Incapacité de la philosophie occidentale face au problème de la liberté et du déterminisme

by Za As
philosophie occidentale face au problème de la liberté et du déterminisme

SHAFAQNA – Encyclopédie Islamique Tahoor : Dans la philosophie, la théologie et la morale, il existe une question connue sous le titre de prédétermination (ou contrainte) et libre arbitre (jabr et ekhtiyâr). La question se pose en ces termes : est-ce que dans ses actions, l’homme agit par contrainte, par déterminisme, selon un programme dont il est inconscient, sans être libre de choisir un autre destin ? Ou bien au contraire, est-il libre, capable de choisir et de décider de son sort ? En théologie, il existe une question similaire appelée question de la prédestination et de la mesure. Ces deux expressions qu’on appelle en arabe qazâ et qadar, désignent la décision prééternelle ferme et définitive de Dieu concernant les évènements devant survenir dans l’univers, leur envergure et leur impact. La question se pose alors ainsi : est-ce que la prédestination (qazâ) et la mesure ou décret (qadar) sont généraux et concernent et englobent tous les évènements ou non ? Si ces décisions sont universelles, que seraient alors le sens et le statut de la liberté et du libre arbitre ? Est-il possible de concilier ces deux affirmations ; l’universalité de la décision et du décret divin et la liberté de l’homme ?

La réponse est positive.

Pour les savants de l’islam, croire et avoir foi en Dieu équivaut à être libre. La liberté, dans son sens réel, est au cœur de l’homme. Le Noble Coran définit Dieu comme Très Grand et Sa volonté est universelle, mais il met aussi l’accent sur la liberté et la valorise énormément : « L’homme n’a-t-il pas subi une période de temps où il n’était rien qui se pût dénoter ? — Oui, c’est Nous qui avons créé l’homme de liquides, afin de l’éprouver, ce pour quoi Nous le dotâmes de l’ouïe et de la vue. Nous qui le guidâmes au chemin, que l’homme dût se montrer reconnaissant ou dénégateur. » (Sourate Al-Insân (L’Homme) appelée aussi Al-Dahr (Le temps pérenne) ; 76 : versets 1 à 3)

Ce verset signifie que l’homme est libre de choisir la bonne voie de la gratitude envers son Seigneur ou de choisir la voie du reniement.

Le Coran nous dit encore :

“Quiconque désire [la vie] immédiate Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons; à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l’Enfer où il brûlera méprisé et repoussé. Et ceux qui cherchent l’au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants… alors l’effort de ceux-là sera reconnu. Nous accordons abondamment à tous; ceux-ci comme ceux-là, des dons de ton Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés [à personne]. (sourate al-Isrâ’ (Le Voyage nocturne) ; 17 : versets 18 à 20)

En tenant compte du fait que la prévision divine (taqdîr) implique que le monde est régi par une loi qui lui confère une certaine organisation, le problème de la prédestination se résout aussi du point de vue de la foi et de la croyance. Ce problème a vu le jour car certains ont imaginé que le décret divin contrevenait automatiquement à la loi qui régit l’univers en y faisant surgir tout phénomène de façon intempestive. Or c’est Dieu qui a instauré un ordre et une loi pour l’univers, et rien dans le monde ne peut se produire qui soit contraire à cette loi. De la même façon qu’aucun phénomène naturel ne peut se manifester sans cause, les actes des hommes ne peuvent se produire sans la volonté et la liberté des hommes. La loi de Dieu en ce qui concerne l’homme est que la race adamique est dotée de la volonté, de la puissance et de la liberté pour effectuer des actes, qu’ils soient bons, mauvais ou neutres.

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Lire aussi: Les formes de liberté dans la pensée musulmane

Le libre arbitre, la liberté, sont un préalable existentiel de l’homme. Un homme non pourvu de libre arbitre est impossible. Envisager l’homme en tant qu’homme et en tant qu’être dépourvu de libre arbitre n’est qu’une hypothèse, une vue de l’esprit. Et s’il ne s’agit pas de l’homme, alors il n’est pas justiciable devant la loi divine.

C’est comme une vache ou un mulet qui tendrait le cou vers le bassin d’eau pour se désaltérer : ainsi si le décret divin a voulu l’homme, ce même décret a voulu que l’homme soit pourvu du libre arbitre.

Oui, telle est la logique du Coran. Le Coran ne voit aucune contradiction entre la prédestination divine universelle d’une part et la liberté de l’homme d’autre part. Du point de vue de la démonstration logique et philosophique, il a été prouvé également qu’il n’existe aucune contradiction entre ces deux faits. Mais certains pseudo-philosophes des temps modernes ont insinué l’idée que la liberté humaine ne s’obtient que par la négation de Dieu. Cette idée entraîne aussi ce sens que l’homme pourrait aussi rompre les liens qui le rattachent à son passé et à son présent, c’est-à-dire à son histoire et à son milieu culturel et ce faisant, il déterminerait son avenir, et le construirait…, alors que la question du déterminisme et du libre arbitre n’a aucun lien avec l’acceptation de Dieu ou son rejet.

En admettant l’existence de Dieu, on peut donner un rôle actif et libre à la volonté humaine. De même, en niant Dieu aussi, conformément à la loi de la causalité générale, on peut remettre en cause la théorie de la liberté de l’homme. Cela veut dire que le déterminisme ou l’illusion déterministe serait de croire au système de la cause et de l’effet, chose en laquelle croit aussi bien le croyant que le matérialiste. Quand vous décidez de voyager demain, vous usez de votre liberté. Si vous voyagez effectivement, c’est que le destin était conforme à votre liberté. Si vous ne voyagez pas, à cause d’un évènement imprévu, comme une panne générale d’électricité, ce qui s’est passé aura été plus fort que votre libre arbitre. Ce qui ne vous empêche pas de relancer votre projet ou de le surseoir.

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S’il n’existe pas de contradiction entre le système de la causalité d’une part et le libre arbitre de l’homme, d’autre part, ce qui est aussi évident, alors la foi en Dieu ne peut pas être la cause d’un rejet de la liberté.

Nous avons vu au cours du XXème siècle à quelles calamités ont conduit les systèmes de pensée matérialistes nés au XIXème siècle (matérialisme, freudisme) pour qui la liberté n’avait de sens que par rapport à des critères matériels. Les crimes du communisme qui prétendait que seule la classe ouvrière devait être valorisée, mais qui n’accordait aucune valeur à l’individu en tant que tel, tout cela a conduit à l’apparition de monstres comme Staline et autres criminels athées.

Tous les grands maîtres et sages de l’humanité (prophètes et philosophes) ont démontré que la liberté s’obtenait par la connaissance de soi.

Phénoménologiquement, l’histoire témoigne que les hommes ont vécu dans la liberté et ont assumé moralement et pénalement leurs responsabilités. Pourtant, la plupart de ces hommes et femmes ont été des croyants et ont reconnu le rôle de Dieu et des puissances célestes qu’ils n’ont pas manqué d’appeler à leur secours. Ainsi, Dieu s’est investi en faveur de la liberté des hommes. Comme dit l’adage français : aide-toi, Dieu t’aidera.

Références : Motaharî, Mortezâ, Ketâb-e ‘Elal-e gerâyesh be mâddîgarî (Les causes de l’inclination pour le matérialisme), pp. 119-122 ; Motaharî, Mortezâ, ‘Adl-e Elâhî (La justice divine), p. 148.

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