27 Rajab : Démonstration de la Mission prophétique du Plus Grand Messager, Muhammad (P)

by egolabi
Coran, Muhammad (P)

SHAFAQNA – Sibtayn : Nous allons démontrer la “Nubuwwah” de Muhammad par le raisonnement scientifique inductif et par les mêmes méthodes que nous utiliserons pour la démonstration de différentes vérités de notre vie quotidienne et scientifique.

Commençons par quelques exemples préliminaires:

Lorsqu’un homme reçoit une lettre d’un parent, un gosse, élève dans une école, à la campagne, et remarque que la lettre est écrite dans une langue moderne, avec des phrases concentrées et éloquentes et une méthode technique très habile à disposer et à exposer les idées, il déduit qu’une personne cultivée, érudite et dotée d’un pouvoir solide d’expression, a dicté au gosse le contenu de cette lettre, ou quelque chose dans ce genre. Pour analyser cette déduction nous la réduisons aux démarches suivantes:

1. L’expéditeur de la lettre est un gosse campagnard, qui fait son apprentissage dans une école primaire.

2. La lettre se distingue par un style éloquent, une grande exécution technique, une excellente capacité d’exposition des idées.

3. L’induction démontre dans des cas identiques qu’un gosse ayant les caractéristiques que nous avons soulignées dans la première démarche ne peut rédiger une lettre ayant les qualités exposées dans la deuxième démarche.

4. Nous en déduisons que la lettre est le produit d’une autre personne, utilisée d’une façon ou d’une autre dans la correspondance du gosse.

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Voici un autre exemple illustrant la même idée, mais tiré des démonstrations scientifique: il s’agit d’une démonstration faite par les savants de l’électron. Un savant a, en effet, étudié un type particulier de rayon qu’il a fait engendrer dans un tube fermé et au milieu duquel il a approché une pièce magnétique sous forme de fer à cheval. Ce faisant, il a remarqué que le rayon penchait vers le pôle positif de l’aimant en s’éloignait du pôle négatif. Il a refait l’expérience dans différentes autres expériences jusqu’à ce qu’il fût certain que le rayon est attiré par l’aimant et que c’est le pôle positif de celui-ci qui l’attire. Et étant donné que ce savant savait par induction et grâce à ses études des autres rayons – telle la lumière ordinaire – que les rayons ne subissent pas l’influence de l’aimant ni ne sont attirés par lui, et que l’aimant attire les corps et non pas les rayons, il en a conclu que le fait que le rayon particulier qu’il expérimentait soit attiré par l’aimant et penché vers son pôle positif ne peut-être expliqué par les informations en sa possession. Ceci l’a amené à découvrir un facteur supplémentaire et une nouvelle vérité, à savoir: ce rayon-là se compose de corps minuscules négatifs qui existent dans toutes les matières; puisqu’ils émanent de différentes matières. On a appelé ces corpuscules: électrons.

Dans ces deux exemples – celui de la lettre et celui de l’électron – la démonstration se résume ainsi: chaque fois qu’on constate dans le cadre des facteurs et des circonstances perceptibles, un phénomène donné, et qu’on remarque que ces facteurs et circonstances ne conduisent pas dans d’autres cas similaires, au même phénomène, il fait conclure à l’existence d’un autre facteur invisible qu’il est indispensable de supposer pour expliquer le dit phénomène.

En d’autres termes, si, au vu de la démonstration inductive des autres cas identiques, le résultat dépasse dans notre cas, les circonstances et les facteurs perceptibles dont il est issu, il révèle l’existence d’une chose invisible derrière ces circonstances et facteurs perceptibles.

C’est exactement ce qui s’applique à la “Nubuwwah” du Messager, Muhammad et au Message qu’il a annoncé au monde, au nom du Ciel. Voici les démarches inductives qui le démontrent:

a) Cet individu qui a annoncé, au nom du Ciel, son Message, appartenait à la Péninsule Arabe qui fut l’une des parties les plus arriérées de la Terre à cette époque-là, sur les plans intellectuel, social, politique, économique, “civilisationnel”; et plus précisément, il appartenait à Hijaz, ce pays qui n’avait même pas connu dans son histoire, les civilisations nées quelques centaines d’années avant, dans les autres parties de la dite Péninsule, ni vécu aucune expérience sociale complète, ni acquis rien de notable de la culture de son époque (si insignifiante fut-elle), ni reflété dans sa littérature et poésie, rien d’appréciable des pensées et des courants culturels du monde de l’époque. Ce pays fut noyé, sur le plan doctrinal, dans l’anarchie du polythéisme et de l’idolâtrie, disloqué, sur le plan social, dominé par l’esprit tribal. L’appartenance tribale jouait en effet un rôle essentiel dans la plupart des activités sociales; ce qui a eu pour effet des contradictions et toutes sortes de razzias et de luttes perfides. Ce pays où est né et a grandi le Prophète n’avait connu aucune forme de gouvernement, excepté ce qu’en comportait l’allégeance à la tribu.

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La situation des forces productives et des conditions économiques n’y différaient pas de ce qui prévalait dans la plus grande partie du monde sous-développé de l’époque.

Même la lecture et l’écriture, formes des plus élémentaires de culture, étaient relativement rares dans ce milieu-là, ou la société était analphabète en général:

“C’est Lui qui a envoyé chez les Gentils un messager des leurs qui leur récite ses versets et les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, quand même qu’ils fussent auparavant, dans un égarement manifeste”. (Coran, LXII , 2)

La personne du Prophète y représentait l’homme commun de ce côté-là. Avant la Mission, il ne savait ni lire ni écrire. Il n’avait reçu aucun enseignement régulier ou irrégulier:

“Et avant cela, tu ne récitais pas le Livre, ni ne l’écrivais de ta main: alors les gens du faux auraient certainement eu du soupçon”. (Coran XXXIX , 48)

Ce texte coranique montre clairement le niveau de la culture du Prophète avant la Révélation de sa Mission. Il constitue la preuve déterminante de ce niveau, même pour celui qui ne croit pas à la divinité du Coran; car il s’agit d’un texte que le Prophète annonça aux siens et confié à ses connaissances les plus intimes qui étaient parfaitement au courant des détails de sa vie, et auquel personne n’a objecté et que personne n’a démenti. Mieux encore, le Prophète ne participait pas, avant la Révélation de la Mission, aux différentes manifestations culturelles, pourtant très courantes chez les siens, telles la poésie et le discours. Rien, à part ses engagements moraux, son honnêteté, son intégrité, sa véracité et sa chasteté, – ne le distinguait des siens. Il a vécu pendant quarante ans – avant la Mission – parmi son peuple sans que personne ne remarque en lui quoi que ce soit de distinctif, à part évidemment, une conduite irréprochable; et sans que rien en lui ne laissât présager le grand processus de changement qu’il allait annoncer subitement au monde, après quarante ans d’une vie noble:

“Dis: Si Dieu avait voulu, je ne vous l’aurais pas récité: il ne vous l’aurait pas non plus fait connaître. Je suis bien resté, avant cela, tout un âge parmi vous. Ne comprendrez-vous donc pas?”. (Coran X, 16)

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Le Prophète est né à la Mecque et il y resta toute la période qui précéda la mission. Il ne l’a quittée que pour effectuer deux courts voyages hors de la Péninsule Arabe: l’un, avec son oncle paternel Abou Tâlib, alors qu’il était encore très jeune, au début de sa deuxième décennie; l’autre, avec l’argent de Khadîjah au milieu de sa troisième décennie.

Il n’a pu lire quoi que ce soit des textes religieux du Judaïsme et Christianisme, en raison de son analphabétisme. Aussi, rien de notable de ces textes ne lui était parvenu à travers son milieu, car la Mecque était idolâtre dans ses pensées et ses habitudes. Et ni la pensée chrétienne ou juive ni la religion, n’y avaient pénétré sous aucune forme. Même ceux qui ont refusé le culte des idoles, les monothéistes des Arabes de la Mecque, n’étaient influencés ni par le Christianisme ni par le Judaïsme. Rien de la pensée chrétienne ou juive n’avait laissé d’écho sur le patrimoine littéraire et poétique, légué à la communauté de la Mecque, par Qaïs Ibn Sâ’idah par d’autres.

Si le Prophète avait déployé le moindre effort pour se mettre au courant des sources de la pensée chrétienne ou juive, on l’aurait sûrement remarqué. Car, dans un milieu naïf, coupé de ces sources de la pensée et allergique à celle-ci, une telle tentative n’aurait pu passer inaperçue, ni ne sans laisser d’empreintes sur beaucoup de ces mouvements et relations.

b) Le Message que le Prophète annonça au monde, est représenté par le noble Coran et la Charî’ah islamique, il s’est distingué par plusieurs points caractéristiques dont:

1. Le Message a apporté un modèle unique de la culture divine, relative aux Attributs de Dieu, à Sa Science, à Sa Puissance, à la qualité de Ses rapports avec l’Homme, au rôle des Prophètes dans l’acheminement de l’humanité vers la conversation, à l’unité de leur Message, aux valeurs et idéaux qui les distinguent, aux traditions de Dieu avec Ses Prophètes, à la lutte continuelle entre le bon droit et le faux, entre la justice et l’injustice, aux liens solides et constants entre les Messages Divins et les défavorisés, les persécutés. Cette culture divine n’était pas seulement supérieure à l’état intellectuel et religieux d’une société païenne et plongée dans le culte des idoles, mais également très au-dessus de toutes les cultures religieuses connues dans le monde jusque-là; et ce à tel point que toute comparaison entre cette culture divine et les cultures qui l’avait précédées, montre à l’évidence qu’elle était destinée à corriger les erreurs de celles-ci, à l’évidence qu’elle était destinée à corriger les erreurs de celles-ci, à rectifier leurs déviations et à les ramener vers le naturel et la saine raison.

Tout cela est apporté par un homme analphabète dans une société idolâtre, quasi isolée, ignorant presque tout de la culture et des livres religieux de son époque.

2. Ce Message a apporté des valeurs et des conceptions relatives à la vie, à l’Homme, au travail et aux relations sociales, et les a incarnées dans des législations et des lois. Ces valeurs et conceptions et ces législations et lois constituaient – même selon l’avis de ceux qui ne croient pas à leur caractère divin – les valeurs de civilisations et les législations sociales les plus appréciables et les plus splendides que l’histoire eût jamais connues jusque-là. Ainsi donc, le fils de la société tribale est apparu subitement sur la scène du Monde et de l’Histoire pour appeler à l’unité de l’ensemble de l’humanité; le fils de ce milieu qui avait consacré toutes les sortes de discrimination et de favoritisme, fondés sur la race, l’appartenance tribale et la position sociale, avait surgi pour détruire tous ces vices, déclarer que les gens sont égaux comme les dents d’un peigne et que “le plus noble des vôtres auprès de Dieu, c’est le plus pieux des vôtres” (Coran XLIX, 13), transformer cette déclaration en une vérité vécue par les gens eux-mêmes, élever la femme qu’on enterrait vivante, à sa noble position en tant qu’être égal à l’homme sur le plan humain et de la dignité.

Le fils de ce désert où ne prévalaient que les divisions tribales et les petits soucis de manger et de vanter les mérites de la tribu, était apparu pour anoblir ces soucis et réunifier les tribus en vue de libérer le monde et de sauver les défavorisés dans l’Est et l’Ouest du monde de la tyrannie de Cyrus et de César.

Le fils de ce vide politique et économique total, où sévissaient toutes sortes de contradictions, d’usure, de monopole et d’exploitation, était sorti subitement pour remplir ce vide et transformer la société creuse dont il était issu, en une société comblée et dotée d’un régime et d’une législation régissant les relations sociales et économiques, extirper l’usure, le monopole et l’exploitation, redistribuer la richesse de façon à éviter la formation de l’Etat des riches, et annoncer les principes de la solidarité sociale et de la sécurité sociale; principes d’autant plus précurseurs que l’expérience humaine ne les connaîtra que quelques centaines d’années plus tard.

Toutes ces transformations sociales que le Prophète avait entreprises, ont été réalisées dans un laps de temps relativement court en comparaison avec les autres transformations sociales, accomplies généralement à travers l’histoire.

3. Le message a relaté à travers beaucoup de ses textes coraniques, l’histoire des Prophètes et de leurs nations, ainsi que les événements et les faits qu’ils ont traversés, et ce avec des détails que le milieu arabe idolâtre et analphabète du Prophète ignorait totalement. Les théologiens juifs et chrétiens ont défié, plus d’une fois, le Prophète de leur parler de l’histoire de leur héritage religieux. Il a relevé le défi courageusement, par le Coran. Celui-ci leur a fourni ce qu’ils avaient demandé. Or, aucun moyen ordinaire ne permettait au Prophète de connaître personnellement ces détails!

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“Tu n’étais pas sur le versant ouest, quand nous avons décrété l’ordre, à l’intention de Moïse, tu n’étais pas des témoins. Mais nous avons créé, en vérité, des générations, dont l’âge s’est prolongé. Et tu n’étais pas non plus résident parmi les gens de Madian à réciter sur eux Nos signes: c’est Nous qui envoyâmes des messages. Et tu n’étais pas au flanc du Mont quand Nous avons appelé. Mais voici une miséricorde, de ton Seigneur, afin que tu avertisses un peuple à qui nul avertisseur avant toi n’est venu. Peut-être se rappelleraient-ils?”.
(Coran XXVIII, 44-46)

Même si l’on suppose que le Nouveau et l’Ancien Testament étaient connus et répandus dans le milieu où le Prophète était apparu, le lecteur ne pourrait qu’être enchanté de constater que le Coran ne recopie pas ce qui était écrit dans ces livres.

En effet, si recopier traduit le rôle passif de transmetteur, le Coran joue là un rôle actif, puisqu’il exposait le récit d’une façon active, c’est-à-dire qu’il le corrige, le rectifie, le débarrasse des équivoques qui lui sont rattachées et qui ne concordent pas avec l’esprit natures tendant à l’Unicité, ni avec la raison éclairée, ni avec une vision religieuse Saine.

4. Le Coran a atteint un tel degré d’éloquence, de rhétorique et de renouveau d’éloquence qu’il a constitué même aux yeux de ceux qui ne croient pas à sa divinité un point de démarcation entre deux phases de l’histoire de la langue arabe et un tournant décisif dans cette langue et ses styles.

Les Arabes avec lesquels le Prophète communiquait par le Coran, ont remarqué que celui-ci ne ressemblait aucunement aux styles de l’éloquence dont ils avaient l’habitude, ni aux modes d’expression qu’ils avaient assimilés. À ce propos, Al-Walîd ibn Maghîrah a dit, en écoutant réciter le Coran: “Par Dieu, j’ai entendu un langage qui n’est ni celui des êtres humains ni celui des jinns. C’est un langage délicieux et verni. Son haut est fructueux, son bas est abondant. Il transcende et ne saurait être dépassé. Il écrase (par sa supériorité) ce qui est au-dessous de lui”.

Aussi les Arabes de Médine évitaient-ils d’écouter le Coran, parce qu’ils craignaient son influence et sa capacité extraordinaire de les changer. Et c’est là, la preuve de l’extraordinaire distinction coranique qui montre que le Coran n’est point une suite développée de ce à quoi ils étaient habitués.

Les polythéistes n’ont pas tardé à désarmer devant le défi grandissant par lequel le Prophète les a affrontés. Celui-ci les défiait, en effet, de pouvoir apporter, à eux tous réunis, ce qui ressemblerait au Coran, ou d’inventer dix fausses sourates du mêmes niveau, ou même d’écrire une seule sourate qui y corresponde.

Le Prophète a lancé ce défi à plusieurs reprises, à une société particulièrement rompue à la pratique du discours, versée dans l’art de la parole, habituée à relever le défi et à exalter ses gloires, soucieuse d’éteindre la lumière du nouveau Message ou de la circonscrire. Cependant, cette société qui avait relevé de grands défis n’a pas voulu tenter sa chance ici. Elle n’a pas essayé d’objecter au Coran, car elle savait que la littérature coranique surclassait ses capacités linguistiques et artistiques.

Ironie de paradoxe! Celui qui apportait cette nouvelle nourriture littéraire à leur vie, avait vécu pendant quarante ans parmi ses concitoyens, sans jamais participer à un cercle littéraire, ni ne s’était distingué dans aucun des arts de la parole.

Telles sont quelques-unes des caractéristiques du Message du Prophète.

Là, intervient la troisième démarche qui doit nous permettre d’affirmer, en nous référant à l’induction scientifique dans le domaine de l’histoire des sociétés, que ce Message dont nous avons étudié les caractéristiques dans la deuxième démarche est énormément plus grand que les circonstances et les facteurs que nous avons soulignés dans la première démarche. Car même si l’histoire des sociétés nous fait assister à de nombreux cas où un homme se distingue dans la sienne, la dirige et l’amène un pas en avant, cela reste sans commune mesure avec notre cas qui s’en différencie beaucoup.

Car, d’un côté, nous assistons ici à un bond énorme et à une évolution englobant tous les aspects de la vie, à une révolution dans les valeurs et les conceptions relatives aux différents domaines de la vie, et non pas à un simple pas en avant.

En se convertissant à l’idée d’une seule société mondiale, la communauté tribale a résilié, sous l’influence du Prophète un bond prodigieux. La société idolâtre a fait un saut direct vers la religion de l’Unicité pure, laquelle religion a corrigé toutes les autres religions unicitaires en les débarrassant des faussetés mythiques qui s’y étaient accrochées. Cette société complètement vide s’est transformée en une société tout à fait comblée et constituant même l’avant-garde d’une civilisation qui a éclairé le monde entier.

D’un autre côté, si une évolution globale dans une société est le produit des influences et des circonstances concrètes, elle ne peut être ni subite ni improvisée ni dépourvue d’étapes préliminaires et d’un courant antérieur qui se développe et s’étend intellectuellement et spirituellement jusqu’à ce qu’une direction compétente y mûrisse et le dirige en vue de développer sur sa base, la société.

Aussi, l’étude comparée de l’histoire des processus d’évolution dans les différentes sociétés, montre-t-elle que dans toute société, cette évolution commence intellectuellement sous forme de germes parsemés dans son terrain et qui se rencontrent par la suite pour constituer un courant intellectuel dont les aspects se précisent progressivement. A l’intérieur de ce courant une direction se forme et le dirige jusqu’à ce qu’il apparaisse sur la scène comme la façade d’une partie distinctive de la société, vivant dans celle-ci et contredisant sa façade officielle. Et c’est de la lutte ainsi engagée entre les deux façades, que ce courant s’élargit jusqu’à ce qu’il domine la situation.

Or, contrairement à cela, Mohammad ne constitue pas dans l’histoire du nouveau Message le maillon d’une chaîne, ni ne représente une partie d’un courant. Les idées, les valeurs et les conceptions qu’il a apportées n’avaient ni crédit ni germes dans le terrain de la société où il a vécu. Quant au courant constitué de l’élite des premiers musulmans sous l’égide du Prophète, il est dû au Message et au Messager, et non pas à l’atmosphère antérieure préalable dans laquelle est née le Message et a vécu le Prophète. C’est pourquoi, la différence qui séparait le Prophète et les membres de cette élite n’était pas une différence de degré, comme c’est le cas des différences qui existent dans les germes constituant le nouveau courant, mais une différence fondamentale et illimitée; ce qui prouve que Muhammad n’était pas une partie d’un courant, mais que c’est le nouveau courant qui constituait une partie de lui.

Sur un troisième plan, l’histoire montre que, dans un mouvement d’évolution intellectuelle et sociale donné, si la direction (sociale, intellectuelle et doctrinale) d’un nouveau courant se concentre dans un seul axe, celui-ci doit être nécessairement doté d’une capacité, d’une culture et d’une connaissance proportionnelles à la tâche qui lui incombe, et conforme aux modes de vie courants des gens. Aussi faut-il qu’il ait une pratique graduelle qui le mûrisse et le place sur la ligne de la direction de ce courant. Or contrairement à cette vérité historique, Muhammad a lui-même assuré la direction intellectuelle, doctrinale et sociale (du Message), sans que son passé d’homme analphabète ignorant tout de la culture de son époque et des religions antérieures à son Message, le promit, sur le plan culturel, à une telle vocation, et sans qu’il eût aucune raison préalable susceptible de le préparer pour cette mission subite de direction.

Dans la quatrième démarche, nous envisageons la seule explication raisonnable et admissible de la situation: Supposer l’existence d’un facteur supplémentaire derrièreles circonstances et les facteurs perceptibles, en l’occurrence, le facteur de la Révélation, celui de la “Nubuwwah” qui représente l’intervention du Ciel dans l’orientation de la Terre:

“Et c’est ainsi que par Notre ordre Nous t’avons révélé un esprit. Tu ne savais ni le Livre ni la Foi; mais Nous en avons fait une lumière par quoi Nous guidons qui Nous voulons, de Nos esclaves. Tu guides cependant, vers un chemin droit…”. (Coran XLII, 52)

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