Biographie du septième Imam, Musa Ibn Ja’far al-Kadhim (as)

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SHAFAQNA – Né à Médine le 7 Safar 128 de l’Hégire (10 novembre 745 du calendrier grégorien). Mort à Bagdad, en Irak, le 25 Rajab 183 de l’Hégire (4 septembre 799), à l’âge de 55 ans. La période de son Imamat fut de 35 ans.

L’Imam Musa Ibn Ja’far [fils de Ja’far] est né lors de la lutte entre les Omeyyades et les Abbasides. Il n’avait que quatre ans lorsqu’Abul Abbas « al-Saffah », « Le Sanguinaire », est parvenu au trône en tant que premier calife abbaside. Durant vingt ans, il fut sous l’autorité de son père, qui mourut dix ans avant la fin du long règne de Mansur.

L’Imamat du 7e Imam s’étendit sur les dix années restantes du califat de Mansur et inclut les dix années de règne de Mahdi, un an et quelques mois de celui de Hadi et environ douze ans du règne d’Haroun al-Rashid. Ainsi, pendant trente-cinq ans, il fut l’Imam. Il a tenu cette distinction convoitée pour la plus longue période d’Imamat des onze Imams.

Avec six frères et neuf sœurs, l’Imam Musa (as) a grandi dans une famille nombreuse. Ismaël, le frère aîné, est mort à un jeune âge, et Musa a été choisi par la Divine Providence pour succéder à son père en tant qu’Imam. Il y avait des gens parmi les adeptes du 6e Imam qui pensaient que l’Imamat devait être héréditaire, et que le fils aîné du 6e Imam devait donc lui succéder.

Ils ont mal compris le concept même d’Imamat qui n’était ni héréditaire ni obligatoire pour aucune personne. Il était divinement sélectionné et l’Imam sur son lit de mort révèle le nom de l’Imam suivant.

Les califes abbassides étaient toujours en alerte avec cette source distinctive d’Imamat, et notre 7e Imam était pleinement conscient de ce danger. Les califes étaient en alerte pour découvrir toute déloyauté réelle ou imaginaire de l’Imam ou de ses partisans et ils les emprisonnaient alors immédiatement.

Cette anxiété naturelle, cependant, ne semble pas avoir sérieusement perturbé sa vie d’Imam. Il a continué à diffuser les enseignements coraniques comme son père, l’Imam Ja’far al-Sadiq (as), dans les écoles islamiques ouvertes à Médine pendant la vie du 5e Imam.

Ibn Khalikan a raconté que le calife Mansur a vu dans un rêve l’Imam ‘Ali (as) qui récitait le verset du Coran « O, Muhammad, étais-tu donc prêt, si tu avais reçu l’autorité, à commettre le mal sur la terre et de violer les liens de sang. » Mansur a envoyé chercher son compagnon préféré Ibn Younus durant la nuit et lui a raconté son rêve.

Il lui a ensuite dit : « Apportez-moi Musa Ibn Ja’far. » L’Imam Musa ibn Ja’far fut amené de Médine à Bagdad. Quand il est arrivé, Mansur l’a embrassé et lui a dit : « Abul Hasan [père de Hasan], je viens de voir en rêve Ali Ibn Abi Talib (as) qui me récitait ce verset. Donne-moi ton assurance que vous ne vous révolterez pas contre moi ou contre aucun de mes enfants. L’Imam a répondu : « Par Allah, je n’ai pas de telles intentions. » Le calife lui a ensuite donné mille dinars et l’a rendu à sa famille à Médine.

Cette histoire nous donne une idée de la façon dont ces califes abbassides avaient tellement peur des Imams d’Ahl al-Bayt [la famille du Prophète] que, malgré leur manque total de preuves quant à toute forme de révolte contre leur pouvoir terrestre, ils ne les laissaient pas tranquilles.

De temps en temps, les Imams étaient amenés de Médine, gardés à Bagdad soit en résidence surveillée, soit à l’intérieur des prisons dans les conditions les plus difficiles. Mais les grandes personnalités divines des Imams leur ont permis de garder le cap dans les conditions les plus sévères. C’est à cause de ces temps incertains que l’Imam a dit :

« Que le monde est vil pour un peuple, à moins que Dieu ne leur donne de la joie ; et que cette vie est grandiose, si Dieu n’est pas en colère contre eux. » Une soumission totale à la Volonté de Dieu en toutes circonstances.

Il était largement connu que l’Imam Musa Ibn Ja’far avait reçu des pouvoirs de guérison. Un jour, il passait près d’une maison et entendit de petits enfants pleurer. Il s’informa de la raison pour laquelle ils pleuraient. On leur a dit qu’ils étaient orphelins et que leur mère venait de mourir, et maintenant, ils n’avaient personne pour s’occuper d’eux.

Il entra dans la maison, fit deux prosternations et pria Dieu pour sa vie. Quelques instants plus tard, la femme se leva en bonne santé. Les gens qui ont vu cela se sont écrié : « Regardez, c’est Jésus, fils de Marie. »

Un jour, Haroun al-Rashid était en visite à Médine. Il est allé à la mosquée du Prophète près de sa tombe et a dit : « Mes salutations à toi ô cousin de nos pères. » L’Imam Musa était également présent et a salué la tombe du Prophète avec les mots « Mes salutations à toi ô notre grand-père. » Al-Rashid fut alors déconcerté et s’en alla en colère.

Cet événement suffit à expliquer ses premières convocations à Bagdad auprès d’al-Rashid. Là-bas, il fut maintenu en prison. Mais après près d’un an de prison, Haroun a vu dans un rêve qu’un esclave abyssinien se précipitat vers lui avec un javelot et lui intimait de libérer Musa Ibn Ja’far faute de quoi il allait le tuer.

Harun appela immédiatement le chef de la prison et lui ordonna de libérer l’Imam et de lui donner trente mille dirhams. Quand cet homme atteignit la porte de la prison, il trouva Imam qui l’attendait et l’accueillit en lui disant qu’il était venu le libérer bien vite. L’homme lui a demandé comment il le savait.

L’Imam a répondu: « J’ai vu le Prophète dans mon rêve qui m’a dit de réciter certaines paroles et que je serais libéré de prison, car j’y avais été mis injustement. » L’homme lui demanda quelles étaient ces paroles, et l’Imam répondit :

« O toi qui entends toutes les voix,

O toi qui ne manque aucune opportunité ;

O toi qui habille les os de chair

Et qui les fera se lever après la mort;

Je t’invoque par Ton Saint nom et par ce nom magnifique et splendide qui est précieusement gardé et étroitement caché, par ce nom qu’aucune chose créée ne connaîtra jamais ;

O Toi qui es si doux et dont la patience n’est jamais égalée ;

O Toi dont les faveurs ne cessent jamais et ne peuvent être comptées, libère-moi. (Masudi, Muruj al Dhahab)

Vous voyez donc ce qui s’est passé. Le surintendant des prisons fut stupéfait et relâcha immédiatement l’Imam, et organisa une escorte pour qu’il soit emmené à Médine.

Caractère et vertus

L’Imam Musa Ibn Ja’far (as) fut l’un des illustres Imams que Dieu a érigé en parangon d’excellence morale. Chaque membre de cette noble famille possédait des vertus cardinales. Naturellement, chez certains individus, une vertu particulière était dominante et plus remarquable. Le septième Imam a excellé dans la tolérance et le pardon, à tel point qu’il fut appelé « al-Kadhim », celui qui réprime et contient la colère.

Jamais on ne l’a entendu parler de manière virulente ou sévère à quiconque. Même dans les situations les plus désagréables, on le voyait souriant et supportant gracieusement la douleur. Cela était conforme au propos de son ancêtre l’Imam ‘Ali (as) selon lequel celui qui a la foi garde son chagrin confiné dans son cœur avec un sourire sur le visage.

L’un des fonctionnaires de Médine était une source persistante de harcèlement contre l’Imam. Il a même utilisé un langage grossier concernant Imam ‘Ali (as). Mais notre 7e Imam a toujours ordonné à ses disciples de ne pas lui répondre de la même manière abusive.

Lorsque ses manières devinrent trop grossières pour être tolérées, les partisans de l’Imam lui ont demandé l’autorisation de sévir contre lui. L’Imam les a apaisés, promettant de régler la question à sa manière.

Ayant pacifié ses disciples, l’Imam est allé chez cet homme dans sa ferme et l’a traité avec une si noble bienveillance que l’homme a eu honte de sa conduite et a ensuite changé d’attitude de comportement. En expliquant sa politique à ses disciples, l’Imam a demandé : «Mon comportement était-il meilleur que les méthodes que vous avez suggérées ? »

Ils ont admis que c’était certainement le cas. Il a ainsi appliqué les instructions de son grand ancêtre l’Imam ‘Ali (as) qui sont consignées dans Nahj al-Balagha (La Voie de l’éloquence) pour neutraliser l’ennemi avec la bienveillance puisqu’elle est plus efficace que d’essayer de le vaincre avec ses propres méthodes hostiles. Sans aucun doute, cela nécessite un jugement correct de la nature de votre adversaire. L’Imam ‘Ali (as) a donc prévenu de ne pas utiliser cette politique avec les gens de basse condition, ou ils seront encouragés à commettre encore plus de méfaits.

Vaincre l’ennemi avec bonté exige certainement la prévoyance possédée par l’Imam. La sévérité n’est permise que lorsque la conduite vile continue de l’ennemi justifie des représailles ou l’utilisation de la force. Sinon, ces dignes âmes préféraient se comporter avec tact avec ce type de personne afin d’avoir un prétexte valable contre l’adversaire et ne lui laisser aucun motif pour justifier son agression.

C’était la noble méthode habituellement adoptée par tous les membres d’Ahl al-Bayt. L’Imam ‘Ali (as), même sur son lit de mort, se comporta libéralement avec Ibn Muljim qui lui avait porté un coup mortel la veille. L’Imam Musa Ibn Ja’far (as) a comblé de sa générosité beaucoup de ses proches alors même qu’il savait que certains d’entre eux étaient envieux à son égard et avaient conspiré avec le souverain de l’époque Haroun al-Rashid.

Quant à ce qui a pu entraîner son incarcération définitive, il a été mentionné par Al-Fakhri qu’il y avait des proches de Musa Ibn a’afar qui le jalousaient et colportaient de faux témoignages à son sujet à al-Rashid, disant: « Les gens qui lui paient le Khums (le cinquième de leurs biens, impôt islamique) acceptent son Imamat et il est sur le point de se révolter contre vous. »

Ils rapportèrent ces propos à al-Rashid si fréquemment que cela l’a rendu anxieux et agité. Il donnait de l’argent à l’accusateur pour qu’il continue à lui apporter plus d’informations. Mais il est relaté par des sources authentiques que ce parent de l’Imam n’a pas eu la chance de profiter de cette récompense pour espionnage, car dès qu’il est arrivé à Médine, il est tombé gravement malade et en est mort.

C’est en cette année qu’al-Rashid a fait le pèlerinage, et lorsqu’il est arrivé à Médine, il a arrêté l’Imam Musa Ibn Ja’far, l’a amené à Bagdad et l’a emprisonné sous les soins d’al-Sindi Ibn Shahik (Al-Fakhri, Ibn al-Tiqtaqa).

Cela concorde avec le commentaire de Majlisi dans Bihar al-Anwar (Les mers de lumières) selon lequel « Haroun l’a emmené de Médine dix jours avant la fin du mois de Shawwal 177 de l’Hégire. Puis Haroun partit pour La Mecque et emmena l’Imam avec lui lorsqu’il revint à Basra et le fit emprisonner avec Issa. Environ un an plus tard, il fut sorti de la prison de Basra et emmené à Bagdad. »

Il fut emprisonné là-bas sous l’œil vigilant d’un geôlier des plus cruels nommé al-Sindi. Majlisi poursuit en disant que l’Imam est mort dans sa prison et a été enterré dans le cimetière des Quraish au sud de Bagdad.

Al-Fakhri ajoute : « Al-Rashid était à Raqqa et a envoyé des ordres pour qu’il soit mis à mort. Ils ont ensuite amené un certain nombre d’hommes réputés à Karkh pour agir en tant que médecins légistes et témoigner publiquement que l’Imam est mort d’une mort naturelle. »

L’endroit où il fut enterré était un cimetière des Quraish. Mais cet endroit est rapidement devenu un foyer de pèlerinage sur la tombe de l’Imam. Une ville a grandi autour du cimetière. Le nom de la ville est devenu Kadhimiya, la ville de l’Imam al-Kadhim (as). Une école de théologie réputée a été fondée dans cette ville qui est encore une source d’apprentissage pour de nombreux étudiants du monde entier.

Traduit par Shafaqna depuis http://en.shafaqna.com/news/45800

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