Comment les Al Saoud exploitent le pèlerinage?

by Pey Bahman Z

SHAFAQNA – IQNA : Après la catastrophe et le décès d’un grand nombre de pèlerins de différents pays, et le rejet du gouvernement saoudien de toute responsabilité, certains pays ont suspendu le petit pèlerinage.

À cet égard, nous avons eu une conversation avec Samet Borghov, analyste politique et spécialiste des questions du Moyen-Orient, résidant à Bakou, capitale de la République d’Azerbaïdjan, qui a fait le petit pèlerinage le mois dernier, et est également un expert en Histoire orientale et arabe.

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Comment avez-vous évalué le pèlerinage de cette année ?
Après les événements de 2015 et la catastrophe de Mina, le hadj en Arabie saoudite, a perdu de son éclat. Le déclin du Hadj par rapport aux années précédentes, est dû aux événements de 2015 qui ont causé la mort de nombreux pèlerins. Après cette catastrophe, l’Arabie saoudite a réduit le quota de nombreux pays dont l’Iran, le Pakistan et la Turquie, et jusqu’à ce jour, aucune compensation n’a été versée aux familles des défunts d’Iran et des autres pays comme l’Egypte. Cela a conduit à une réduction de l’attrait spirituel des pèlerinages par rapport aux années précédentes. Une autre raison du déclin du Hadj est l’utilisation par les dirigeants saoudiens, des lieux saints, pour promouvoir leur politique, ce qui a beaucoup déplu aux musulmans. Le cas du journaliste saoudien Jamal Khashaghchi, tué par le prince héritier au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, a également contribué à cet état de fait.
Par exemple, le Cheikh Abdul Rahman al-Sudais, imam de la prière du vendredi de la Grande mosquée de la Mecque, et chef des lieux saints, a soutenu le gouvernement et le prince héritier accusé du meurtre du journaliste, et a fait de la mosquée al-Haram un lieu de promotion de la politique du régime saoudien. Les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, et d’une manière générale, l’instrumentalisation de la mosquée al Haram ont déplu aux musulmans.
Quels sont les pays qui participent le plus au pèlerinage ?
Les pèlerins de tous les pays assistent aux cérémonies du pèlerinage mais naturellement, après la catastrophe de Mina, le nombre de pèlerins de certains pays, en particulier les pèlerins iraniens, a diminué. L’Iran depuis cette catastrophe, a suspendu le petit pèlerinage. Un autre incident a été les attouchements et l’agression subis par deux adolescents iraniens à l’aéroport saoudien, en 2015. En plus de l’Iran, le gouvernement qatari n’envoie plus de pèlerins en Arabie saoudite depuis deux ans, pour le petit pèlerinage, pour les mêmes raisons. Le Qatar a également transmis des plaintes à l’Union européenne et à l’Organisation des Nations Unies au sujet de la politisation du hadj par les dirigeants saoudiens. En 2017, le gouvernement saoudien a arrêté plusieurs Qataris après l’effondrement de ses relations avec le Qatar, qui étaient venus faire le petit pèlerinage, et le Qatar a conseillé à ses citoyens de suspendre les pèlerinages en Arabie.
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Comment était organisé le pèlerinage ?

Des infrastructures gigantesques avaient été prévues pour les pèlerins, mais les infrastructures de La Mecque et de Médine devaient être adaptées à davantage de personnes. De plus, les infrastructures et l’agrandissement du sanctuaire n’auraient pas dû entraîner la destruction des lieux saints dans les villes saintes d’Arabie Saoudite. D’autre part, le manque d’informations sur certains lieux saints, en particulier les tombes, est évident. C’est le cas des sanctuaires proches de La Mecque ou de Médine, comme la mosquée de Qoba, la mosquée Al Qiblatain (des deux Qiblas), le mont Uhud et l’endroit où sont enterrés les martyrs de cette guerre, notamment Hamza Sayed al-Shohada (as), ou le cimetière de Jannat al-Mu’alla de La Mecque où Khadija (as) et Abu Talib (as) sont enterrés. Le cimetière de Uhud n’a qu’un tableau offrant des informations générales sur ce qui a donné lieu à la guerre dans la région, mais il n’existe aucune information sur les personnes qui se trouvent dans ce cimetière. À côté du cimetière de Baqi, près de la mosquée du prophète (as), vous ne voyez qu’une inscription générale sur le rejet du polythéisme, alors que les six enfants du Prophète (as) sont enterrés dans ce cimetière. Cela nous rappelle ce verset du Coran qui dit : “Ils veulent éteindre la lumière de Dieu …” alors que cela est impossible. Pendant une certaine période, le gouvernement saoudien a suspendu les pèlerinages aux lieux saints autour de La Mecque et de Médine, mais sous la pression du Pakistan et de la Turquie, l’Arabie saoudite a été obligée d’autoriser ces pèlerinages. Maintenant que les relations entre la Turquie et l’Arabie saoudite se sont tendues, il est probable que l’Arabie saoudite arrête ces pèlerinages.
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Comment évaluez-vous les services rendus par le gouvernement saoudien aux pèlerins ?
Il est nécessaire de développer les infrastructures mais l’objectif ultime de ces installations doit être l’unité des musulmans, ce que nous ne voyons pas de la part des Saoudiens. Le Hadj est l’occasion pour les musulmans, de s’unir alors qu’en fait, il provoque la division de l’Ummah islamique. Cela signifie que le Hadj est devenu un instrument de promotion des politiques d’un gouvernement qui ne favorise pas l’unité des musulmans. Aujourd’hui, les musulmans de toutes les nationalités veulent utiliser le Hadj pour régler le plus grand problème du monde islamique qui est la question de Qods et de la Palestine, et pour créer une plate-forme de propagande lors de cet événement spirituel alors que le régime saoudien qui prétend être le serviteur des sanctuaires sacrés, se place à côté de ceux qui considèrent Jérusalem comme la capitale d’Israël. L’Ummah veut que l’Arabie saoudite ne soit pas de ce côté et reconnaisse Israël comme un agresseur, et que les serviteurs des sanctuaires sacrés rendent de véritables services au peuple. L’abandon du cimetière de Baqi est très affligeant ainsi que l’isolement de la mosquée chiite et du cheikh Mohammad Ali al-Amari, imam de cette mosquée.

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