marie-Pierre Walquemanne, l’éminent orientaliste chiite française enterrée à Najaf

by Reza

SHAFAQNA – la Voix Du Nord par Pénélope Théry: On lui doit plusieurs ouvrages sur l’Afghanistan dont elle était devenue une spécialiste reconnue dans le monde entier sous le nom de Mariam Abou Zahab. Elle est décédée à Paris à l’âge de 65 ans le 1er novembre.

Très jeune, Marie-Pierre Walquemanne se révèle très brillante alors qu’elle fréquentait l’école primaire de Hon-Hergies. Son frère, Dominique nous confie qu’elle lisait énormément. L’origine des voyages qui ont rythmé toute sa vie lui vient d’un livre parlant du Moyen-Orient, qu’elle lisait étant enfant. Marie-Pierre Walquemanne a fait ses études à Valenciennes. L’abbé Quesnoy la pousse à entrer à Sciences Po. Elle arrive à Paris à l’âge de 17 ans, se présente au concours de Sciences Po en 1969 et en ressort diplômée en 1972. Elle n’a alors que 20 ans.

Mariam était aussi passionnée par les langues étrangères. Elle a fréquenté la communauté pakistanaise, et est rentrée à l’Institut des langues orientales ; Persan, Indi, Ourdou… ces langues, elle les utilisera plus tard en qualité de traductrice. Docteur en sciences politiques, elle enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Femme de terrain, elle est également chercheuse au centre d’étude et de recherches internationales, experte auprès du tribunal de Paris, elle a également travaillé pour l’OLP et les Affaires étrangères dans les années 80.

Elle a également rédigé de nombreux livres sur le monde oriental : elle s’est d’abord rendue au Bangladesh lors de l’appel d’André Malraux et a vécu en Inde. Elle passera par l’Afghanistan et l’Iran. En 1975, elle était à Beyrouth et a vu naître la guerre du Liban. Elle se convertit alors à la religion musulmane en 1975 et devient chiite. Elle arrive ensuite à Damas et rencontre Nazem Abou Zahab, qu’elle épousera. Humaniste dans l’âme, son principal combat a été en faveur du droit à l’éducation et à la culture pour les femmes au Moyen Orient. Elle a fait de nombreuses interventions dans ce sens partout dans le monde. Très connue et estimée dans ces pays, elle a été enterrée le 8 novembre, comme le voulait sa dernière volonté à Najaf, en Irak, au pied du mausolée du [Imam] Ali. Une procession dans toute la ville a d’ailleurs été donnée en son honneur.

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Mariam Abou Zahab lors de la procession en son honneur à Najaf en Irak.

Mariam Abou Zahab lors de la procession en son honneur à Najaf en Irak.

Mariam Abou Zahab lors de la procession en son honneur à Najaf en Irak.

Une fondation va porter son nom

Avant son décès, Mariam Abou Zahab a chargé son frère, Dominique Walquemanne, de mettre en place une fondation. Dans ce cadre, il va d’ailleurs être appuyé par les Affaires étrangères et la Fondation de France. Ses deux appartements vont êtres vendus au profit de la Fondation Mariam Abou Zahab.

Elle comportera trois engagements : chaque année, une somme sera allouée à un étudiant doctorant pour ses recherches au Moyen et Proche Orient. En Afghanistan, à Kandahar, un don sera versé à l’école de kinésithérapeutes qui viennent en aide aux personnes touchées par les explosions de mines. Au Pakistan, cette fondation va aider l’Acid Survivor Foundation qui vient en aide aux femmes que leurs maris ont brulées à l’acide.

À noter que tous ses livres seront offerts aux bibliothèques et aux écoles. « Elle continuera à exister de la même façon qu’elle a vécu, en aidant les gens  », confie Dominique Walquemanne, son frère.

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