Six mois de Macron à l’Elysée : ce qu’il a fait, ce qu’il n’a pas fait

by Reza
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SHAFAQNA – leparisien : À première vue, tout lui sourit. Six mois après son arrivée à l’Elysée, la baraka qui l’a porté pendant toute la campagne — conjuguée à une bonne dose d’habileté — ne semble pas l’avoir quitté. Emmanuel Macron jouit d’une situation politique, économique et sociale à faire pâlir ses prédécesseurs. L’opposition, quasi inaudible, n’a pas (encore) réussi à se relever. La conjoncture est au beau fixe : la croissance pourrait accrocher les 2 % ! Quant aux syndicats, désunis, ils peinent à mobiliser. Même le tonitruant Jean-Luc Mélenchon le concède (à regret) : «Pour l’instant, c’est lui qui a le point.»

Ordonnances sur le Code du travail, loi antiterroriste, moralisation de la vie politique, réforme fiscale, stratégie logement… Macron fait passer ses réformes au pas de charge. Et, pour les plus importantes, en direct à la télévision. « Il galope et voudrait qu’on aille tous à son allure, mais c’est impossible ! » s’émeut l’avocat socialiste Jean-Pierre Mignard, qui l’a soutenu pendant la campagne. Gare ! prévient-il, « il faut s’adapter au rythme d’une société, y compris à ceux qui claudiquent ». Mais la macronie a tranché : il faut aller vite ! « Au nom de quoi on attendrait ? Perdre son temps, c’était le luxe des générations précédentes », évacue le secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux, pour qui l’innovation de ce début de quinquennat réside « dans l’application à la lettre » de ce qui a été dit pendant la campagne.

Et pourtant, point d’état de grâce ! Il n’a pas fallu trois mois après son entrée en fonction pour que sa popularité dégringole. Macron a dû essuyer les « affaires » Ferrand et Bayrou. Et, comme ses prédécesseurs dont il veut tant se démarquer, il a dû en rabattre sur sa « révolution » réformatrice. Sortir certaines catégories, comme les routiers, de la loi Travail pour s’éviter un blocage du pays, enterrer la sélection à l’université ou reporter l’ouverture de la PMA à toutes les femmes…

Quant à son fameux « et en même temps », la martingale de sa campagne, il semble trouver ses limites. Le clivage gauche-droite n’est pas mort. Ainsi, il bouge encore lorsque le gouvernement touche à l’ISF ou donne des coups de rabot en plein été sur l’aide au logement. « Un loupé », admet un proche. Résultat, une partie de sa majorité, ses nombreux électeurs venus de la gauche, peine à retrouver dans son action la justice sociale et le souci des plus faibles. D’où l’image de « président des riches » que ses adversaires sont parvenus à lui coller.

Le pari des résultats

Question de personnalité, de façon de dire les choses, aussi. De « ceux qui foutent le bordel » à « ceux qui ne sont rien », certaines de ses sorties ont heurté. Et si, vantent ses équipes, le président adore aller « au contact » des Français lors des déambulations organisées, il est nettement moins avenant face aux collectifs organisés, comme les acteurs du mouvement social en Guyane ou les représentants des salariés de GMS. Arrogant ? Autoritaire ? Brutal ? Ses opposants politiques se sont engouffrés dans la brèche : « Hyper-président déconnecté » pour les uns, « méprisant » pour les autres. « Il a un côté politique Kleenex, je te prends, je te jette », peste l’écologiste Corinne Lepage, qui l’a soutenu sans en être récompensée, et est allée jusqu’à douter de son attachement à la démocratie et aux corps intermédiaires. « Il manque un côté Mendès France au coin du feu », admet un cadre de la majorité.

L’un de ses amis jure que ces étiquettes « ne le traumatisent pas ». Car, explique le même, « il est arrivé en politique comme un météore ». Et en repartira comme tel, pour faire « autre chose […] dans cinq ou dix ans ». Surtout, Macron, faisant le pari des résultats, déroule son programme avec l’absolue certitude qu’ils lui donneront raison. « C’est l’efficacité qui sera juge de paix », estime le député LREM Adrien Taquet. Un bilan, pourtant, n’a jamais été le garant d’une réélection…

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